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ait pu ne lui donner d’autres bornes
que celles de l’univers. En effet , l ’orient
et l'occident, les deux termes naturels
de la course du Soleil chaque
jour, étoien t aussi les termes des courses
d’Hercule. Comme on montroit à Cadix
ou aux bords les plus reculés de l’Occident,
et dans le Pont ( i ) , les colonnes
qu’avoit posées Hercule, pour terme
de ses voyages vers le couchant , et
aux rives du Pont-Euxin ; on montroit
aussi, dans l’Inde, deux autels qu’Her-
cule avoit élevés, pour marquer le terme
de ses courses en Orient (2). Bacchus
en avoit faitautant, et Bacchus, comme
nous le verrons bientôt, n’étoit que
le Soleil. Les Indiens célébroient autant
Hercule que Bacchus ,■ et montraient,
dans leur pays, beaucoup d’éta-
blissemens de ces deux héros (3 ) . Us
peignoient Hercule avec la massue, et
avec la peau de Lion, comme faisoient
les Grecs.. Ils célébroient sa valeur, et
publioient qu’il avoit délivré la Mer et-
la Terre des monstres et des tyrans , qui
les infestaient. Il avoit, suivant eux,
partagé l’Inde à ses enfans, et avoit
bâti dans leur pays plusieurs villes , et
entre autres , Palibothrft (4 ) , Après
avoir quitté le séjour des mortels, il
était allé jouir aux cîeuxde l’immortalité,
qu’il avoit'méritée.
Depuis les plages du Midi et de
l’Ethiopie .jusqu’aux froides régions de
Germanie, et aux isles voisines de la
Bretagne, le nom d’Hercule était fameux
, et ce Dieu avoit des adorateurs
à Meroe ( 5) , capitale de l ’Ethiopie. Le
culte d’Hercule était uni à celui de
Pan ., une des premières et des plus
anciennes Divinités de l’Egypte. LesDé-
dcbes , au fond de 1 Arabie , respectaient
son nom , et accordoient 1 2 3 4 * 6
(1) Serv. in Æneid. 1. 11 , v- 26s.
(2) Soiin. p. 124.
(3) Diod. Sicil. I. 2, c. 88, p. 152.
(4) Arrian. de Reb. Indie. p. >74.
(7) Straban, 1. 17 , p. 822.
(6) Agalharchid. p. 59.
17) Strabon.l.17, p. 828. Salfust. Jugurth. c.iR.
l’hospitalité aux Grecs , qui p
soient pour avoir vu naître chez e *"
Hercule (6). Les peuples voisins d*
mont Atlas , et tout le pays, Con 0
sous le nom de Mauritanie, croyoieJî
descendre de peuples, qui avoient ac
compagné ce héros dans son expéd'
tion en Hespérie (7).
Les Carthaginois , Clonie de Tyr
et de Sidon, tenoient encore à la ml
tropole_, par le culte d’Hercule , et gj
envoyoient à Tyr des députés tons
les ans, pour assister à la fête de ce
Dieu (8). Annibal jurait, sur l’Autel
d’Hercuîe à Cadix, une haine éternelle
aux Romains. En bâtissant
Carthagène en Espagne , ils consacrèrent
à ce Dieu une Isle , sous le nom
d’Isle d’Hercule (9).
Leshabitansdel’isled’Ogygie(i0),près
de la Grande-Bretagne, faisoient d’Hercule
leur première Divinité, et lui don-
noient même rang avant Saturne , Planète
dont ils observoient le retour au
Taureau Equinoxial tous les trente
ans (11), j
Les Gaulois honoroîent leur Hercule
Ogmius (12).
Les Germains avoient consacré à
Hercule une de leurs forêts (i3). Cadix,
située à l’extrémité du monde connu,
et au bord de la mer Atlantique, n’étoit
pas plus fameuse par son commerce,
que par le culte d’Hercule , que les
Phéniciens y avoient établi, dès la plus
haute antiquité. Là on voyoit, dans
son temple, deux colonnes de bronze,
de huit pieds de haut, et Une fontaine sacrée
(14). C est ainsi, que près du temple
d’Ammon en Lybie, on du temple de Jupiter
Soleil Printanier , on montroit la
Fontaine du Soleil; on voyoit à Trezène,
1®) Quint. Curt. tj 4 , c. 8. Tit. Eiv. I. 21.
(9) Stnb- 1 .3 , P-. 159.
(10) Plut, de Fac. in Orbe Lunæ, p. 941.
(11) August. de Civ. Dei, 1, 18, c . 12.
(12) Lucian. t. 2. Herc. Gall. p. 3,17.
(13) Tacit. Annal. 1. 2, c. 12.
(14) Strab. 1. 2,p. 170-172. Pauian.in C er.pyfl
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celle d’Hercule , et près de Cyrène, sur la
côte de L ibye, on montroit celle d’Apollon
, ou du Dieu Soleil, sous un autre
nom(i). A Marathon, où l’on adorait
Hercule, on voyoit aussi une fontaine
[consacrée à la fille d’Hercule (2). Plusieurs
isles voisines de Cadix, et de
l’E spagne, portaient le nom de ce même
Dieu (o). Ce qui ne doitpasnous étonner,
quand nous savons, que les Phéniciens
avoient formé des établisse-
mens dans tous cës parages, et que la
[grande Divinitéde Tyr était Hercule (4).
[Le temple, que -ce Dieu avoit dans
[cette ville , était aussi ancien qu’elle
[et Hérodote le faisoit remonter à plus
de deux mille trois, cens ans , avant
le siècle où il vivoit (5). On y voyoit
aussi deux colonnes, l’nne d’or, et
[l’autre d’émeraude qui jetoit beaucoup
j d’éclat la nuit; comme si on eût voulu
Ipar-là désigner les deux temps de la
«évolution céleste , et leur division en
[lumière du jour, et en lueur de la
nuit, éclairée par la Lune , et par les
autres astres. Ces mêmes Phéniciens
[avoient porté son culte dans l’isle de
[Tliase (6), et à Erythrée en Ionie (7),
[et lui avoient bâti là un temple, plusieurs
[âges avant le siècle où l’on fait vivre
1 Hercule Grec, pu celui quiprit naissan-
Ice clans la ville de. Thèbes , fondée par
[Cadmusf, ou par l’Hercule phénicien ,
lqui lui-même n’est pas différent de
S Hercule adoré à Thèbes, dans la haute
(Egypte, et qui semble avoir été le père
jet le modèle de tous les tlercules du
Fnonde. Aussi Hérodote dit-il , qu’il
[etort un très-ancien Dieu en Egypte,
pt il en fait remonter le culte, jusqu’à
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près de dix-sept mille ans avant son
siècle (8). Cette antiquité n’a rien d’éton-
nant, quand on fait , comme nous,
d’Hercule le Soleil, dispensateur éternel
du temps et des siècles. Je ne parlerai
pas de son culte chez les Grecs,
ni chez les Romains ; il suffit de dire
qu’il n’est pas un canton dans la Grèce,
où l’on ne lui trouve des adorateurs. Cette
universalité et cette antiquité du culte
rendu à Hercule se conçoivent, quand
on le rapporte au Soleil, divinité des
Phéniciens, Egyptiens(9), etc. Si fious
voulons y voir un petit Prince Grec déifié,
que de difficultés à résoudre ? Son histoire
n’est plus , sons ce point de vue,
qu’un tissu d’absurdités, et d’aventures
invraisemblables. Toutes les dates sont
confondues, et on est obligé d’imaginer
une foule d’LIercules, soit pour
s’accorder avec la Chronologie, soit
pour éviter les contradictions , que présentent
entre eux une foule de faits. Il
faut, pour ainsi dire, multiplier les
Hercules, à mesure que l’on en a besoin,
pour rendre raison de tout, comme
autrefois on multiplioit les Epicycles ,
pour expliquer toutes les apparences
des planètes, jusqu’à ce que Copernic
eût fixé l’opinion dessavans, sur le
véritable système du monde. Je laisse
au lecteur à juger par cet essai , si
le nouveau système Mythologique fera ,
dans l ’étude du Ciel Poétique , la
même révolution, que le système de
Copernic a fait dans l’étude du Ciel
Physique , et s’il conciliera une foule
de discordances, que, sans lui, il est
impossible de ramener à l’unité de plan,
et d’accorder entr’elles.
(1) Eusthat. in Dionys Perieg v . 213.
J (4 Pa usa». Attic. *
I ( 3 ) Strab. 1. 3 , p. 170.
I (4) Strab. 1. 16, p. 7C7.
[ (5) Hérodot, 1.2 , c. 44.
(6) Herod, ibid.
(7) Paus&n. Bæot. p. 302;
(8) Herod. 1. 3 , c. 43.
£9) V, ci-dess. f. 1 , c. 1. p. 4.