que l’image du taureau céleste, auquel
hommages se rapportoient ; qu’il n’avoit
la faculté de donner des signes Prophétiques
, que par une suite de la divination
qui se tire des astres, et en
particulier du taureau du Zodiaque. Que
l ’oracle de Jupiter-Ammon, établi en
Lybie, étoit également fondé sur des
rapports avec las signes célestes , et
sur-tout avec le signe du bélier dont
Jupiter-Ammon empruntoit ses attributs;
que ce bélier étoit honoré dans
les villes de l’Egypte qui empruntoient
de lui les signes prognosti.es sur lesquels
étoit fondée la science de la divination
, et qui tous ne se tiroient pas des
mêmes astérismes. Que ceux qui hono-
roient le bouc, révéraient en lui le
signe du Capricorne $ que ceux qui
s’etoient mis sous la tutelle de la cons-
tellation des poissons , s’abstenoient de
manger du poisson. Nous avons vu la
même chose en Syrie, établie sur le
même principe astrologique, et l’image
des poissons célestes révérée sous le titre
d’image des Dieux Syriens. Ainsi le culte
rendu au boeuf à Memphis, au bouc
à Mendès, aux poissons à Oxyrinque,
au bélier à Thèbes , se rapporte en
dernière analyse aux astres et à la
cause universelle visible, autrement à
la Nature, la grande divinité de tous
les peuples. Le plus savant des Rabbins,
le célèbre Maimonides ( i ) , et d’autres
docteurs juifs (a), parlant d’après les
livres les plus anciens de leur nation ,
assurent que la constellation du bélier
étoit adorée par les Egyptiens. Dans
le planisphère Egyptien, imprimé dans
l’OEdipe de Kirker (3) , on voit la figure
de Jupiter-Ammon , coiffé d’une tête
de bélier , occupant le premier des
douze signes. Germanicus-César (4) ,
(1) Maimonid. More. Nerock. Fars. 3. c. 46.
p. 480.
(2) Rab. Jehud. inZoar.
(3) Kirker. (Edip. t. 3 , p, i j j . Id.t. », Part, a ,"
p. 206.
(4) Germ. Cxs. c. t$.
dans ses commentaires sur Aratus, dit
en parlant du Bélier, premier des signes,
que Bacchus donna à cet animal céleste
, le nom de Jupiter-Ammon , et
lui éleva un magnifique temple. Nous
ne devons guère douter que les autres
animaux sacrés de l’Egypte, qui ont
leur type dans le cie l, n’aient reçu
comme le bélier un culte relatif aux
astres. Ainsi le chien sacré, ou Anubis,
recevoit des hommages , qui se rapportoient
à Sirius ou à la belle étoile du
grand chien (5). La brillante du vaisseau
fut honorée sous le symbole du Canope ,
ou d’un vase d’où s’échappe l’eau.
C’étoit dans cés étoiles, dit Plutarque,
que les Egyptiens croyoient qu’étoient
placées les âmes de leurs chefs ou de
leurs Dieux (é). Par chefs, on doit entendre
le génie tutélaire de chaque
ville, ou ces chefs puissans, dont les
noms étoient consacrés dans les livres de
l’astrologie sacrée, comme nous l’avons
vu dans le passage de Chérémon (7 .
Ce qui achève de prouver la liaison
intime qu’il y avoit entre l’astrologie,
et la religion chez les Egyptiens, c est
que le livre d’astrologie étoit un des
livres sacrés, que portoient leurs prêtres
à la tête des processions, comme on peut
le voir dans Clément d’Alexandrie ( 8 ) ;
on y portoit aussi la palme qui étoit
regardée comme symbole de l'astrologie.
Les quatre animaux sacrés que 1 on
«jnduisoit dans ces mêmes processions
passoient, dit le même Clément
d’Alexandrie (9) , pour être des emblèmes
des quatre signes ou points cardinaux,
qui fixent les saisons aux équinoxes
et aux tropiques, et divisent en
quatre parties la marche annuelle du
soleil, leur grande divinité. Delà aussi
cette expression d’année de Dieu (10),
(5) Ælian. dé Animalib. 1. 10, C.45.
(6) Plut, delside & Osirid. p. 359-
(7) Voyez ci-dessus p. 9.
(8) Clem. Alex. Strotnat. 1. 6, p. 033.’
(9) Strom. 1.5»Pi 5^7•
(10) Censorin. de DieNatali.
pour désigner la grande période solaire
dont le chien céleste, un de ces quatre
animaux , fixoit le commencement.
Non-seulement le soleil, la lune, les
planètes et les autres astres étoient l’objet
premier du culte des anciens Egyptiens,
comme le prouve le témoignage des auteurs
(1 ) Grecs, Arabes et Hébreux qui en
ont parlé ; mais encore les autres agens
élémentaires de la Nature, l ’eau, le feu,
&c. ; le N il, et tout ce qui portoit un
caractère de cause et de perpétuité, y
reçut également des hommages. Ils révéraient
aussi l’eau et le feu, nous dit
Porphvre (2), les plus beaux des élémens
comme étant ceux qui contribuent le plus
à notre conservation (b). Athanase ,
( 3 ) dans sa diatribe contre les adorateurs
de la Nature, qu’il appelle païens,
leur reproche de rendre un culte aux
fleuves et aux fontaines , et il cite pour
exemple (4) les Egyptiens, qui avoient
une vénération singulière pour l’eau, et
y attachoient une idée de divinité. On
sait en effet que le Nil passoit, chez les
Egyptiens, pour une divinité bienfaisante
à laquelle l’Egypte devoit sa fécondité
et sa richesse. Le rhéteur Aristide
(5) s’exprime ainsi sur ce fleuve :
« Il n’y avoit rien en Egypte de si
» révéré, et qui fiât honoré d’un culte
» plus religieux que le Nil ; il étoit presque
33 l’unique objet de toutes les fêtes et de
» toutes les solemnités qu’on y trouve
» établies 33. Ces hommages étoient fondés
sur la grande utilité dont il étoit à
l ’Egypte, suivant la remarque de Maxime
de Tyr (6) et de Julius Firmicus (7) ;
aussi lui donnoit-on le nom de père,
(1) Manethon. 1. 1. Apotelesm. V. 203. Jablonski.
Panth. Ægypt. I.3. c. 6. Idem, in proleg. §. XXIV.
Idem. 1. 1. c. 2. Sect. 3.
(2) Porphyr. apud Euseb. Prcep. Ey. 1. 3* c* 4*
p. 94.
(3) Athanas. t. 1. Contr. Gentes. p. 26.
(4) Ibid.de Incarnat, p. 100.
(5) Aristid. Rhet. in Ægypt,
(6) Maxim. Tyr. Diss. 38.
(7) Jul. Firm. de Error. Prof. Rel.
(8) Plut, in Symp. 1. 8. p. 729.
(9) Greg. Naz. Orat. 39. p. 61O.
ti°) Athenée. 1. 3, p. 203.
de conservateur de l’Egypte , d émanation
sacrée du grand Dieu Osins ,
comme on peut le voir dans Plutarque
(8). Dans les hymnes que les Egyptiens
lui adressoient, ils célébraient 1 auteur
de leurs moissons, le Dieu couronné
d’épis qui portoit avec lui l ’abondance
(9). Les poëteslui donnoientle titre de
Jupiter-Egyptien (10) , et les théologiens
le faisoient le père de plusieurs de leurs
divinités, comme on peut s’en assurer
par les généalogies des Dieux que nous a
données Cicéron ( il) dans son traite d®
la nature des Dieux, et parle témoignage
de Diodore de Sicile (12). La ville de
Nilopolis et son temple lui étoient consacrés
( i3). Près des Cataractes, au-dessus
d’Eléphantine, il y avoit un collège de
prêtres attaché à son culte ( i4)- On célébrait
les fêtes les plus pompeuses en
son honneur, au moment sur-tout ou
il alloit épancher dans* les plaines les
eaux qui tous les ans venoient les féconder
(i5). On y promenoit dans les campagnes
sa statue en grande cérémonie ;
on se rendoit ensuite au théâtre ou se
donnoient des repas : on célébrait des
danses ; on entonnoit des hymnes semblables
à celles qu’on adressoit à Jupiter,
dont le Nil faisoit la fonction sur la
terre (16 ). On invitoit le Dieu lui-même
à prendre part au festin, et à descendre
dans les champs , sans quoi ou ima-
ginoit qu’il ne serait pas sorti de son
Ut ( 1 7 ) . Ce n’étoit pas seulement une
fête de joie- instituée tous les ans à
l’époque du débordement, dont la crue
plus ou moins grande décidoit, chaque
année, du sort des Egyptiens ; c’étoit
(11) Cicer. de Naâ. Deor. 1.3-
(12) Diodore. p. 12.
(13) Stephan. in voce vïihat.
(14) Heliodor. 1. 2.p. 110.
(15) Pallad. Hist. Lan si. c. 5*. Bibl. Mag. Patr.
Parisin. t. 13. p. 980. •. _
(iS) Nicetas. Serbon. Comment, in Greg. Naz.
Or. 39.
(17) NonnusinOperib.Greg. Naz.t. 2. Coll. 529.
Rhet. Libanius. Orat. pro Templis citatus à
Valerio notis ad Euseb. Vit». Çonst. L 4.0.25.
B a