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vie de Typhon, ajoute qu’il apu toutdire
Sur son compte , sans crainte de violer le
'secret des mystères : car il n’y a rien
3e sacré ni de mystérieux, qui puisse
appartenir à un être de nature terrestre
et ténébreuse ; au lieu que le secret et
le mystère regardent Osiris , dont la
pâture divine ne doit pas être dévoilée
dans upe narration. Quant aux'détails
de sa naissance , de son éducation , de
son élévation au Trône,, et des conspirations
formées contre lu i, Synésius
dit qu’il les a donnés , et qu’il a pu les
donner. Il croit pouvoir également
peindre son retour et la joie du peuple,
qui, la tête ceinte de couronnes , court
au-devant de lu i, et célèbre ce retour
par des fêtes de joie , par des illuminations,
par des distributions de présens
, et sur-tout en donnant son nom à
Tannée., honneur' qui naturellement
appartient au Solejl ; car il en est le chef
Ctlepère(oo). Osiris n’abusa pointde son
triomphe , et il usa de clémence envers
son frère (1) , qu’il sauva de la fureur
du peuple ; et en cela , dit l’Auteur,
on doit plutôt louer sa bonté que sa
justice. Icj Sypésius s’interrompt, dans
la crainte d’én ftop dire sur Osiris , et
de trahir le secret des mystères , qui
ne peuvent être1 dévoilés , sans que l'indiscrétion
ne soit punie des plus grandes
peines.
Il ajoute seulement à sonrécjt (pp) ,
que le retour d’Osiris ramena l’âge d’or
et ces siècles heureux, qui ne linirent,
qu’au moment, oq Thémis, autrement
la Vierge, qui est, dit-il, au nombre des
Constellations , eut quitté la terre (2).
C’est-là, continue Synésius, cet âge d’or
chanté par les Grecs , et qui n’est autre
chose -, que la durée heureuse du règne
d’Osiris. Cette tradition cosmogonique
rentre absolument dans notre théorie,
comme on l’a déjà vu dans notre char
pitre sur les deux principes , et .pomme
on le vérra encore dans notre expliea-
(1) Ibid. p. 124.
(z) Ibid. p. 1*4.
N I V E R S E L L E .
tion des premiers chapitrés de la Genèse
et de la Théologie de Zoroastre. Nom
y prouverons, que l’âge d’or des anciens
le paradis terrestre de Zoroastre et dé
Mpise, ne sont autre chose , que l’ex.
pression figurée de l’état dans lequel
se trouve l’homme des climats septentrionaux
, depuis l’Eqüinoxe du prin.
temps jusqu’à celui d’automne, et durant
tout Je temps que lu terre éprouve l’action
féconde et bienfaisante du Soleil
qui enrichit sa surface de productions
de- toute, espèce. C’est alors, que
l’homme éprouve l’heureuse influence
du principe du bien et de la lumière
d’Ormusd , d’Osiris, du Dieu bon, etc,
jusqu’à ce q’uen automne il passe sons
l’empire d’Ahriman , de Typhon J
du Prince des ténèbres, ou du méchant.
Alors la Balance , qui étoit autre,-
fois entre les mains de la Vierge
célestp, appelée par cette raison Thémis,
montoit au C iel, ou se dégagoit le malin
des rayons du Soleil, qui alors passoit
dans les signes inférieurs 3 tandis qu’au
printemps , cet astre repassoit dans les
signes supérieurs , dont le premier étoit
le Taureau , auquel succéda ensuite
l ’Agneau, et venoit réparer la face de
la nature , ou, comme Osiris, ramener
l ’âge , d’or par son retour. Voilà tout le
mystère. C’est une allégorie cosmique
sur le système des deux principes. Aussi
l’Evêque Synésius finit-il son récit,
commç il l’avoit commencé , en mettant
sous les yeux de son Lecteur le
système de la double ame du monde (3),
et celui des deux tonneaux de Jupiter,
dont l’un contient le bien et l’autre le
mal, qui se répandent et se mêlent dans
le monde sublunaire. Cette derme;«I
allégorie , empruntée d’Homère, est
également rapportée dans le Trait?
d’Isis , par Plutarque (4) , à l’endroit ou
il parle de la Providence, et du système
des deux principes, qui fait la base de?
allégories sacrées de tous les peuples >
(3) Ibid. p. 126.
(4) Plut, delside, p. 369,
et
R E L I G I O N U N I V E R S E L L E . 3^3
principalement de celles des Mages
et des Egyptiens , ou des fables faites
sur Osiris et Typhon , sur Ormusd et
sur Ahriman.
Ormusd ou Osiris étant le principe
bienfaisant, qui nous verse la lumière, il
n’est, doue pas étonnant que les Auteurs
anciens nous aie ni dit , comme nous
l’avons vu plus haut, que le fameux Osiris
des Egyptiens etoit l’astre, qui rassemble
le plus en lui de substance lumineuse 1
l’astre qui paroît être le foyer de la
lumière universelle du monde , ou le
Soleil. Son ennemi naturel., ce sont les
ténèbres.^ Il n’est- donc pas surprenant
que Synésius nous ait dit également,
que Typhon, rival d’Osiris , étoit, par
sa nature , l’ennemi né du Soleil et de
la lumière du jour ( 1 ). C’est la
rivalité ou l’opposition nécessaire et
éternelle de ces principes , qui se chassent
mutuellement , et qui se détrônent
à chaque révolution annuelle, aux deux
époques, printemps, ou sous le Taureau,
et automne, ou sous le Scorpion , que
les Sages de l’Egypte ont voulu décrire
sous la forme d’une Histoire ,
conformément au génie allégorique de
ces peuples et de ces siècles-là. Mais
Synésius nous avertit en commençant
son Histoire, que c’est la fable sacrée
â un peuple en réputation de sagesse ,
et qu on doit lui supposer un but plus
éleve, que celui d’une fable ordinaire.
Quel est ce but, si ce n’est celui d’expliquer
la grande énigme du bien1 et du
mal de la nature , dans le système de la
Providence ? Quel est lè héros principal
«e la fiction ? Le Soleil ou le Dieu qui
secondera nature par sa chaleur, et qui
1 embellit par sa lumière. C’est donc une
|table sacrée faite sur le Soleil, considéré
dans ses rapports d’astre bienfai-
sant à notre égard, par opposition au
jpnncipe de résistance et de mal, qui
est attaché et inhérent à la nature de la
Ratière grossière, qui compose le monde
élémentaire et terrestre où nous habi-
(’) Synes. p. 93.
Rzt- Univ. Tome I,
tons. Toute l’Histoire d'Osiris , tant
celle dont nous avons pris les traits
dans Diodore de Sicile et dans Plutarque
, que celle que nous avons extraite
de Synésius , nous conduit nécessairement
à ce résultat; c’est-à-dire, à y recon-
noître la description des effets produit»
ici-bas par l’action féconde et bienfaisante
du cie l, dont le Soleil est censé
l’ame ; action dont la durée , dans nos
climats , est renfermée dans les six
signes supérieurs , ou entre les signes
de l’Equinoxe de printemps et ceux de
l’EquinoXe d’automne. La circonstance
de sa mort, sous le signe du Scorpion ,
et la forme qu’il emprunte lui-même du
Taureau, dont Apis est l'image, est une
observation que nous avons déjà faite ,
et qui ne doit échapper à personne.
Ces traits seuls et cet accord marqué
avec les formes célestes , sous lesquelles
se développe et s’arrête la force féconde
et bienfaisante du Soleil, forment une
démonstration complète. Si nous y ajoutons
le concours des Constellations principales
, qui fixent ces mêmes époques du
mouvement annuel du Soleil , et qui
entrent, comme' acteurs, dans l’histoire
allégorique d’Osiris , rapportée par
Diodore, il ne pourra rester aucun doute
sur la nature de cette fable , ni sur
l’objet de la fiction, qui est de peindre
les effets produits pendant six mois par
le Soleil, et par les Constellations , qui
se lient à son mouvement. Il suffit de
jeter un coup-d’oeil sur. notre Planisphère
, ou sur la carte , qui retrace
la carrière supérieure du Soleil,
avec les Constellations qui en fixent les
deux termes, pour être frappé de la
correspondance, qu’il y a entre les ta-
blèaux du ciel et ceux de cette allégorie.,
Cet accord doit avoir lieu nécessairement,
si Osiris est le Soleil,nommé toute l’antiquité
savante l’a répété , et si ses
voyages sont la marche de cet astre
dans les signes supérieurs , comme nous
croyons l’avoir fait voir , en dévelop-
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