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que reçoit la matière ; l’envisa£>er ainsi,
.ce seroit n’y reconnoîti-e qu’une action
froide et purement mécaninue dont
l ’énergie ne produira jamais"la’vie?
•Il n’en est pas ainsi.de l’Univers , et
ce n’est pas-là I idée qu’ilprésente.On dut
y appei cevoirun être immense toujours
vivant , toujours nju et toujours mouvant
, et dans une activité éternelle
qu’il tenoit de lui-même, et qui, iie:‘paraissant
subordonnée à aucune cause
étrangère , se communiquoit à tontes
ses parties , les lioit entre elles, et fai-
soit du monde un tout unique et parfait.
L oïdie Gi 1 liarmoiue , qui réguoient
en lui , senibloient lui appartenir ;
et le dessein des difierens -plans de
construction des êtres organisés pa—
roissoit gravé dans son intelli<Tence -suprême
, source de toutes les autres intel-
N I V E R S E L L E .
licences, qu’il communique a l'homme
avec la vie. Rien n’existant Hors de lui,
il dut être regardé' comme le principe et
le terme de toutes choses.
Voilà les conséquences auxquelles le
spectacle de' l’Univers, de ses, parties,
de ses mouvemens, et des effets résultant
du jeu de ses ressorts , a dû conduire
l’homme , qui a mis un peu de
suite dans ses idées et qui a donné quelque
développement à ses réflexions sur
l’ordre du inonde. Voilà le langage
que la Nature a parlé aux hommes ;
voyons s’ils l’ont entendue. La Nature
vient d’être interrogée ; interrogeons
maintenant les hommes qui nous ont
précédés. Consultons leurs écrits, et
mettons les en parallèle avec les leçon*
de la Nature.
C H A P I
C a tr s b A c t z y b jc t P
L a distinction de la cause première
et suprême en deux parties , l’une active
et l’autre passive; l’Univers agent et
patient , ou le Dieu-monde hermaphrodite
, est un des plus anciens dogmes
de la philosophie, ou de la théologie
naturelle, et un des plus répandus. Presque
tous les peuples l’ont consacré dans
leur culte , dans leurs mystères et dans
leurs cosmogonies. Ecoutons sur ce
point leurs philosophes.
Ocellkis de Lxcanie , qui paroît avoir
vécu peu de temps après que Pythagore
eut ouvert son école en Italie, cinq ou
si* cents ans avant notre E re(i) , c’est-
à-dire dans le siècle des Solons , des
Thalés et des autres Sages, qui s’étoient
formés dans les éeoles d’Egypte , re-
connoît - non-seulement l’éternité du
monde , son caractère divin d’être im-
T R E I I .
S S Z y JS z> JS LA N A T U R T.
produit et indestructible , comme nous
l’ayons déjà vu dans un passage de ce
philosophe, rapporté dans le premier
chapitre de notre ouvrage ; mais encore
il établit d’une manière formelle la division
de la cause active et passive , dans
ce qu’il appelle le Grand-tout, ou dans
l ’être unique hermaphrodite , qui comprend
tous les êtres (a) , tant les causes
que les effets, et qui est un système
ordonné , parfait et complet de toutes
les Natures. Il a bien apperçu la ligne
de division, qui sépare l ’être éternellement
constant de l ’être éternellement
changeant, ou la nature des corps célestes
de celle des corps terrestres -, celle
des causes de celle dés effets ; distinction
, que nous avons dit plus haut
avoir du frapper tous les hommes.
» Qu’onjetteles yeux, dit Oceüus, su»
{*.) Bitten*, Caus. Prem. t. 2, p, 4 , j. £*) Ocel. ç. i, §. S.
R E L: I G I O NV U N I V E R S E L L E. 1 2 5
» tonte la Nature en général, on la verra
» étendre son indestructibilité, depuis
» les premiers corps et les plus nobles,
3. en descendant peu-à-peu , jusqu’aux
» êtres mortels sujets aux variations de
» formes et d état (1). Ees premiers
3) êtres, se mouvàpt par eux-mêmes
33 et continuant de parcourir leur cercle
» de là même manière, ne changent
33 point ni de forme, ni d’essence. Ceux
3> du second ordre , ( les élémens) le
33 feu , 1 eau , la terre , l’air, changent
3» sans cesse et continuellement, non
» de lieu , mais de forme....... Mais
» comme dans l’Univers (2) il y a gé-
» nération et cause de génération , et
3. que la génération est où il y a chan-
» gement et déplacement de parties,et la
3> cause ou il y a stabilité dénaturé, il est
; >3 évident, que c’est à ce qui est la cause
»3 de la génération, qu’il appartient de
33 mouvoir et de faire ; et à ce qui la
» reçoit, d’être fait et d’être mu. 33
3) Les divisions mêmes du ciel sé-
» parent la partie impassible du Monde,
J* de celle qui change sans cesse. La
33 ligne de partage entre l’immortel et
>• le mortel, est le cercle'que décrit la
» lune ; tout ce qui est au-dessus d’elle
b» et jusqu’à elle, est l’habitation des
5> Dieux 5 tout ce qui est au-dessous , est
j” le séjour de la_ Nature et. de la dis-
>3 corde ; celle-ci opère la dissolution
»> des choses faites ; l ’autre, la produc-
» tion de celles qui se font......Comme
|» le monde est mgénérable et indes-
|M tructible , qu’il n'a point eu de com-
j» mencement et qu’il n’aura point de
» lin ; il est nécessaire , que le principe
» qui opère la génération dans autre
5) que lu i, et celui qui l’opère en lui-
iB meme aient toujours co-existé. (3)
| » Le principe, qui opère en autre que
l| J.U1 > ®st tout ce qui est au-dessus
F de la lune, et sur-tout le soleil, qui,
» par ses allées et ses retours, change
» continuellement l’air, en raison au
(*) Ocel. c. 1,
(-) Ibid. c. 2.
U( Ibid. §. 16,
33 froid et du chaud, d’où résultent les'
33 changemens de la terre et de tout ce
33 qui tient à la terre. L ’obliquité du
33 zodiaque, qui influe sur le mouvement
33 du soleil, favorise encore ces chan-
33 gemens ; c est encore une cause qui
33 concourt à la génération ; en un mot,
33 la composition du inonde comprend
33 la .cause active et la cause passive-
33 lune qui engendre hors d’elle, c’est
33 le inonde supérieur à la lune, l’autre
>3 qui engendre en soi, c’est le monde
33 sublunaire. De ces deux parties
33 1 une divine , toujours courante !
33 et 1 autre mortelle^, toujours chan-
» géante , est composé ce qu’on appelle
>> le monde. «
Ocellus de Lucanie étoit dans les
principes de la philosophie Egyptienne
(4)> q®i supposoit que l’iiomnie et les
animaux ayoient toujours été avec le
monde ; qu’ils étoient un de ses elïèts
éternel comme lui. C’est la doctrine
qu il développe dans son troisième chapitre
(5) , où il nous dit « que la pre-
33 miere origine de l'homme ne vient
33 point de la terre, non plus que celle
33 des autres animaux, ni des plantes,
33 mais que le monde , tel qu’il est -
33 ayant toujours existé, il est nécessaire
» que ce qui est en lui , ce qui a été
» ordonné en lui, ait aussi toujours été
>3 tel qu’il est. Et d’abord, si le monde
33 a toujours existé, ses parties onttou-
33 jours existé. Ces parties sont le ciel
33 la terre, et l’intervalle qui les sépare!
» Les parties du monde ayant toujours
>3 existe avec le monde, il faut en dire
33 autant des parties de ses parties. Ainsi
» le soleil, la lune , les étoiles fixes et
» les planètes, ont toujours existé aveo
33 le ciel ; les animaux , les végétaux
33 l’or et l’argent avec la terre ; les cou-
33 rans d’a ir, les vents , les passages du
33 chaud au froid, et du froid au chaud ,
33 avec l’espace aérien,qui sépare la terre
» des cieux. Donc le ciel, avec tout c»
)4) Eujeb. Præp. I. i , c. 7.
U) Ocell. c, J. '