qui cite également ceux d’Euripide, en
preuve de la même dénomination donnée
au ciel par les Grecs.
Le soleil lui-même , à l’équinoxe
de printemps , prit aussi le nom çle
Jupiter ou de Diespiter, de père de la
lumière et du jour (ss). Le Jupiter-Am-
inon ( i ) , peint avec les attributs du
bélier, en est une preuve , ainsi que les
vers de l’oracle de Claros, cités par Ma-
crobe. On appela pareillement de ce nom
l ’aure universelle du monde (2) : d’où
il résulte , que le J nouer très-puissant et
très-grand, le Roi des Dieux, n’est pas
ici la planète, mais que la planète lui
a été consacrée , comme celle qui avoit
la plus grande correspondance avec le
mouvement du ciel et avec celui du
soleil, le vrai Jupiter, source de lumière
, et aine motrice du monde. En
effet, la période de Jupiter se divisoit
en douze temps, comme le mouvement
du ciel, ou comme le cercle du Zodiaque,
qui est attaché aux fixes, et comme
celui du soleil, qui le parcourt par son
mouvement annuel (te). Chaque année,
Jupiter avançoit d’un signe , comme le
soleil chaque mois ; et 1’un et l’autre
avoient dans lexu~ marche une correspondance
assez frappante , pour que la
planète fut affectée au Dieu suprême ,
principe du jour et chef de l’année.
Ainsi je ne crois pas, que ce soit à la
planète qu’on doive appliquer les attributs
et les actions de Jupiter, mais bien
au soleil, considéré comme ame de la
^Nature. La planète ici ne joue qu’un
rôle secondaire. Au reste , la planète
a tous les caractères du principe-lumière,
du bon principe ; c’est l ’astre d’Ormusd
et d’Osiris , comme Vénus fut l ’astre
d’Isis, de Junon et de la mère des
Dieux (3). L ’un et l’autre sont dépositaires
des influences bienfaisantes , si
on en croit les Astrologues (4). Jupiter
rend bon , bienfaisant, modeste , et
(1) Macrob. Sat. 1. 1, c. 18.
(2) Macrob. Som. Scip, l . ï , c. 17.
(3) pün. Hiît, Nat. 1. a , c. 8.
donne la maturité de la sagesse, tandis
que Mars ne fait que des hommes
perfides, cruels et féroces, et que Vénus
distribue les plaisirs, la beauté et
les grâces (5). Il n’y avoitque l’influence
de Mars , qui contrariât quelquefois
l’action bienfaisante de Jupiter, comme
Typhon celle d’Osiris, et Ahrhnan celle
d’Onnusd. Ce caractère reconnu de la
planète de Jupiter prouve, que la grande
analogie qu’on avoit établie ou supposée
entre lui et le bon principe , ou l’être
lumineux, dispensateur de tous les biens,
a dû naturellement le lui faire consacrer,
et lui faire-prendre le nom de F ère du
jour et de la lumière, Diespiter, ou
d’astre familier d’Osiris, comme l’ap-,
peloient les Egyptiens. O11 Osiris étoit
le soleil.
A la tête des planètes ou des astres
mobiles, on plaça les deux grands astres,
qui présidoient au jour et à la nuit,
aux saisons et au grand ouvrage de la
végétation. On leur donna des noms,
qui sont ceux de grandes Divinités,
tels que ceux d’Apollon et de Diane,
d’Osiris et d’Isis , &c. (6). La multiplicité
même des noms, pour ces deux
grands astres , est prodigieuse , ainsi
que celle des formes variées, sons^es-
quelles on les représenta ; et cela a dû,
arriver, si on fait attention au rôle important,
qu’ils remplissent l’un et l’autre
clans laNature. Car nous sommes convenus
de prendre pour règle de critique,
dans nos recherches, l’influence plus ou
moins grande des causes premières sur
la terre et sur les besoins de l'homme,
persuadés qu’elle décide du rang qu’elle?
tiennent et du rôle qu’elles jouent dans
la mythologie ; et à ce titre , le soleil
et la lune , après le ciel et la terre,
doivent occuper^a première place. Aussi
les Egyptiens appelère.nt-ils le Soleil k
Roi, et la Lune la Reine des cieux.
L ’un fut comparé à l ’oeil droit, et l’autre
(4) Sext. Empir. Adv. Math. 1. 5, P- U4-
(5) Firmic. 1. 1 * c. 1.
(6) Mart. Capel. de Nupt. Philol.
H à
à \’oeil (rare !re. (1). Us étaient les deux
yeux de la Nature ou du monde. Us
étoient censés être dépositaires d’une
grande portion de l’énergie universelle
et de. la force, active du c ie l, dont les
cinq autres astres écrans possédoient
une bien moindre partie. Ceux-ci fai-
soient, à l’égard du Roi et de la Reine
du ciel, l'office de licteurs et de satellites,
lorsqu’ils s’avançoient majestueusement
au milieu du peuple des étoiles
répandues sur la surface de l’Olympe.
Ces comparaisons des anciens nous
ont été conservées par Sëxtus-Empi-
riens. :
Les Cbaldéens les appeloient les interprètes
des Dieux (2) ; dénomination
qui est restée à Mercure , pour les raisons
que nous avons apportées plus
haut. Les Chaldéens avoient une. autre
raison ; ils y voyoient les interprètes du
destin et des oracles de l’Astrologie,
« parce que , suivant Diode 1 e , ils re-"
» marquèrent que, tandis que les autres
» astres restent fixes ou roulent au ciel,
» en conservant les mêmes rapports
» entre eux et la même situation, eeux-
» ci ont un mouvement particulier , qui
» leur est propre , et par lequel -ils dé-
» couvrent aux hommes l’avenir', et
» dévoilent les desseins des Dieux, dont
» ils sont les interprètes. C’était sur le
r » mouvement de ces cinq planètes ,
» qu’ils établissoient principalement leur
» théorie, et en particulier sur celui de
» l’astre, qui a les plus longs retours, ou
» sur celui dé Saturne (iai).
» Iis rdonnoient le nom d’Hélios ou
» de Soleil au plus brillant dès astres,
» a celui qui donne les plus importans
»pronostics, et en plus grand nombre ».
En effet, le soleil, dans Virgile, paroît
avoir été en possession d’une grande
autorité dans les livres,qui renfermoient
science des prognostics. Qui oseroit
taxer de fausseté les signés qu’il lionsü
Ts-ext; l l i i m m "4-
D v :° d'^ v3 ' 2 1 ’3 cv ° ’ P- M3- ) Vjrg. Géorgie. 1. i , v. 464.
Ilelzo'. Uni*. Tome /.
donne de l’avenir (3) P dit ce Poète , II
.a souvent annoncé des complots coupables
et des ligues sanglantes , &c. ,
continue Virgile, qui, pour flatter -Aii*
guste , veut faire croire , que le soleil
avoit présagé le crime af freux, qui d onna
là.mort à César, si c’est un crime que
de délivrer sa patrie d’un tyran. Virgile
y. au reste, n’auroit pas hasardé cette
flatterie poétique, si l ’on n’eût pas été
persuadé de la vérité des prognostics
que donnoit le soleil. On sait d’ailleurt,
que ce Dieu, sous le nom d’Apollon,
étoit fameux par ses oracles.
| On dut croire assez naturellement, qu’il
étoit dépositaire*clé la plus grande partie
de la force active du ciel, en voyant
que tout, dans la Nature sublunaire,
dependoit de son mouvement et suivoit
sa marche. Il paroissoit en quelque sorte
rappeler à lui toute l’administration de
l'Univers, dontil maintenoit l’harmonie.
Aussi avons-nous vu qu’Ocellus de Lucanie
nous a dit, « que parmi les corps,
» qui composent le principe qui opère
» en autre qu’en lui, et qui sont tout ce
» qui se trouve au-dessus de la lune (4),
» le corps le plus actif, la cause la plus
» puissante est le so le il, qui , par ses
» allées et ses retours, change conti-
» nuellement l’air en raison du froid
» et du. chaud , d’où résultent les chan-
» gemens de la terre, et de tout ce qui
» tient à la terre ». C’est cette influence
du soleil sur la Nature élémentaire et
sur la génération des êtres sublunaires ,
qui fajt dire à Chérémon, que les anciens
Egyptiens pkiçoient en lui la force
puissayite (5),qui organise tous les êtres,
et qu’ils le regardoient comme le grand
architecte du monde.
On iitdansun des Aphorismes d’un certain
Spiritualiste , appelé Hermès (6) ,
que le soleil et la lune, après Dieu,
sont la cause de tous les êtres vivans.
U étoit, suivant Plutarque , dans l’opi-
(4) Ocel. c. 2, §. 16.
1 5 ) Euséb. praejx. Ev. 1. Z, c. 4 , p. qî.
(6) Hermetis Çentum. Aphor.
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