sont nécessaires, quand on veut s’entendre, sür-toüt, quand il s’agit
d’idées abstraites, telles que celle de cause. La Nature entière et seule
»’est présentée tout-à-coup pour remplir cette grande idée de cause
universelle ou de Dieu. Les hommes fameux par leur puissance, et
respectés pour leurs bienfaits envers l’humanité, ont aussitôt disparu devant
Ge nom auguste, et les effets non t pu usurper les titres sacrés de la
cause; à plus forte raison, les animaux, et les simulacres ont-ils dû être
retranchés du nombre des Dieux. Tout ce qui ne porte pas le caractère
d’être improduit et indestructible, et d’agent éternel, souverain, n’ayant
jamais pu être pris par aucune nation, par aucun homme pour Divinité,
dans le sens que j’ai cru devoir donner k m mot, et qui est le seul
qu’il puisse avoir, il n’est donc resté que l’Univers lui-même, ^qui put
soutenir l ’immense idée, que le nom de Dieu doit présenter. L’Univers-
Dieu ou cause et regardé comme te l, voilà mon premier chapitre. Cette
conclusion, qui a résulté nécessairement de la définition posée en
principe dans ce chapitre, a reçu une entière confirmation dans les chapitres
suivans du même Livre. J’y ai prouvé, par les témoignages historiques
de tous les peuples du monde, par l’inspection de leurs monumens
religieux et politiques, par les divisions et distributions de l’ordre sacré
et de l’ordre social, enfin par l’autorité des anciens Philosophes, que
c ’est à l’Univers et à ses parties, que primitivement et le plus généralement
les hommes ont attribué l ’idée de la Divinité. Ainsi ce qui a dû être
se trouve avoir été effectivement. Cette vérité, qui a déjà été apperçue
par d’autres, m’a conduit à une seconde, qui paroît leur avoir échappé,
quoiqu'elle fût cependant une conséquence nécessaire de la première ;
c’est que le premier moyen d’explication, et celui que plus généralement
on puisse employer , doit être de rapporter au jeu des causes naturelles les
anciennes fictions sur la Divinité. Les Dieux étant la Nature elle-même^,
l’histoire des Dieux est donc celle de la Nature ; et comme elle n a
point d’autres aventures, que ses phénomènes, les aventures des Dieux
seront donc les phénomènes de la Nature mis en allégories. Cette conclusion,
qui me paroît incontestable, m’a conduit naturellement aux principes du
système véritable d’explications, qui, malgré ses difficultés , est neanmoins
le seul, qu’il soit permis d’admettre, d’après la nature meme de 1 ancienne
Religion du monde, et qui est encore la moderne. Car presque rien n’a
changé. Cette assertion etonnera encore, mais j ’en démontrerai la vérité
par la suite. A cette première partie de mon Ouvrage, où j ’ai tâché
d’établir la nécessite d un système d explications, qui s’appuyât sur la
Physique et sur l’Astronomie, succède une seconde partie, qui contient
les principes du système, et trace la marche qu’il faut suivre.
C ’est dans la Nature elle-même, que j'ai puisé les idées fondamentales
de ma nouvelle méthode. J ’ai mis l’homme en présence avec elle, dans
le premier chapitre de cette seconde Partie, et j ’ai fait passer sous ses
yeux les différons tableaux, qu’offre l’Univers. dans ses divisions les plus
marquées, et dans le jeu de ses principaux agens. Le premier spectacle,
que je lui ai présenté, est celui de la Lumière et des Ténèbres
qui sont dans un éternel contraste; celui de la succession des jours
et des nuits, l’ordre périodique des Saisons et la marche de l’Astre brillant
qui en règle le cours; celle de la Lune sa soeur et sa rivale, qui prend
en main le sceptre de l’Olympe, lorsque celui-ci l’a abandonné, pour
porter la lumière et la vie dans l'hémisphère inférieur, que couvrait la
nuit, tandis que le Soleil nous dispensoit le jour. La nuit et les feux
innombrables, qu’elle allume sur l ’azur des Cieux; la révolution des Astres
plus ou moins longue sur notre horizon, et la constance de cette durée
dans les étoiles fixes; sa variété dans les Etoiles errantes, ou les Planètes;
leur marche directe ou rétrogradé, leurs stations momentanées, les phases
de la Lune croissante, pleine, décroissante, et dépouillée de toute
lumière ; le mouvement progressif du Soleil de bas en haut, et de haut
en bas, d ou resuite la variation de la chaleur , de la durée des jours
et des différentes températures de l’air; l’ordre successif des levers et des
couchers des étoiles fixes, qui marquent les différens points de la course
du Soleil, tandis que les faces variées que prend la Terre, marquent
ici-bas les mêmes époques du mouvement annuel du Soleil; la correspondance
de celle-ci dans ses formes avec les formes célestes, auxquelles s’unit le
Soleil; les variations, que subit cette même correspondance, durant une
longue suite de siècles ; la dépendance passive, dans laquelle la partie
sublunaire du monde se trouve yis-à-vis la partie supérieure à la Lune 3
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