aux formes qu’elle pren oit dans les diffé-
rens lieux du Zodiaque, et aux principales
époquesde son mouvement chaque
mois.
« Celui de tous les astres, dit Pline(i),
» qui ale plus étonné tous les hommes,
» c’est sans contredit la lune , 1 astre le
» plus -voisin de la terre, et qui a des
y> rapports plus directs a’vec elle; celui
» que la Nature semble avoir destiné à
55 la consoler de l’absence du jour. Ses
» mouvèmens compliqués, et cette suçai
cession d’accroissement et de dimi-
» nution de lumière, qui chaque mois
53 se renouveloit, ont donné une espèce
» de torture à l’esprit de l’homme, qui
» s’est indigné de ne pouvoir expliquer
•ï. les phénomènes de l ’astre le plus voi-
» sin de lui >3.
Pline fait l’énumération de toutes ces
apparences, et de*tous ces mouvemèns,
don t les hommes, comme nous l’avons dit
ailleurs (2), durent être frappés ; etîlnous
apprend, qu’effectivementïls Pont été, et
c ’est-là principalement sur quoisont tombées
leurs observations. Ce seradone aussi
d'après la règle de critique, que nous
avons établie, ce qu’ils auront peint,
ce qu’ils auront chanté dans leurs allégories
sacrées. Il observe que la lune,
planète la plus voisine de la terre , met
à-peu-près autant de jours à parcourir
le Zodiaque, que Saturne, planète la
pins éloignée , met d’années. Il la fait
séjourner deux jours dans l’ombre, au
moment de la conjonction, c’est-à-dire
qu’il suppose, qu’elle cesse d’être vue
un jour avant sa conjonction avec le
soleil, et qu’elle reparoît un jour après.
Erorus-Apollon (3) fixe à quinze degrés
d’élongation la nouvelle apparition de
la lune. Les Egyptiens appeloient cet
état de la lune naissante le bien imparfait
(4) , appelant le bien par excellence
Osiris, ou la lumière que le soleil
communiquoit à la lune.
Pline prétend que c’est cette planete,
qui a conduit les hommes à étudier l’Astronomie
, et à diviser le ciel en autant
de parties, qu’elle rencontre le soleil de
fois durant une révolution de celui-ci.
Cette conjecture est très-vraisemblable.
Il lui attribue la propriété de résoudre
en rosée autant de vapeurs, que le soleil
par l’action de ses rayons en absorbe'.
Ainsi on voit qu’il lui conlie l’adminiÿ-
tration dit principe humide végétatif,
qui entre dans l’organisation des corps,
et qu’elle dispense par son action douce
et moins forte, que celle du soleil. Cette
idée s’accorde absolument avec celle
que donne Plutarque (5) de l’action
de la lune comparée avec celle du soleil.
Aussi Pline appelle-t-il ailleurs la
lune ( 6 ) un astre féminin , et d’une
molle énergie, qui s’alimente des eaux
douces des fontaines ( 7 ) , tandis que le
soleil se nourrit des eaux salées de la
mer. Aulîi l’effet de l’action de la lune ,
selon lui (8), est de. résoudre l ’humidité
, de l’attirer, et non de la détruire,
,et de préparer les exhalaisons , dont se
nourrissent les astres, et qui composent
les influences qu’ils reversent ensuite
sur la terre. Le soleil au contraire ( 9 )
a une action plus mâle, dont l’effet
est de brûler et d’absorber tout.
Pline parle ensuite d’un prétendu phénomène
de l’influence de la lune , savoir
de son action sur les huîtres et
sur tous les coquillages, et sur-tout
sur les crâbes. La plupart des anciens
(10 ) s’accordent à reconnoître cette
qualité singulière dans la lumière de la
lune. La lune, ajoute encore Pline (11),
nourrit la terre , et en s’approchant de
nous, elle donne la croissance aux
corps, qui décroissent ejisuite par son
Q ) Plin. L 2 , c. «y.
isS Ci dessus, l. 2 , c. I.
» ) Hor. Apollon, 1. 1 , c. 4:
(4) Plut, de ïsïd. p. y â f.
j) V*e ïsid. p. 367.
6) Plin. 1. 2 , p. 10t.
(7} Plut, de I id. p. 367,
(83 Plin., ibid. c. lo i.
(97 Ibid. c. 100.
(1 J Aul. G e il., I. 20,
31
( i >) Plin. 1. 2 , c. 99.
c. 7. Plin. 1. 9>
éloignement. Macrobe (1 ) croit aussi
aux propriétés de la lumière lunaire ,
et à son action sur les corps même
inanimés. Il pense comme Pline et
comme Plutarque (2), que la chaleur
forte du soleil absorbe l’humidité ; au
lieu que la chaleur douce et tiède de
la lune l’entretient, la nourrit, et la
répand comme une douce rosée sur
les corps qu’elle mouille et qu’elle
trempe ; {qqq) il cite à ce sujet le témoignage
d’Alcman , poète lyrique, qui
appelle la rosée la fille de l’air et < i
la ilune. Il fait aussi l’applicat à
Diane de la propriété, qu’a la lune,
d’ouvrir et de distendre les pores des
corps, et il prétend que c’est àce titre (3),
que cette Déesse préside aux accou
chemens. Le même auteur fait ailleurs
l’énumération des qualités de la lune
dans ses quatre principales phases; et
il nous dit que depuis la nouvelle lune
jusqu’à la première quadrature , c’est
l ’humidité qui est le caractère dominant
des influence^ de cette planète;
que c’est la chaleur qui les caractérise
depuis la quadrature jusqu’à la pleine
lune ; que c’est le sec qui domine depuis
la pleine lune jusqu’à la seconde
quadrature, et enfin que c’est le froid
qui domine depuis cette quadrature jusqu’à
là nouvelle lune. On voit ici l’origine
du préjugé sur le changement de
lemps qu’amènent les phases de la lune.
Il /semble naître d’une distribution
sytnmétrique de/j diverses températures
appliquée aux quatre principales époques
du mouvement de cette planète ,
pomme elle l’avoit été aux quatre époques
du mouvement du soleil. Car on attri-
buoit l’humide au primemps-( 4 ) > Ie
chaud à l’été, le sec à l’automne et
le froid à l’hiver, comme on peut le
voir dans ce même passage, de Macrobe
(5J.
Quelque ridicule que nous paroisse ce
(0 Macrob. Satum, 1. 7 , c. 16.
(2) Plut. de Iside, p. 367.
(;) Macrob, Soin. Scip. 1. 1 , c. 6,
l-t) Plat, de Iside, p. 364.
préjugé, comme iln’kpas paru tel aux anciens,
et qu’il est assez vraisemblable que
la Théologie aura adopté les erreurs de
la Physique , nous avons cm devoir le
mettre au nombre des considérations
qui peuvent entrer dans l’examen du
caractère des différentes divinités, dont
la lune a pris le nom et la forme ,
et dans lesquelles elle- a été métamorphosée
dans ses différentes phases. C’est
sur-tont le principe humide favorable à
la végétation, qui paroît lui avoir été
confie par la nature , et dont elle est
le grand réservoir aérien. Les Egyptiens
pensoient, dit Plutarque ( 6 ) , que la
lune avoit une lumière numide et propre
à la génération des animaux, et à la
végétation des plantes ; et la manière
douce dont elle agit fit dire qu’elle étoit
conduite par Mercure. Ils crurent ap-
percevoir entre les vingt-huit coudées
d’accroissement du N il, et les vingt-*
huit jours de la lune, une espèce de
correspondance telle que, l’acroissement
d’Eléphantine étant pris pour le maximum
de 28 coudées, celui de Memphis
qui est de quatorze coudées, répondit
à la pleine lune. C’étoit dans la lune
qu’ils plaooient la force Demiourgique
d’Osiris, qui s’unit à elle au printemps
(7 ) , lorsque le soleil vient la
féconder, et la remplit xles principes
de génération, qu’elle répand ensuite et
qu’elle dissémine dans l’air, et dans
toutes les couches élémentaires qu’elle
foule et refoule par son mouvement
périodique.
Cette idée des Egyptiens se retrouve
dans les livres des Perses, qui font la
lune dépositaire de la semence féconde
du taureau céleste , ou de la constellation.
qui occupoit le premier des signes
du printemps, lorsque les Egyptien«
représentoient Osiris où le Soleil équinoxial
sous la forme du boeuf, dont
les cornes ornèrent le front du même
Q) Macrob. Ibid.
?6j Plut, de Iside, p. 367.
(7 J Plut, de Isid. p. 3ÔS.
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