du soleil : le calendrier marque du
froid ( 1 ). La même constellation in-
diquoit ou produisoit des effets très-
variés , comme on le voit, par ses levers
et ses couchers divers.
Ces différencès ne sont pas à négliger.
Nous avons remarqué qu'elles
entrent souvent dans les allégories sacrées
sur les causes physiques , et sur
les Dieux naturels, qui pour la plûpart
sont des astres. Car l’Astronomie fournira
le plus grand nombre, soit de
Dieux, soit de héros fameux dans les
fables religieuses. La chaleur du soleil
qui vient embraser la terre au printemps
au lever de Persée, donna lieu de
dire qu’il avoit fait descendre le feu du ciel
sur la terre, et l’avoit consacré dans
les Pyrées de la Perse. Le leyer héliaque
du Bootés en automne, le fit regarder
comme le génie tutélaire de la vendange
, qui instruit par Bacchus avoit
appris le premier aux autres hommes
à planter et à cultiver la vigne. Le
Centaure, qui se lève à la même époque,
tenoit une outre pleine de vin, dont
il se servoit pour enivrer les autres
Centaures. Sa position sous labial an ce
le fit déclarer le plus juste des hommes.
Il y avoit des astres que l ’on faisoit
fils de Neptune , ou qu’on appeloit
astres de Neptune , d’autres letoient
de Jupiter. Les premiers, dit Théon (2),
étoient ceux qui indiquoient le calme
ou la tempête. Les seconds, ceux qui
indiquoient les diverses opérations du
labourage. Toutes ces différences trouveront
leur application dans la solution
des allégories sacrées.
On verra tout de suite pourquoi Orion
étoit fils de Neptune et du Taureau, 1 *3 4
(1) Ibid. p. 425.
(3) Théon ad Arat. p. 182.
(3) Virg. AEaeid. 1. 1 , v. 539*
(4) Serv, comme», in AEneid.
à la suite duquel il se lève. Car on j-a
qu’Orion èxerçoit un grand empire sur
les mers, et qu’il prit même de-li
l’épithète d’Orageux, que lui donne
Virgile ( 3 ). Servius, son commenta,
teur , l’appelle le signe fameux, et re-
doutable par les tempêtes qu’il excite (A
Germanicus César (5) dit qu’Orion
par son lever d’hiver , agite la mer
par des tempêtes et inonde d’eaux ]a
terre. Voilà bien des titres pour être
le fils de Neptune,. Lorsqu’il paroît
très-brillant, c’est signe de sérénité
continue Germanicus ; s’il s’obscurcitj
et devient nébuleux , il présage la tempête.
Isidore de Séville dit la même
chose (6). Théon assure que tous les
matelots i’observoient soigneusement,
et qu’ils s’en servoient même pou
connoître les heures de la nuit (f
Ce sont toutes ces circonstances réunies
qui en ont fait un des astres de Neptune
, suivant les principes posés plus
haut par Théon, pour distinguer le
généalogies des différens astres, d’après
leurs influences et les indications qu’ils
donnoient.
Il est encore une autre distinction
des astres , qu’il importe; sur-tout de|
bien connoître, puisqu’elle est la clef
de presque toutes les grandes fables
religieuses, et de toutes, les cosmogonies
; c’est celle qui se faisoit entre
eux , suivant les rapports qu’ils avoieat
avec le bien et le'mal physique, avec
les principes lumières et ténèbres quj
partageoient en commun l’empire de
la Nature. Cette théorie est assez étenj
due, et d’une assez haute importance>
pour faire la matière d’un chapitre
entier. C’est ce que nous allons faire-
(5) Com. Arat. c. 30. ,
(6) Isid. Orig. I. 3 , c. 47.
(7) Tbéçm ad. Arat. p. 177.
C H A P I T R E V.
ISUR L E S D E U X P R I N C I P E S L U M I È R E E T T É N È B R E S .
La distinction des causes, en cause
ctive et passive, nous conduit à celle
es principes, qui tient assez naturelle-
ent à la première , et semble lui correspondre.
Car la lumière, qui est un
je ces principes, vient de la substance
thérée, qui compose la cause active;
t les ténèbres, l’autre principe,viennent
e la terre ou de la matière grossière
mi compose la cause passive. C’est la
Serre qui, par son union avec le Tarare,
engendre Typhon, chef des Puis-
jances ou des Génies de ténèbres, dans
léslode (1 ). Mais elle s’unit à l ’Ether
u à Uranus, lorsquelle engendre les
pieux de l’Olympe, ou les astres encans
d’Uranus l’étoilé ( 2 ).
La lumière fut la première Divinité
les hommes, comme nous l’avons déjà
it ( 3 ) . C’est à elle qu’ils doivent la
puissance du spectacle brillant de la
lature. Elle semble être une émana-
ion du Créateur de toutes choses, en
fndant sensible l’Univers que l’ombre
léroboit à nos yeux , et en lui donnant
en quelque sorte l ’existence, au
Ipins relativement à nous. Car ce qui
lest point vu , est presque pour nous,
jomme s’il n’étoit pas. Les Ténèbres,
T1 cont™ire , replongent la Nature dans
fje espèce de néant, et privent l’homme
je toutes les jouissances, dont son
f1 est l’organe ; c’est-à-dire, de la
pesqué totalité de son existence, surs
il est seul, et abandonné à lui-
| c :u e . "■
L a situations aussi opposées dans
quelles,se trouve l’homme, jouissant
^esiod Theog. v. 821;
v J V. 133, et 106,
pu privé de la lumière, lui ont fait
imaginer deux substances de Nature
opposée, à l’empire desquelles il étoit
tour-a-tour soumis : dont l'une contri-
buoit à sa félicité, et l’autre à son
malheur. La vue de la lumière multi-
plioit ses jouissances ; les ténèbres les
lui ravissoient : l’une étoit donc son
amie et les autres ses ennemies. Il
attribua à l’une tous les biens dont il
jouissoit y et aux autres tous les maux
qu’il éprouvoit ; ensorte que ces mots ,
lumière et bien dévinrent synonimes ,
comme ceux-ci , ténèbres et mal le
furent aussi. Comme le bien et Ife mal
de l’homme ne lui paroissoient pas"
pouvoir découler d’une seule et même
source, non plus que la lumière et les
ténèbres ; il fallut nécessairement recourir
à deux causes ou principes, séparés
dans leur Nature, et Opposés
dans leurs effets qui versoient, l’un la
lumière et le bien, l’autre les1 ténèbres
et le mal dans l ’Univers,
Telle fut l’origine de la distinction
des deux principes admise dans toutes
les théologies, et qui conséquemment
forme .une dés bases principales de"
fout système religieux. Elle doit donc
entrer comme élément premier dans
les fables sacrées, dans les cosmogonies
, et dans les mystères de l’antiquité.
Cette conclusion se trouve appuyée
de l'autorité de Plutarque ( 4 ).
« Il iie faut pas croire, dit ce .philo-
” sophe, que les principes de l’Univers
5’ soient des corps inanimés , comme
» l ’ont pensé Démocrite et Epicure ;
(3) Cî-dessus, 1. 2, c. 1.
(4) De Iside, p. 3S5.