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bien et celui du mal, entre Dieu et le
Diable, etc.
Il s’agit actuellement de savoir quels
sont les signes du bien ; quels sont
ceux du mal , et où commencent et
finissent les domaines' des deux principes
, dans la division du Zodiaque.
Les Perses eux - mêmes nous rapprennent.
Ils lisent l’époque de la durée du
bonheur de l’homme, depuis l’Agneau
ou depuis le signe équinoxial du printemps
, jusqu’au signe de la Balance,
qui occupe l ’équinoxe d’automne. L à ,
suivant eux, le mal s’introduit dans
l ’Univers ( 1 ) , sous le septième mille
de la division de la révolution totale
du monde ; c’est-à-dire qu’ils font commencer
et finir le bien de la Nature,
et le règne du bon principe, aux époques
mêmes de la révolution annuelle, où,
commence et où finit de se faire sentir
l ’action bienfaisante du soleil, dans les
graduations successives de la chaleur
et de la durée du jour. Ce sont ces
six premiers signes , qu’ils appeleut les
mille de Dieu, et les six autres, qu’on
peut appeler les mille du Diable, pour
me Servir de cette expression. Le temps,
suivant le Boundesh , ou suivant la
Cosmogonie des Perses ( 2 ) , est de
13,000” ans. Le mille de Dieu sont
l’Agneau, le Taureau, les Gemeaux, le
Cancer, le LionelVEpi , ou la Vierge ,
ce qui fait 6,000 ans. Après les mille
de Dieu la Balance vint, et Ahriman
ou Pétîârêh parut dans le monde. Après
les mille de Dieu vint le Scorpion, et
Zoack agit pendant mille ans, etc.
Il résulte de ces passages, tirés des
livres sacrés des Perses, que les six
Dieux d’Ormusd, qui chacun président
ù un bien physique ou moral, sont les
Divinités tutélaires des six premiers
signes, à compter dCAries, ou du premier
signe du printemps, et que les six
autres, qui les combattent et qui contrarient
leurs opérations , ou détruisent 1
(1) BçirçdeühJt. 2,p. 35J..
leurs effets, sont les six signes suivans
que parcourt le soleil, depuis le moment
où la végétation commence à
s’altérer, jusqu’au moment où la Nature
se régénère au printemps, sous les
rayons du soleil en conjonction avec
le signe équinoxial, soit l’Agneau, soit
le Taureau. Car tous deux ont successivement
occupé cette place. D’ailleurs
c’est dans le Zodiaque que réside la
principale-cause des effets sublunaires,
comme l’a très-bien observé Ocellus de
Lucanie ; et c’est de lui que découlent
les influences bonnes ou mauvaises des
planètes, qui y circulent.
Il ne doit donc nous rester aucun doute
sur le sens de la division première des
douze Dieux de la théologie des Mages,
dont six font le bien sous l’empire
d’Ormusd leur chef, et six autres le
mal sous celui d’Aliriman pareillement
leur chef. Ces Dieux se mêlent dans
le monde sublunaire, et combinent leurs
influences avec celles des autres constellations
, lesquelles sont au nombre
de trente-six, comme nous l’avons déjà
observé. Ces trente-six constellations
extra-zodiacales, en se groupant sous
la bannière des douze grands Dieux ou
des „douze signes , chacun en égal
nombre , présentent une nouvelle division
du ciel en quarante-huit constellations
, dont trente-six hors des signes,
et douze dans les signes. Car chaque
signe où chaque douzième du Zodiaque
est figuré par une image, appelée la
constellation du signe {yyyy ); ce qui
nous donne quarante-huit images célestes,
ou Astérismes, qui sont autant de
Dieux, dont vingt-quatre se rangent du
côté du principe lumière, et vingt-
quatre du côté du principe ténèbres.
Ce sont - là les quarante-huit Dieux,
dont vingt-quatre sont bîenfaisans et
vingt-quatre malfaisans, qui partagent
entre eux la sphère céleste , et par lews
influences contraires versent le bien et
le mal, qui se trouve mélé dans le monde,
D) Zend-Ayçsta, t. », p. 42 t.
R E L I G I O N U Â I V E S E L Ï , E. a3f
{Uore par l’oeuf mystérieux des Mages.
C'est dans cet oeuf qu’ils se mêlent ,
qu’ils se combattent, qu’ils circulent en
sens contraire , et qu’ils triomphent
successivement l’un de l’autre, suivant
qüe le soleil s’approche ou s’éloigne de
îios climats.
Toutes les fables Cosmogoniques n’ont
d’autre but,que d’exprimer cette marche
opposée, et ces chocs des deux principes
dans la fuecession des saisons et des
phénomènes, qui y correspondent, soit
au ciel dans les signes ou dans les causes,
soit ici-bas dans les effets. Voilà tout le
secret des Mages et le mystère de l ’oeuf
consacré dans toutes les cérémonies ou
traditions religieuses de l’antiquité.
C’est cet oeuf symbolique,que les Egyptiens
faisoient sortir cfe la bouche du
Dieuinvisible, appelé Kneph. Il est connu
dans les mystères de la Grèce , sous le
nom d’oeuf Orphique. Les Corésiens (1)
en faisoient sortir leur dieu Chuinong;
les Egyp tiens leur Osiris, (a)les Orphiques
modernes le dieu Phanès, principe de
lumière 5 ( 3) les Japonois le font briser
par leur taureau sacré , qui eu fait éclore
le monde; les Grecs le plaçoient aux
pieds de Bacchus ,dieu à cornes de taureau.
Aristophane en fait naître l’Amour,
(4) qui avec la nuit organise le
cahos. ( z z z z ) Nous verrons ailleurs
reparoîtré ce symbole religieux dans les
mystères. Il nous suffit de dire ic i, que
les anciens conven oient tous , que cet
emblème sacré représentoit le monde ;
et c’est évidemment ce qu’il désigne
dans la fable des Màges, sur l’oeuf
d’Oromaze.
On peut concevoir un oeuf mi-parti
blanc , mi-parti noir, coupé par le milieu
en deuxj*calottes ou hémisphères,
et ceint obliquement d’une bande circulaire
, dont la moitié est dans l’hémisphère
blanc , et l’autre moitié dans l’hé-
nnsphèré noir. Divisons en douze parties
égales cette bande circulaire; il s’en
trouvera six dans la partie blanche, et six
dans la partie noire. Supposons ensuite
trente-six imagés hors de cette bande,
et douze dans cette bande ; nous aurons
quarante-huitimagesde Dieux, qui couvriront
la surface totale de l’oéuf, et dont
la moitié servira à marquer les graduations
de l’hémisphère blanc , et l ’autre
moitié celles de l’hémisphère noir. Voilà
l'image symbolique du monde divisé en
deux principes, sous-divisé en douze cases,
et figuré par quarante-huit images.
Cés images groupent les astres de bonne
ou ; dangereuse influence , d’après la
distinction établie par les Caldéens,
comme nous l’avons vu plus haut.
Il suit de-là,que classant les astres d’après
les effets produite par leurs levers
et leurs couchers , les astres du printemps,
tels que le Bélier, le Taureau,
le Cocher et la Chèvre Amalthée , seront
rangés au nombre des astres bien*
faisans ; et que les astres d’automne ,
tels (jue la Balance , le Scorpion , le
Serpent d’Ophiucus et le Dragon des
Hespérides, qui se lèvent avec eux, fourniront
les formes du principe malfai-
sant -et seront regardés comme signes
ou comme causes des effets produits à
cette époque. C’est sous cette forme ,
qu’on, re c oit h oîtral es de ux principes dans
les fables anciennes; et c’est par les rapports
des, aspects de ces astres, qu’on
expliquera leurs combats et leurs triomphes.
Nous ferons usage-de cette méthode ,
dans l’explication de la fiction sacrée
de Zôroastre et de 'Moïse, sur l’introduction
du mal dans le monde par la
Balance ou par la femme porte-balance,
et par le Serpent et le Dragon des Hespérides,
dont la tête monte sur l’horizon
en même temps que le signe de la Balance
, et qui par ce lever fixe le commencement
du règne du mauvais principe
, dont l’origine est au septième
(’) Cont. d’Orv. t. j , p. 175.
W Biod.-SiciX. I. i, c. 29, p. 32,
(3) Athenag, leg. p. 70.
(4) Aristoph. de Avili, y. £93.
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