s’est reproduite sous les formes Tes
plus monstrueuses , dans les premières
sectes du Christianisme, ainsi qu’on peut
le voir dans St. Epiphane et dans Beau-
sobre. Comme ces fables théologiques
font une classe à part, nous renvoyons
à ces ouvrages le lecteur curieux de
connoître et de résourdre ces Sortes
d’énigmes. Pour nous , il nous suffit
d’en indiquer la base et le principe de
solution ; car nous ne nous proposons
ici que d’examiner les formes et les
mouvemens de l’ame universelle ou de
l’Univers-Dieu animé , et nous n’entrerons
dans la théorie particulière des
âmes humaines, qu’autant qu’il sera
nécessaire, pour saisir l’esprit de la doctrine
secrète des mystères ; j ce (qui sera
le sujet d’un traité particulier.
Platon ( 1 ) , ed donnant au monde
l’ame et la vie > ne croit pas pour cela
qu’on doive l’assimiler aux autres animaux
, trop imparfaits , pour que la
beauté du monde puisse leur convenir.
C’est un animal, mais un animal composé
de l’assemblage de tous les êtres
animés , qui sont autant de parties de
ce grand animal, soit qu’on les considère
dans leurs espèces variées , soit
qu’on les compte individuellement. Les
animaux, qui tiennent le premier rang,
sont les animaux célestes et divins ,
composés de la substance du feu (2) j
autrement les astres , qui ornent les cieux
• par leur éclat et leur beauté. Cette classe
d’animaux fait la fonction de cause ,
relativement à tous .les autres, que la
•terre nourrit dans son sein. Ce sont
-ces animaux immortels, qui organisent
et gouvernent les animaux _ passagers
et mortels , auxquels l’administration
de la nature sublunaire est confiée ( 3 ).
Ce sont eux , qui agissant sur les élé-
mens , qui les modifiant , les unissant et
les amalgamant entre eux , suivant certains
rapports, organisent les corps particuliers
, dans lesquels ils versent une 1 2
(1) Plat, in Tim. p. 30,
(2 ) Ibid. p. 40.
petite portion de l’ame universelle. 1,
On apperçoit aisément, que la théori
de Platon rentre absolument dans ]i
système des influences célestes sur y
corps terrestres, et que l’appareil
tapliysique, dont il l’a environnée]
n’empêche pas que nous n’y reconnoiJ
sions tous les principes Astrologique J
que nous avons exposés plus h a u t J
parlant de l’action du ciel sur la terre
et du concours de l’un et de l’autre ]
dans la formation des animaux, et J
général de tous les corps produits. Donc
notre méthode proposée trouve toute
entière sa place même dans le système
de Platon , et de tous les Platoniciens
qui l’ont commenté.
Jamblique , qui regarde l’Umvers
comme un grand animal, dont touteslea
parties, quoique très-distantes entre elles]
s’unissent par une nature commune!
et agissent l’une sur l ’autre, n’a fais
qu’exprimer un dogme fondamental de
l’Astrologie naturelle. Ce lien .commun,
c’est l’aine du monde, qui circule dm
toutes ses parties, et établit entre elles
une correspondance , qui unit la partis
active où sont les astres , à la partie
passive , dans laquelle se forment les
corps mortels.
Cette ame étoit une substance infiniment
subtile et très-active , telle que le|
feu Ether des Stoïciens , qui pur à k|
circonférence du monde et d’une mobilité
incroyable, parce que rien d’étian-j
ger n’enchaînoit-là son activité natu-i
relie, perdoit de sa pureté et de sa]
vitesse , à mesure qu’il descendoit vers
le centre de la terre, et qu’il se mêloit
à une matière d’autant plus grossière,]
qu’elle étoit plus voisine de çe même]
centre. Semblable au rayon d’un cercle
immense , dont une extrémité parcourt]
avec une extrême vitesse la circonférence
,• tandis que l’autre semble presque
immobile au centre, l’aine du monde]
ou le feu Ether , qui composoit sa subi
(3) Ibid/ p. 41.
(4) Ibid. p. 43.
yjge, circuloit avec une vitesse infinie
bns le ciel, au-dessus duquel refluoit
ié fluide actif, et qu’il enveloppoit d’une
Luronne de lumière , tandis qu’au
Sentre de la terre il étoit presque sans
' ouveinent, enchaîné dans la masse
Eerte de matière ténébreuse, qui compose
le globe terrestre. On peignit sa
Circulation rapide dans le premier molle
par un cercle ailé, et on donna
gaiement des ailes aux animaux du
lodiaque, au Lion, au Boeuf, à l’homme,
au Vautour célaste qui partagent sa
évolution en quatre parties égales.
Telle fut l’origine des ailes donpées
lux Chérubins , . et en général aux in-
yiigences , qui étoient censées résider
tons les astres, sous quelque nom qu’on
bs ait désignées.
] L’ame, qui dans les principes des Platoniciens
et des Pythagoriciens n’étoit
lu’un nombre essentiellement moulait
(1) et se mouvant par lui-même ,
toit liée au centre du monde, comme
lun point fixe, et elle étoit libre à la cir-
bnférence. Donc son mouvement débit
être circulaire : nul au centre, et le
5us grand à la circonférence, comme
feluide la fronde. Le rayon, qui partait
lu centre de la terre pour aller à la derrière
couche fupérieure des cieux, étoit
ladué, Clivant certaines proportions
armoniques, qui décidoient des vitesses
jarticulières, quelle voient avoir les plaides
placées à différentes distances sur
e rayon. La proportion ou progression
ta trente-six termes, c-’est-à-dire autant
F le Zodiaque a de parties dans sa di-
pion par Décans. Le premier terme fut
lois cent quatre-vingt quatre, représenta
de l’unité centrale 5 et la somme des
fines cent quatorze mille six cent qua-
je-vingt-quinzè. Les nombres intermé-
ùires, donnant la progression harmonie
des tons et des demi-tons, for-
oient une échelle musicale , d’après
quelle s’étoit faite la distribution de
y') ' v Batteu*, caus. prem. t. 1 , p. 266.
' timée trad., de Batt. çaus. prem. t. p. 2j6
*•> p. 19 et 92, etc.
l’ame universelle, dans les différentes parties
du monde dont elle entretenait l’harmonie.
On trouvera dans Timée de Lo-
cres et dans les remarques de M. Batteux
( 2 ) , traducteur de ce traité, le
développement de cette savante Théorie.
Comme elle tient plus à la métaphysique,
qu a la mythologie et aux allégories sacrées
, que nous nous proposons d’expli-
cpier dans cet Ouvrage, nous y renvoyons
le lecteur. Nous ajouterons seulement
qu’on y verra la distinction de la causé
active et de la cause passive, etensuiteleur
réunion devenue nécessaire pour organiser
les corps fublunaires, réunion figurée
par le mélange des deux essences, l ’une
indivisible et l’autre divisible, dont se-
compose le rayon, qui tient par un bout
au centre de la-terre, et qui par l’autre
parcourt avec rapidité la circonférence
des cieux (3).
La nature altératrice, qui dans Timée
organise les animaux mortels, n’est que
la partie inférieure du rayon, ou de lame
du monde, laquelle se répand dans le
monde sublunaire, occupé par les élé-
mens, qu elle modifie , qu’elle unit, ou
qu elle divise, et qu’elle pénètre' en tout
sens. C’est-là seulement qu’elle est répandue
dans des corps passagers et mortels
qui naissent, croissent, s’altèrent et se
détruisent^, tandis que sa partie supérieure
anime les astres, corps immpr-
tels , et exempts de toute altération ,
quoique changeant dans leur mouve-
meïit. Sur ce rayon, dit M. Batteux (4),
que nous avons supposé tiré du centre
du m onde jusqu’à sa circonférence Lsont
rangées graduellement toutes les fubs-
tances , proportionellement au plus ou
moins de matérialité et de subtilité qu’elles
ont. D’abord au centre est la terre
sur laquelle, comme sur une base immobile
, s’âppuyent tous les Dieux, sans
exception ; c’est la partie la plus grossière
, la pluslourde, celle'qui a le moins
d ame et qui peut - être même n’en a
(3) Batteux,, trad. Timée, p. 43.
(4) Caus. prem. t. 2,p . n 3.