lorsqu’on veut en conclure, l'existence
historique des êtres qu’on adore , et
que les Prêtres imposteurs assurent
avoir vécu autrefois parmi les hommes ,
au milieu de qui ils ont fait connoître
leur puissance par des bienfaits et par
des miracles. La foi la plus universelle
ne prouve rien , lors même que les cérémonies
publiques , la pompe et l’appareil
du culte , les représentations tragiques
des malheurs des hommes divins,
et tous les monumens de l’a r t, se réunissent
pour l ’appuyer. C’étoit là le
grand art des Prêtres , et l’esprit du système
général de l’imposture sacerdotale.
Ces funérailles d’Osiris , ces tombeaux
d_’Osiris mort et ressuscité ; ceux d’Isis,
n ’ont d’autre: objet que le culte du Soleil
et de la Lune , dont l’allégorie et le
génie mystique des Orientaux faisoient
des personnages , qui avoient vécu autrefois
, à qui ils prêtaient un caractère ,
des passions, des vertus, et qui néanmoins
n ’étoient autre chose que-les Dieux naturels
, à qui on donnoit une existence
factice, ,entourée de tous les accessoires
delà vie humaine. On les pleurodt,comme
s’ils eussent été morts ; on se réjouis-
soit ensuite , comme s’ils eussent ressuscité
, quoiqu’ils brillassent éternellement
aux cieux- Tel étoit le génie religieux
de ces siècles et de ces peuples
anciens , qui Ont transmis jusqu’à notre
âge les formes de leur culte. Comme
on montroit en Judée le tombeau de
Christ-Agneau ; en Crêté , celui de Jupiter
Bélier , ou d’Ammon j à Cadix
celui d’Hercule (i) , que pourtant nous
avons vu être le Soleil ; à Delphes, celui
de Bacçhus (2) ; on montroit également
par-tout en Egypte les tombeaux d’O-
siris et d’I sis, et le peuple alioit y
pleurer, sur les débris mortels de ses
Dieux. Plusieurs provinces se glorilioient
rnj uAtoir chez.elles ces précieuses dépouilles
5 et comme ils ne pouYoient 1
(1) Pompon. Mél. 1. 3, c. A
(2) De Iside, p. 315.
(3j De Iside, p. 319.
(4) Diod. 1. 1 , c. 12, p, 34.
Oÿlhid-. .c. 13-v p. 23. ■
£é) Ibid. c. 13, p. 25.
Champ sacré,parce que les dépouilles d’Osiris
et d’Isis étoient censées y être déposées.
Tous les Prêtres de l’Egypte avoient
une vénération particulière pour ce tombeau
d’Osiris, & à chacun des jours de
l’année ,‘ des Prêtres destinés pour cela
remplissoient ces urnes de lait (ee), et in-
voquoient, d’un ton lamentable, les mânes
de leurs Dieux. Les Prêtres seuls
avoient droit d’entrer dans cette isle sacrée
(rt), et tous leshabitans de la haute
Egypte regardoient comme le plus redoutable
des sermens, celui qui se faisoit par
le corps d’Osiris, quireposoit dans cette
isle (27’). Que d’adresse et de dépenses
pour tromper les hommes ! car enfin
nous avons démontré qu’Osiris et Isis
n’étoient que le Soleil.- C ’est ainsi que
dans la ville d’Achante", au-delà du Nil,
du côté de la Lybie , à 120 stades de
Memphis , il y avoit un tonneau percé ,
dans, lequel 36o Prêtres étoient chargés
déverser chaque jour d e l’eaùdu Nil (7).
Toutes Ces cérémonies étoient relatives
à la marche ded’année, dont Osiris ou
le Soleil est l ’ame. -
La ville de Memphis , en succédant
à la première splendeur et à la puissance
de la haute Egypte et de la superbe
Thèbes, eut aussi sès tombeaux d’Osiris,
et des cérémonies religieuses, qui s’y
pratiquoient : car Abydoset Memphis (8)
furent les deux villes les plus renommées
pour la magnificence deâ tombeaux
du Soleil , ou d’Osiris. Quoique
plusieurs villes sé vantassent d’avoir en
dépôt le corps d’Osiris , dit Plutarque ,
aucune n’àvoit plus de prétentions à
cette gloire , qu’Abydos et Memphis ,
qui passoieht pour être les seules, qui
eussent lé vrai tombeau d’Osiris. Tous
les gens riches et puissans ambitionnèrent
l ’honneur d’avoir leur sépulture
à Abydos , afin d’avoir leurs tombeaux
près de celui de letir Dieu Osiris. D’un
. (0 huciàri. Je Astrof. .p. 086.
ff) Diod. m m Si1 c * 31, p. 57, ‘
(3) Ibid. c. d. 59'.' -
M Ibid. c. 31 , p. 57.
( jj Pioà. I, t . c. i 3, p. 25.
ihici'. p."26. "/
I. 1 6r , pv 29.
(8) Plut, de Iside, p. 359— 365.