366 R E L I G I O N U N I V E R S E L L E ,
C H A P I T R E I L
O S I R I S o u LH S O L E I L ,
P o è m e E g y p t i e n .
N o u s avons , dans le Chapitre premier
de nos explications, considéré
dans le Soleil l’Astre puissant, dépositaire
de toute la force de la Nature,
l’Astre qui engendre et mesure le temps
par sa révolution dans les cieux 3 et
qui, partant du Solstice d ete, parcoui t
la carrière des douze signes, dans-lesquels
circulent les corps célestes, et
s’achèvent toutes les périodes. Nous
allons maintenant le considérer, sous
un autre point de vue, l ’envisager
comme l’Astre fécond qui, par sa chaleur
, appelle tous les Etres à la génération,
et répand dans le monde sublunaire
tous les bienfaits du ciel. Ce
n’est plus le Soleil, fort -, c’est le Soleil
bienfaisant et fécond, qui va s’offrir
à nous ; c’est le Génie tutélaire de la
végétation universelle, qui met en mouvement
la terre par un ferment intérieur
, et fait éclore et mûrir les
productions, qui tous les ans sortent
de son soin , depuis le moment où le
Soleil revient dans notre hémisphère,
jusqu’à ce qu’il repasse vers les régions
australes du monde.
C’est sous ce' rapport qu’il s’appelle
Osiris , époux d’Isis, Dieu du labourage,
et bienfaiteur des hommes, qu’il
enrichit des dons de la Divinité, laquelle
, dit Jamblique, varie ses noms ,
à raison de ses diverses opérations (r) ,
(1) Jamblich, c. 39. (2) Diod. I. I , c. f i t p. 14.
Itfflïl R E L I G I O N U N I V E R S E L LE. 3 6y
assage , que nous avons rapporté déjà
ans le premier Livre de cet Ouvrage.
Ile est conforme à la doctrine de Ché-
jérnon, et des plus savans prêtres de
lEgypte, qui pensoient que ,les pré-
hiers Egyptiens 11 avoient eu d’autres
ivinités , que les Astres, et principalement
■ le Soleil et la Lune ; qu’ils
Jvoienttouj ours regardé celui-là, comme
K grand architecte de l'Univers ; et
jonséquemment , que la grande fable
l’Osiris et d’Isis devoit s’expliquer par
t Soleil et la Lune , et par les apparences
célestes. Diodore ajoute (.1 ) , que
[’administration'du monde, d’après les
logines des Egyptiens , étoit censée défendre
de ces deux grandes Divinités ;
ï que tous les corps sublunaires tiraient
l’eux leur nourriture et leur accroissement,
durant la révolution annuelle,
(11’ils engendrent , et: les différentes
lisons , qui la partagent. Que de l ’ac-
,on combinée des Natures variées et
jpposées de ces deux causes, résul-
it l’heureuse harmonie £ d’où se comme
la température de l’année. Que
es deux Divinités, contribuoient plus
ju aucune autre à la génération de tous
js Etres , étant dépositaires , l’une des
Edités ignées et spiritueuses, et l’autre
b quautés humides et sèches des
l>rps 3 et toutes deux possédantune por-
I 011 égale du principe Aérien H 5 que
| est par elles que tout naît et se nour-
1. C’est pour cela que le Soleil et la
toe sont les modérateurs suprêmes
fs mouvemens et de l’activité du
Prps de la Nature universelle , dont
jS parties élémentaires sont le principe
fuitueux- ,1 le principe igné , le sec
F1 numide , et enfin le principe aérien,
joniine le corps humain est composé
F a tête, des mains, des pieds, et
p 1 assemblage des autres parties, ou
[embres 3 de même le corps de l’Uni-
|rs est composé des parties élément
s , dont nous venons de parler ,
KO Diodor. Ibid. p. ic.
10 Diod, Ibid. c. 8, p. 1 ; ,
£ et dont chacune a pris lé nom d’une
Divinité (2). Le Spiritus,. ou l’Ame
universelle , a pris le nom de Jupiter 3
le. l eu , celui de Vulcain ; la Terre,-
; celui de Cérès ; l’Eau, celui de l’Océan
b et<le Thétis; et l’A ir, celui de Minerve.
; Ils ajoutaient, que ces cinq Divinités
parcouraient tout l ’Univers, et se montraient
aux hommes , sous la forme des
animaux sacrés 5 tantôt aussi sous la figure
humaine, tantôt sous d’autres formes ;
i et que l’on ne devoit pas regarder ceci
comme une fiction, mais bien comme
l ’effet réel de leur nature , qui est d’entrer
dans la génération de tous les
Etres (v), Effectivement les éle'mens
étant censés les principes premiers de
1 organisation de tous les corps , ou pour
mieux dire , tous les corps, soit ceux
des animaux, soit ceux des hommes n’étant
qu’un composé des élémens différemment
combinés, diversement modifiés,
on peut dire allégoriquement, qu’ils se
répandent dans tout l’Univers, et, qu’ils
s y reproduisent sous mille formes variées
, soit ; d’hommes, soit d’animaux.
Tous sont animés par le Spiriâts ,
ou par l’Ame universelle, qui forme
le premier des cinq élémens , qui les
agite, qui les modifie tous , qui se mêle
a tout, et imprime la force, le mouvement -
et la vie à tous les Etres, qui participent
plus ou moins à l’activité universelle
du monde.
. Mais quelle est la puissance suprême,
à laquelle sont soumis les élémens mus par
le principe de la génération, et en qui Osiris
verse les germes de bien , qui se trouvent
répandus dans la nature ;•? C’est le
Soleil,r nous dit Jamblique . ( 3), et
apres lui la Lune, qui partage avec
lui la puissance , que le Ciel exerce sur
le monde sublunaire. Mais Osiris est
le Soleil, et Isis la Lune. Donc Osiris
et Isis sont les deux grandes causes
ou divinités, par qui s’opèrent les générations
d’ici bas 3 celles qui mettent
(3) Jamblich. c. 33.
èlfjfcöÉ'
JS
ü