étaient en conjonction , fixeront principalement
L’attention de celui qui cherchera
à expliquer les fictions relatives
à ce commencement d’année, soit chez
les Juifs , soit chez les autres, peuples,
qui ont eu des eommencemens d’année -
en automne. Tels étoient ceux, qui
avoient des années de six mois , d’un
équinoxe à l’autre, et qui avoient séparé,
comme la Nature, la.révolution
du soleil, et la marche progressive de
la végétation en deux parties, dans le
sens où elles forment le contraste le
plus sensible , soit dans les rapports
d’excès de durée des Jours sur les nuits,
et des nuits' sur les Jours, soit par le
changement de face pour là terre, tour
a tour fécondé et stérile , ornée ou
depouillee de toute parure. Ces limites
sont les points équinoxiaux.
On trou voit en Syrië, chez les habitant
d Antioche, une Ere ou période, qui
commençoit aussi vers 1 équinoxe d’automne
(1). Ainsi nous avons des exemples
de commencement d’années- aux
quatre grandes époques du mouvement
du soleil , et du commencement des
saisons , conformément à ce que Pto-
lemée et Julien nous avoient annoncé
plus haut | et nous venons de voir,
quelles observations il étoit important
de faire sur les lieux du soleil et de la
lune, et sur leurs rapports avec les signes
et les constellations dans ces quatre
époques. V 1
, Jl.nous reste encore une distinction
a faire sur le départ de l ’année ; c’est
celle de l’heure, à laquelle on la faisoit
commencer. Si c’est le matin, au lever
du soleil, ou le soir à son coucher, les
aparences sont à-peu-près les mêmes :
mais si c’est à minuit, elles ne le sont
que pour le signe, qu’occupe le soleil,
et non pas pour les constellations, qui
se lèvent ou se couchent au moment
du départ de la période. Il faut donc
alors mettre le signe, qu’occupe le so-
Jfiil au méridien inférieur, pour avoir
l’état du ciel à minuit, si c’est à minuit,
que commence l’année et le jour
comme chez les Romains et chez nous'
ainsi que chez les premiers Chrétiens!
C’est par-là qu’on verra que , si on met
au méridien inférieur le signe du capricorne
, consacré à Saturne , et qu’occu-
poit le soleil du temps de Numa, on
apercevra au bord oriental une première
étoile, qui annonce l’année, près
des pieds de la vierge céleste ; c’est
celle que Plutarque appelle Janus. Avec
elle monte aussi le vaisseau céleste, qui
fut empreint avec la tête de Janus sur
lamonnoie Romaine. Cette même vierge
étoit représentée , dans les anciennes
sphères, avec un jeune enfant, qu’elle
allaitait , et qu’on appeloit Jésus et
Christ ; et dès-lors, nous aurons le mot
de 1 enigme de la fable des Chrétiens, sur
le Dieu du jour et de l’année, qui nais-
soit dans les chastes flancs d’une vierge
à minuit, au lever d’une étoile, qu’oo-
servoient les Mages.
Si c est le matin , on observera les
astres, qui se lèvent immédiatement
avec le soleil , et semblent conduire son
char. Tel paroît le cocher céleste, où
1 on plaça Phaéton, fils du Soleil , et
qui prit les rênes de ses chevaux,
d’après un défi d’Epaphus , fils d’Io ,
ou de la Deesse qui siège au taureau,
sur lequel le cocher est placé. On y
verra une allusion manifeste à la fonction
de guide des. chevaux du soleil,
que remplit cette constellation tous les
ans , lorsque le soleil arrive au taureau,
ancien signe équinoxial du printemps.
On y trouvera aussi l’origine de la fiction
sur ses malheurs dans son coucher,
qui est accompagné de celui de l ’Eridan
céleste , au-dessus duquel il plane, et
qui descend au sein des flots avec lui,
au moment où monte sur l’horizon ce
fameux scorpion, qui effraya lès che-
veaux de Phaeton , et causa sa chûte
dans les eaux du fleuve, q,ui' est au-dessous
de lui..
t'ÎPetav. Ru, Tetnp. pvt. i , 1. j , c.
J’en dirai autant de Persee , placé peuples le comptent d’un matin à l’autre,
dans les limites, du même équinoxe , et tels que les Babyloniens (3). J,es Athé-
qui fait coucher la vierge et la queue niens, au contraire , comptaient le jour
[de l’hydre, qui se trouve au bord oc- d’un soir à l ’autre (4). Ainsi faisoient les
fcidental avec la tête de la vierge, Gaulois, qui se disoient tous descendans
Uoment ou le sabre de Persée paroît de Pluton (5), ou de la constellation du
sur l’horizon. C est cette tête coupée et serpentaire, qui, le jour de l’équinoxe
[entortillée des replis de. l’hydre , que de printemps, fixoit le départ de la nuit
l’on mit ensuite dans la mam de Per- par son lever du soir, et en automne
sée, sous le nom de la tête de la fameuse celui du jour par son lever du matin!
Méduse. _ C’était à minuit (6), comme nous l’avons
Si c est sur 1 année solstitiale , qui déjà d it, que les Romains fixoient le
commençoit au matin , qu’on a des ob- commencement de leur jour civil.
servations,à faire, on remarquera prin- Toutes ces différences sont bonnes à
cipaleinent les deux chiens, Sirius et observer dans l’explication des allégo-
iProcyon, et la tête de l’hydre à l’Orient, ries sacrées des différens peuples, sur
et au couchant la constellation d’Her- le temps et sur les astres, qui en fixent
cale, chef de l’année solaire , et héros le commencement et les principales di-
|des douze combats.^ I visions. On trouvera dans Censorinus
Si c est sur une epoque du soir de les détails nécessaires sur les différentes
l’année solstitiale, on observera le ver- périodes célestes, et sur les points de
«eau, et le cheval Pégase. Si, au cou- leur départ et de leurs divisions chez
kraire, il s agit d’un commencement au les diverses nations. Nous -y renvoyons
loir; de l’année équinoxiale , on consi- le lecteur. 1 1
tlérera encore l’Hercule céleste , mais Nous ne parlerons pas des autres
bu bord oriental, ainsi que le Serpen- petites divisions , telles que celles des
paire, Cadxnus, Jason, Êsculape, &c. heures, - au nombre de vingt-quatre
IToutes ces distinctions pourront avoir qui se partagent le jour et la nuit ou
différens peuples, et pour la totalité de la révolution du ciel chaque
|differens siècles. jour. On observera seulement, qu’on a
■ La période sotlnaque , ou l’année quelquefois appliqué au jour la division
|«f Dieu> anne? vague, mais grande des âges, qui fut 'appliquée à l’année
pliez les Egyptiens , commençoit au et qu’on le peignit comme un enfant
fcolstice d été le matin. Comme les Egyp- à son lever, comme un homme à son
bens eurent plusieurs années, corsé- midi, et comme un vieillard à son cou-’
Kuemment ils durent avoir plusieurs cher. C’est la peinture que Martianus-
pommencemens de révolutions , soit Capella (7) fait du Dieu-Soleil qu’il
solaires, soit lunaires. Ils eurent un introduit dans le sénat des Dieux et
pommencement d’annéeau soir, puis- à qui il donne une grande partie’ du
qu ils comptèrent du soir le commen- costume, que Jean, dans son Apoca-
pement du jou r, suivant Isidore de Sé- lypse, donne au Génie lumineux , qu’il
LI e W- Les Arabes et les Mahomé- appelle le fils de l’homme, et qu’il place
;ans (2) 1 au rapport de M. Hyde , au milieu des sept chandeliers, ou des
prennent aussi le coucher du soleil pour sept grands flambeaux de la Nature
[e commen cernent de leur j our, qui finit sur lesquels il répand sa lumière. Comme
au coucher du soleil suivant. D’autres les saisons, le jour fut une divinité chez:
(0 Isid. Orig 1. ç , c. 10.
(•5) Ç®s. de Bell.- Gall. 1.- 6 c. 17..
j1) Hyd. Vet.'Pers. Relig. c. 17, p. 213.
v3).(o)MUcrob. Saturn. 1. r , c. 3.
Plin. 1. 2, p. 77.
1.(7) Martian. Capel. de Nupu Phil. 1- 1 y c. 4,
(4) Macrob.. i. Sat. c. j..