É P î T R E
A M A F E M M E .
U ne Epître dédicatoire a été presque toujours un monument}
que Vindigence et la bassesse élevoient à Vopulence
et à la grandeur. Ces louanges intéressées, que prodiguoit
servilement un Auteur aux Ertfans de la fortune, faisaient
rougir les Muses , ri honoraient jamais celui qui les recevait
, et déshonoraient toujours celui qui les donnoit. Pour
moij quand j ’écrivais cet Ouvrage } lorsqu'ily avoit encore
des Grands j je ne souillois point d ’une pareille tache, les
premières pages de mon Livre • c étoit sous les auspices
de Vhymen, qu il devoit paroître, etlaplusbelle des Muses}
Erato, gravoit sur sonfoontispice le nom de VAmour. E h !
qui devoit, à plus juste titre, recevoir Vhommage de mon travail
(i)_, que celle qui a vu éclore le premier germe de
mon système j qui en a aidé le développement, suivi les
progrès • qui a consenti à s ’expatrier pour le publier , et qui
a su adoucir la^ fatigue etV ennui de seize années de pénibles
( i) L épouse de l’Auteur a un titre sacré à la dédicace de cet Ouvrage.
C est elle qui en a sauvé des flammes la plus grande partie , que
Auteur y alloit livrer , par un sentiment violent de haine contre les
Gens de Lettres, qui persécutent ceux qui travaillent à éclairer leur Siècle.