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qui ne soit sous la protection d’une
étoile, comme les Tribus Arabes. On y
adoré sur-tout Uranus, le Tien , ou le
.ciel, comme le principe universel de
toutes choses. Ce Tien est, suivant
quelques-uns , l’esprit qui préside au
ciel (i) ; mais suivant d’autres , c’est le
ciel matériel.
Le grand Tien est le créateur de
tout ce qui existe ; il est indépendant
et tout-puissant : opinion assez semblable
a celle que Pline met à la tête
de son histoire naturelle, et que nous
avons rapportée ci - dessus. Ils ont
élevé un temple à l’être résultant de
l ’assemblage du cie l, de la terre et des
élémens ; être qui répond ànotre monde
et qu’ils nomment Tay-ki (2). Ils sacri
fient aux génies , et leurs empereurs offrent
des victimes au ciel et à la terre. On
trouve aussi chez eux un temple superbe
consacré aux étoiles du nord (3) ; il est
sous l’invocation du Dieu Petou ; l’image
de cette divinité est un cartel semé
d’étoiles, qui représente les étoiles du
nord, ou les astres circompolaires, qu’ils
nomment Petou. Car, l’astrologie se
trouve établie chez eux dès la plus haute
antiquité , et ils sont persuadés , plus
qu’aucun autre peuple , de l’action du
ciel et des astres sur toute la terre ;
opinion qui caractérise principalement
le Sabisme.
A l’orient de la Chine , les Japonois,
presque séparés du reste du monde ,
tiennent cependant aux autres peuplés
par le lien du culte universel. Es admettent
des divinités qui ont leur demeure
dans les étoiles (4) ; c’est par ces génies
qu’ils jurent. Es adressent aussi des voeux
à des génies qu’ils supposent répandus
dans les élémens et présider aux plan
tes 5 cette religion est la plus ancienne de
ces insulaires, ets’apelle le Sintos, 1 *3 4
(1) Contant d’Orv. 1.1, p. 28.
(al Ibid. p. 5 3 — 69 — 95 — 96, &c.
(3) Relat. de Magalahens. p. 346.
(4) Contant d’Orvill. 1. 1 , p. 218.
Le plus grand pèlerinage de ces
peuples est la visite qu’ils font dans la
province d’Isje , au temple du grand
Dieu , près duquel est une caverne ,
semblable sans doute à la caverne Mi-
thriaque , et qu’ils appellent la Région,
des cieux. Comme dans l’antre de Mi-
thra, représentatif de l’ordre des cieux,
on voyoit le Dieu-soleil monté sur un
boeuf, là aussi on voit un Camis(5) ,
ou génie , monté sur une vache , que
l’on prenoit pour l’emblème du soleil.
Telle aussi étoit cette fameuse vache, placée
dans un temple d’Egypte, laquelle
portoit sur son front le disque du soleil
, comme le raconte Hérodote , dans
l ’histoire romanesque de Mycerinus et
de sa fille (6).
Nous aurons occasion de prouver ailleurs
que le fameux taureau qui a sa pagode
à Méaco , est, comme l’Apis Egyptien
et comme le taureau de Mithra, 1 emblème
du taureau céleste si souvent
invoqué dans les prières des Perses, et
qui occupa autrefois l’équinoxe du
printemps. Aussi Kirker prétend-il que
le culte du soleil et de la lune fut
établi au Japon comme dans le reste
de l’orient, et qu’on y remarque des
animaux symbohques (7) comme en
Egypte j des idoles à tête de boeuf , à
pieds de bouc, à tête de chien , &c. des
idoles à plusieurs têtes, à plusieurs
bras , &c. de petites idoles dorées , distribuées
en neuf ordres , comme nos
Anges, Archanges, Dominations , &c.
La secte des Budoistes adore une de
ces statues symboliques , laquelle a trois
têtes et quarante mains (8). Plusieurs ne
reconnoissent dans cette figure qu’un
emblème du soleil, de la lune et des
élémens, dont l’action réunie produit
tout : le corps désigne la matière première
, et les quarante mains les qualités
(5) Ibid. p. 24®,
(6) Hcrod. in Euterpe , c. 132.
(7) (Edip. t, 1 , p. 407.
(8) Hitt. des Voy. t. 40, p. 264.
céleste*
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célestes et élémentaires , par le moyen
desquelles la matière première prend
toutes les formes.
Enfin , si nous passons dans l’île de
l'ormose , nous y retrouverons encore
la même religion (1) ; il n’y pas neuf
«ents ans, suivant le témoignage d’un
auteur Japonois, élevé dans cettè île, que
ses habitans ne connoissoient point
d’autres Dieux que le soleil et la lune,
qu’ils regardoient comme les deux divinités
suprêmes ; idée absolument semblable
à' Celle qu'en avoient les Egyptiens
et les Phéniciens. Es imaginoient
que les étoiles étaient des divinités inférieures
; tout leur culte se réduisoit à
l’adoration de ces astres le matin et le
soir ; ils leur offroient des animaux de
toute espèce.
On voit donc , par ce que nous venons
de dire , que toute l’Asie, soit
dans son continent , soit dans ses îles,
n’a eu anciennement d’autre culte que
celui de la cause visible et universelle ;
culte tantôt simple, tantôt composé
et savant, mais toujours portant sur là
Nature.
R e lig io n en A friq u e.
Jetons maintenant nos regards sur
ces plages arides que le soleil brûle de
ses leux , et où il fait sentir son empire
plutôt encore' par sa force que par ses
bienfaits , et là même nous lui trouverons
des adorateurs.
Hérodote, en parlant des Ethiopiens,
nous dit qu’ils sacrifient au soleil et à
la lune , ainsi que tous ,les autres Africains
, et qu’ils ne reconnoissent point
d autres Dieux (2). llrnous donne la description
d une fameuse table sacrée qu’il
appelle la table du sô!.e:ii(o). Diodore de
Sicile appuie sop témoignage, lorsqu’il
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nous dit que les Ethiopiens qui habitent
au-dessus de Méroë (4) , admettent des
Dieux éternels et d’une nature incorruptible
, tels que la lune , le soleil et tout
l’univers , ou le monde.
* Héliodore, dans son histoire d’Ethiopie
, nous assure que ces peuples immolent
au soleil ét à la lune les prisonniers
de guerre , comme prémices de
leurs victoires(5). Lorsqu’ils cueillent la
cinamome, ils en font un choix dont
ils Composent 'la portion qu’ils cofisti-
crent au soleil (6). Es adoraient avec lé
soleil, le'jour, ouMemnon, fils de l'Aurore
, qu’ils peignoient sous l'emblème
d’un jeune homme qui se lève et dont
ensuite ils pleuraient la mort,' ou la retraite
(7). Cette figure étoit fabriquée
avec un grand art ; les rayons du soleil
frappant sur ses yeux e t sur ses lèvres ,
lui donnoient un àir animé et faisoièht
entendre un petit bruit d’air agité qui
sortait de sa bouche et qu’on prenoit
pour des sons articulés.
Ces peuples se disoient tous enfans
du soleil, qu’ils regardoient comme leur
premier père(8) J ls ré véroient aussi Bac-
clnis , ou le soleil sous ce nom; car
Bacchusestl’Osiris,ouïe Dieu-soleil des
Egyptiens. Ils avoient tracé sur les murs
du palais de leurs rois , les figures de
plusieurs de nos constellations , telles
que Persée , Andromède, Céphée ,
dont ils faisoient des génies secondaires,
ou des héros. Ils offroient au
soleil- un attelage de quatre chevaux
blancs , par une raison d’analogie semblable,
à celle qu’eurent en vue les Mas-
kagètes, qui consacraient l’animal le plus
léger au Dieu dont la coursé est la plus
rapide. 11s offroient à la lune un attelage
de boeufs, consacrant l’an final qui sillonne
là ferre à l’astré qui en est le plus
voisin (9).
(2; Hérodot. îti Melpqmèiï, c. 188:
(3) Idem. Thalia, c. 18 ; et Scrlin, p. 93.
(4) Diod. 5ie. I..3, c’ é-, jr--179; ;1 - . j
Héliod. 1. 10. Kirke: , (Edip. t., 1 , p. 334.
ReLig. U/iiv. Tome I.
$Solin p. 95.
(j) Philostr. vit. Apoll. 1. 6, c. 3.'
(Sî Heliod. in Æthiopic. I. 4 , p. 175.
{$) Heliod. in Æthiopic. 1. 10 , p. 475.