et circule dans tous les corps. On volt
qn'ici Proclus a voulu désigner le feu
artiste des Stoïciens , plutôt (]ne l’élément
du feu. Au reste, cette variété
apparente d’opinions sur les élémens
cjui «voient la Nature active ou passive,
vient de ce que souvent on a pris le
feu pour le ciel, et la terre pour là
matière sublunaire; ce qui rentre dans
la division des deux grands principes,
dont nous avons parlé plus haut ( 1 ).
Platon lui-même , que Proclus comme
® ta, n’admettoit que deux élémens
premiers, dont le monde avoit été formé
, et qui lui ont donné la double
propriété dont il est doué ; c’est-à-
dire , de pouvoir être vu et de pouvoir
être touché (a). La terre lui avoit donné
la solidité et la stabilité; et le feu, la
forme, la couleuù et le mouvement.
Les deux autres élémens, l’air et l’eau,
n’ont été placés que comme liens intermédiaires,
qui unissoient ces élémens
extrêmes , véritablement premiers et
nécessaires, et qui avoient besoin d’élé-
mens mitoyens , qui rendissent moins
brusque le passage de l’un à l ’autre.
C’est ainsi qu’Ànaxagore divisa les élé-
mens en légers et pesans. Les premiers ,
tels que le feu ; se portoient en haut ;
les seconds au plus bas de l’espace (hhhh),
tandis que l’air et l’eau se piaçoient
au milieu d’eux (3).
La marche de fa Nature, suivant
le grand nombre des Philosophes, ne
deyoit jamais être brusque ni coupée
par des sauts trop hardis, mais graduée
insensiblement, suivant une progression
, dont les différences sont infiniment
petites. C’est par une suite de
ce principe, que l’on imagina les demi-
DieusE et les héros , comme liens intermédiaires
entre la Nature des Dieux
et celle des hommes.
L ’opinion philosophique qui place le
l’eu et la terre au rang de premiers trié—
mens, et qui ne donne" que le second
(0 Ci-dessus, I. 2 , c. 2.
?(?}. Plut.-de Fort. Rom. p. 316,
rang aux deux autres élémens,; lesquels
semblent n’exister que pour lier lès pre.
miers entre eux, a servi de fondement à
la distribution', que les Astrologues ont
faite des quatre élémens dans les douze
signes. Comme cette théorie entre dans
le système religieux des anciens, nous
allons en donner l ’idée en peu de mots
d’après l'imiiens (4 ).
Dans la Nature élémentaire ou dans
le monde sublunaire, .tout étant censé
modifié par l’action des douze signes
on crut appercevoir, ou plutôt on1”imagina
que tel signe avoit plus d’analogie
que tel autre avec tel, ou tel élément.
Les douze signes réunissant donc en
eux la Nature de ces quatre élémens,
on en affecta trois à chaque élément
à compter par le feu , la terre, l’air
et l ’eau. Ainsi en prenant le Lion , ou
le domicile du soleil pour premier signe,
et il l'éroit deux nulle cinq cents ans
avant TEre chrétienne, et en y fixant
le siège du feu , la terre se trouvoit
placée sous-la Vierge , qui s’appela
Ceres, l’air sous? la Balance et l ’eau
sous le ; Scorpion; En continuant et répétant
la série , le feu prit un nouveau
siège dans la flèche , où l’arc du Sagittaire,
la terre au Capricorne , 'Pair'au
vase du Verseau, etl’ean aux Poissons.
Le Bélier devintle troisième siège du feu,
le Boeuf ou Taureau celui de la terre,
les Gemeaux de l’air , et le Cancer de
l’eau. Ce qui donna pour le feu , en
tirant des lignes qui lioient entre eux
ses trois sièges, un triangle dont le
Relier, le Lion efcle Sagittaire formoient
les trois sommets. Pour la terre ce fut
un autre triangle dont le Taureau, la
Vierge et le Capricorne formèrent aussi
les trois sommets ou angles. Le triangle
de l ’air appuya ses trois sommets sur
les Gemeaux, la Balance et le Verseau.
Enfin le triangle de l’eau eut les siens
fixés au Cancer , au. Scorpion et aux
Poissons. Ce qui donna quatre triangles
(] ’ Diogen. Laert. 1. a . y, Anaxag. p.
(4) Firmic. 1. 2, C. u . *
(élémentaires, qui par leurs différons
[sommets fixèrent le lieu ou le siège des
|élémcns dans les douze signes , d’où dé-
[couloient toutes les qualités qui carac-
térisoient la Nature de chaque élément.
Cette théorie trouvera son application
dans le traité d’Isis et d’Osiris, où Plutarque
dit, que lé soleil étant au Scor-
Kpion et la lune pleine au Taureau, on
Spletiroit la mort d’Osiris, époux d’Isis,
jet l’on faisoit une figure formée d’un
(mélange de terre et d’eau ( 1 ) , par
raison d’analogie avec la Nature de
[ces deux Divinités. Isis ou la lune étoit
[au Taureau, siège de la terre pet Osiris
ou le soleil au Scorpion, siège de l’eau,
[ils partagèoient donc alors la Nature
du signe et de l’élément dont chacun
de ces signes étoit le siège ; c’est-à-dire
de l’eau et de la terre.
| Nous avons vu qu’il n’y a pas un’
kles quatre élémens, a qui quèfque secte
de philosophes n’ait attribué la prééminence
sur les autres, suivant lés differentes
manières qu’on supposbit qu’ils
agissoient dans la Nature et clans le
grand ouvrage de la végétation sublunaire.
Le feu , la terre, l ’eau, et même
l air , se sont disputés cette prétoga-
jtive d’élément primitif, duquel tout
naît et dans lequel tout se résout. Mais
puelque partage qu’il y- ait eu dans lés
bpmions sur cette priorité ,' il semble
bue le feu est: celui de tous ;; dont la
jpréemrnence ait-été plus généralement
reconnue',-sur-tout à cause de son àf-
Imité avec le feu éther qui'est ën quelque
porte sa partie la ( tins épurée, celle dont
l°n fit une cinquième substance. Malgré
P respect: de l’Egyptien pour l’eau, il
.nettoit Vulcàin à 'la tête de tous ses
ieux, et lecsoleil" n’étoicque Son fils.
Pythagoriciens faisoient du feu
^Menrent. central de l’Univers., lé prin-
dpe clemiourgique qui vivifioit la terre
A |g| en é car toit le froid de la mort) ( 2 ).
v et<n!, suivant les uns, la -forteresse
(■ ) Pim. de I^d. p. ;566.d -
m iunpl. m Ajàst.de Cæl. 1. « g i i 4.
I99
dans laquelle Jupiter hahitoit ; selon
d’autres , il composent sa garde ; selon
quelques autres, c’étoit là son trône. Ce
Sont autant de comparaisons différentes
par lesquelles les anciens exprimoient la
. Nature du Dieu , source clé lumière ,
de chaleur et de- vie , et en général de
tout le bien de la Nature. Car Jùpiter
étoit pour les Grecs, ce. qu’Oromaze
étoit pour les Perses.
Parmi les raisons qu’ils donnoient des
motifs, qui leur avoit fait placer atf centre
.cle l’Univers ce feu sacré, éternel, ce
foyer de lumière éthérée, autour duquel
circule la terre, comme fous les
autres astres, ils disoient qu’il convenoit
à la substance la plus précieuse d’occuper
la place de 1 Univers la plus distinguée,
et que cette place étoit le centre.
Suivant Philolaüs (3 ) , c’étoit le soleil
qui réfléchissoit vers nous les rayons
de ce feu central universel. Son système;
rentrait dans celui que Copernic trouva
depuis, et qu’il établit sur «ne meilleure
basé que celle des. convenances. C’étoit;
autour de ce feu central, que le ciel, le
soleil, la lune et les planètes (^ “tournoient,
comme autour du foyer commun
de Ta Nature. Philolaüs donnait
le nom d’OIympe à la substance pure,
cjui. circuloit vers la circonférence' de
cet immense cercle des cieux suprêmes,
qui comprennent sous eux les orbites
planétaires, et qui sont dans un mouvement
éternel. C’étoit là proprement,
clans cët intervalle inférieur où ; les
sept yslanètes rouloiêntavec ordre „ qu’il
plaçoit ce qu’on appelle monde ; au-dessous
du monde, et de la lune, qui en
est le terme, étoit l’espace qu’occupe
la Nature , laquelle est dans un état de
itération èt de changemens éternels. II
lui donnoit le nom de ciel.; c’est ce ciel
dans lequel le peuple croit que voyagent
les nuages.
Dans le système de Philolaüs, le feu
comme on vient de le voir, est la plus
(3) PIut. de Pfac. phil. I. 2 , c .ia , p. qpo.
(4ùS^lée, Ed. Phy. 1. 1, ç, 24.
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