p èu x , dans lesquels on imrrioloit grand
nôrabre de boeufs j ce qui donna lieu à
dis plaisanteries mutuelles, dont le souvenir
se perpétue encore dans les sacrifices
de cette île (1). On se rembarque,
et dans le voyage , Euphémus fait part
à se.s compagnons d’un songe, qu’il a eu ;
cé qui fournit au Poète, une petite digression
, relative à la formation de l ’île
de Thêra, voisine de celle d’Anaphê (2).
Les Argonautes continuent leur route
et arrivent à l’île d’Egine , où ils vont
faire de l ’eau. L ’est là que finit le récit
du Poète , parce que c ’est aussi là le
terme de leurs dangers et de leurs travaux
car un vent doux les porte ' le
long des côtes de l’Attique et de l’Au-
lide. au port de Pagase , d’où ils étoient
partis (3).
Ce poème , comme on le v o it , se
renferme dans l ’unité d’action , qui en
fait l ’objet, et ne diffère de celui d’Orphée
, que dans les développemens et
les détails ; mais le fond est'absolument
le même.
Valérius Flaccus a fait un Poème en
huit chants sur le même sujet , dans
lequel il n’a fait que répéter une
partie des anciennes fictions, auxquelles
il a donné plus ou moins de développement
, mais où il a également
conservé l ’unité du sujet. Le triomphé
complet de Jason chez lui ne s’achève ,
qu’à la fin du septième livre. Le huitième
ne renferme que le- rembarquement
des Argonautes, qui emmènent
Médée, sans que le Poète entre dans dé
grands détails sur le retour ; mais il y
peint les regrets et les douleurs de
Médée fuyante , et la poursuite de son
père. Le Pilote annonce , qu’ils seront
obligés de tenir une autre route dans
le retour , et de remonter le Danube.
Il y parle de l ’île Peucê , ainsi nommée
d’une Nymphe Sarinate , et des Alains
à travers lesquels passent les Argo-
(1) Ibid. v. 1730s
(2) V. 1764.
nàutes à leur retour. Ici Oïl Voit pa-’
roître Absyrthe , frère de Médée , que
son père avoit envoyé à sa poursuite ,
et qui vient troubler la joie des deux
amans , prêts à devenir époux. Le
combat s’engage entre la troupe de
Jason et celle d’Absyrthe. Ici l ’auteur
peint les alarmes de Médée sur le sort
du combat , quelqu’en soit l’issue.
L ’ouvrage finit là , et l ’unité d’action
n’y est point altérée.
Tous ces trois poèmes , et le récit de
Diodore , qui contient un précis des
traditions Grecques , sur la fameuse
conquête du Belier à toison d’or , se
réduisent donc à une action unique ;
savoir, à l’arrivée du Soleil au point
équinoxial de printemps , annoncée
tous les ans par le dégagement des premières
étoiles du Belier céleste , . qui
paroissoit à l ’horizon oriental , ou sur
les extrémités de la mer Noire , des
flots de laquelle sembloit sortir le Soleil,
tandis qu’au couchant le Serpentaire
Jason paroissoit descendre au sein des
flots. Cette plage orientale étoit la Col-
chide. Sur ces mêmes côtes orientales ,
où le matin avoit paru le Belier et
Méduse , qui précédoit le char du So-
leil',. on voyoit monter le soir le Serpentaire
Jasoîi, qui cbnduisoit le char
de la N u it, et qui s’unissoit à la pleine
Lune équinoxiale du printemps. C’est
donc ce fait astronomique , cet unique
phénomène annuel , qu’on a chanté
dans le poème intitulé Argonautiques,
ou conquête du Belier à toison d’or.
Aussi ce fait astronomique entre-t-il
dans le poème d’Hercule partiellement,
et ne figure-t-il, que comme morceau épisodique
d’un des chants du poème , de
celui qui a pour objet le neuvième travail
d’Hercule.DanslesArgonautiques, il
est un poème entier, qui a un sujet-
unique. Si l ’oîn vouloit le conside'rer
comme un des chants d’un grand poème
sur Jason, ou sur le Soleil, chanté sous,
(3) V. 1781.
Ce ïlom, il faudrait supposer, que le
reste de l ’ouvrage seroit absolument
perdu , et que la suite des aventures de
ce Héros , ainsi que celles de Médée ,
ne seroient que de légers fragmens des
autres chants (0). On n’auroit alors
conservé que le plus important de tous ,
celui où l ’on ehantoit l ’arrivée de Jason
en Colchide , ou la conquête du Belier
à toison d’or , autrement le chant sur
l'équinoxe. D’un autre cô té , comme
ce petit poème fait un tout, et que la
Grèee ne connut guère Jason, que
comme Chef de l ’expédition des Argonautes,
et de ses actions,que cette grande
expédition, nous sommes tentés de
croire , que le reste de ses aventures
, Sur - tout la suite de ses
amours avec Médée , ainsi que les,
crimes et les malheurs de cette enchanteresse
fameuse , appartiennent moins â
la poésie épique, qu’à la poésie dramatique
, et qu’ils font partie dè la fable
théâtrale, plutôt que de la fable sacrée.
Ainsi nous ne sortons pas de l ’unité du
poème, connu sous le nom d’Argonautiques
: car c ’estcepoèmequenousavons
voulu expliquer ; ce sont ses rapports
avec le ciel, que nous avons voulu montrer
, plutôt que la vie totale de Jason
et de Médée , et les aventures romanesques
de ces deux amans , que nous
avons voulu expliquer par 'les cieux.
Nous ne nous engagerons donc pas
dans toutes les explications de détail
des fictions sur-ajoutées dans la suite à
cette première fable , sur-tout par les
tragiques , qui ont mis souvent sur la
scène les amours et les atrocités de Mé-
d é è , qu’ils ont habillées à leur manière.
Peut-être néanmoins, dans la fable d’E-
son , père de Jason, que Péliàs force à
boire le .sang du taureau , qui le fait
mourir ; et dans la fable du rajeunissement
de Pélias (p ) , par l’immolation de
l ’agneau, que l ’on fait bouillir, pour-
roit-on trouver des rapports à cette
partie du ciel où arrive le S o le il, ou *
Jason après la conquête du Belier , au >
moment où les Pleïades se lèvent avec
le Belier , tandis que le Taureau est
absorbé dans les rayons solaires , avec
Oriori , qui a disparu toat-à-l'ait. Je
laisse à d’autres à faire ces recherches
et à suivre ces rapports, me bornant à
l ’unique tâche, que je me suis imposée ;
savoir , à l’examen du voyage de Jason
et des Argonautes en Colchide, et de
leur retour en Thessalie , avec les
riches dépouilles du Belier de Phryxus ,
que Médée petite-fille du Soleil, ou fille
a ’Aëtès , frère de Perse , leur a aidé à
conquérir. Je crois avoir prouvé, que
la base de cette fiction se réduit à un
très-petit nombre d’élémens astronomiques
, qui forment le fond , que le
Poète a brodé et enrichi ; et auquel il
a lié une grande partie des. cùnnois-
sances - Géographiques , qu’on avoit
alors de la partie boréale de l ’Europe ,
de l’Afrique et de l ’Asie , et principalement
de la mer Noire et de la Méditerranée
, avec une nomenclature des îles
et des villes les plus connues, et des
fables sacrées,qui les rendoient célèbres.
La Géographie forme la plus grande
partie des descriptions du poème , et les
tableaux du ciel se réduisent à très-
peu de chose , par la raison qu’il n’y a
qu’une position unique à décrire , au
fieu que dans les autres poèmes , que
nous avons expliqués , c’est une révolution
totale du Soleil , ou au moins
nne demi-révolution, qu’il falloit décrire;
ce qui nous a obligé de nous tenir toujours
aux cieux , sans nous occuper
beaucoup des descriptions Géographiques,
qui se lioient aux tableaux du ciel.
Nous avons par exemple vu , que le
dixième travail d’Hercule étoit la conquête
des Boeufs de Géryon , et son
arrivée chez Faune , et nous ne nous
sommes pas occupés-de le suivre en
Hespérie, en Gaule, en Ligurie, en
Italie , eii Sicile, où on lui fait tenir à-
peu-près la même route , qu’aux Argonautes
dans leur retour , après qu’ils
ont remonté le Danube. Dans le poème