la division du Zodiaque en douze
parties fut portée à trente-six, par la
sous-division de chacune de ces pârties
en trois; il résulta de-là, cjue pour faire
reconnoitre ces trente-six sous-divisions,
on eut recours à trente-six marques
hors du Zodiaque, ou à trente-six constellations,
ou groupes d’étoiles figurées,
qui correspondoient aux douze signes
et à chacune de leurs trois parties. Ceci
donne en tout quarante-huit figures ou
marques, dont douze dans le Zodiaque,
et tien te-six hors de ce même Zodiaque,
et qui correspondent à ses trente-six
sous - divisions. C’ëst précisément le
nombre des constellations connues des
anciens, qui en placèrent douze dans
le Zodiaque, et trente-six dehors; ce
qui n’est pas un effet du hasard, mais
bien mie suite de la marche que nous
supposons, que les anciens observateurs
de la Nature ont tenue.
Ainsi tout le ciel étoilé se trouva partagé
en as très, dont sept seulement étaient
mobiles et voyageoient, et dont tout
lé reste sembloit attaché constamment
à des points fixes, et toujours également
distans entre eux, sur une surface
très-lisse, et de forme sphérique.
Ces points fixes servoient de termes de
comparaison aux inouveinens différents
des astres mobiles, graduoient leur
marche, en déterminoient la progression
ou les écarts, et se lioient aux sept
corps mobiles par le moyen des douze
signes auxquels ils étaient subordonnés.
Ils furent élevés à la dignité de causes
comme les signes, et pour la même
raison qu'eux. Sirius ou la canicule,
qui annonçoit tous les ans le retour
des ardeurs brûlantes de l’été, et le
débordement du Nil par son levqr du
matin, passa pour une dés causes de*
phénomènes qui accompagnoient assez
constamment son lever. Le signe du
lion, auquel répondoit alors le soleil, fut
aussi réputé cause des mêmes effets,-
Comme on le voit par Plutarque ; ( i ) 1
de même que le verseau, dans lequel
la lune de ce mois paroissoit pleine.
On peut en dire autant des étoiles de
l’Hydre placées sous le lion, et à qui,
suivant Théon (2), on ne donna tant
de longueur, que parce qu’elle se lioit
au débordement du Nil, comme mesure
de sa durée et des trois signes qui y répon-
dpient. De même que les signes du Zodiaque
marquoient les douze grandes divisions
du Zodiaque et de l’année, de
mêmeles images ou constellations placées
hors de ce cercle et leurs étoiles fixoient
des divisions plus petites, telles que
les jours et les heures. C’est à ce titre
qu'elles se trouvent placées avec leur
levers et leur couchers dans les an-
cièhs calendriers, dont le prêtre, le
laboureur et le navigateur, tiroient des
réglés et des indications. Ainsi les étoiles
devinrent les guides et les chefs des
peuples , qui virent en elles les génies
qui formoient le cortège du Dieu du
jour, du père des temps et des saisons,
et du modérateur souverain de la Nature
entière. Leur respect et leur reconnois-
sance dut donc les placer aux rang
des causes éternelles, ou des Dieux qui
gouvernent tout ici bas. Le ciel où elles
brilloien.t fut appelé le séjour des Dieux;
et lorsque la flatterie voulut élever un
mortel, jusqu’au rang des immortels,
elle le plaça dans les astres, parce que
les astrés étaient les seuls Dieux vraie-
ment immortels. Cette condition requise
pourTapothéose est encore une preuve
de l’opinion ancienne sur la Divinité
des astres.
Après le spectacle qu’offre un beau
jour, en est-il de plus, imposant que
celui d’une belle nuit, lorsque le ciel sans
nuage nous découvre ses plaines azurées, ’
où For semble mêler son éclat à celui
des diamans dont elles sont semées. Que
le manteau de la nuit est riche et pompeux!
sous cet aspect elle n’a rien
d’affreux ; elle est aussi une divinité;
elle répand sur son passage une rosée
(-) TheoiV adArat.(1) Plut, de Isid. p. 365,366. Phæn, p. 136. Id. p. iJ9*
bienfaisante (1), qui abreuve les fleurs,
les feuilles et les plantes desséchées par
l’ardeur du jour, et entretient dans l’air
cette douce humidité nécessaire à la
végétation. Elle est comme la mesure
du sommeil de la Nature, et elle étend
un voile sur l’homme et sur tous les
animaux pendant leur repos , qu’elle
environne d’un majestueux silence; à
l’ombre de ses ailes, tout ce qui respire
sur la terre, dans les airs, dans les eaux,
se délasse des travaux du jour, ou jouit
des plaisirs de l’amour ; ses ténèbres
ne sont point celles du cahos ; car elle
a sa lumière, son ordre et son harmonie,
qu’on admire et qui ne le cède qu’à
celle du jour. Ce n’est point il est vrai
cet éclat éblouissant du soleil , qui fait
tout disparoître , excepté lu i, dans les
cieux et nous découvre tout sur la terre ;'
la nuit au contraire nous cache la terre,
et veut que nous ne soyons plus occupés
que du spectacle des cieux , dont
les astres brillans sans elle nous seroient
à jamais inconnus. C’est sous son ombre
que se montre la foule des Dieux qui peuplent
l’Olympe , et qui sont autant d’en-
fans que ses flancs féconds font éelorre.
; Ils la suivent constamment dans sa révolution
, se montrant avec elle et dispa-
jroissant aussitôt qu’elle pâlit, et qu’elle
se retire pour faire place au jour. Que de
régularité dans leur marche ! que d’ordre
[dans leur succession ! que d’accord et
|d’harmonie dans leurs mouvemens! Une
force commune les fait circuler tous dans
le même sens, avec une vitesse proportionnée
à la grandeur des cercles qu’ils
[.décrivent.
Un point seul dans les cieux paroît
|.etre immobile, tandis que tout le reste
du ciel et des astres se meut circulaire-
joeent autour de lui, en décrivant des
routes orbiculaires d’autant plus grandes,
qu elles sont plus éloignées de ce point
(central unique, sur lequel: roule toute
Fa voûte «les cieux. Ce point dut fixer
P attention des premiers observateurs du
(*) Plut, de Isid. p. 367,
mouvement des astres, et naturellement
on concentra en lui seul la force puissante,
qui porte tout le fardeau des cieux
et qui en fait mouvoir la masse (iï).
On dut aussi distinguer un certain
nombre d’étoiles, assez voisines de ce
point pour décrire des cercles si étroits,
que jamais leur mouvement ne les fit
descendre sous la terre, et qu’elles'
restassent toujours dans la partie visible
du ciel, seulement avec quelques change-
mens de hauteur. Elles formoient éternellement
le cortège de la nuit, qu’elle
n’abandonnoient jamais; toujours élevées
dans les cieux, elles n’en paroissoient
descendre que pour se reposer quelques
instans sur la cime des hautes mon tagnes,
et pour y remonter aussitôt. Le pivot
ou point central de tontes les révolutions
, autrement appelé le Pôle, les y
rappeloit, et ne leur permettait point
de s’écarter jamais de lui; aussi servoient-
elles d’indication pour le reconnoître.
Parmi ces astres, sept sur-tout se
faisoient remarquer et par leur éclat,
et par leur arrangement entre eux ; et
• ces rapports, ainsi que ceux de tous les
astres fixes, n’ont jamais varié. Quelques-
uns ont cru y voir le dessein d’uncharriot,
dont quatre étoiles , placées en carré ,
formoient les roues, et trois autres en
avant présentaient l’image du timon ;
elles paroissoient situées tantôt au-
dessus , tantôt au-dessous du point immobile,
tantôt à droite, et tantôt à
gauche. Ce phénomène les fit remarquer.
Toutes les autres étoiles décrivoient
des cercles plus grands ,de manière à ce
que leur apparition fût interrompuedans
la partie inférieure de leur révolution ,
et à ce qu’elles restassent plus ou moins
de temps cachées sous la terre, à proportion
de la partie plus ou moins grande
de leur cercle, qui se trouve masquée par
la masse des montagnes et de la terre.
Enfin, il s’en trouva d’assez éloignées
pivot ou du pôle , pour que la
moitié du cercle de leur révolution fut