niie fois trois cei>ts soixante-cinq jours
d’écoulés ; mais quatorze cents soixante-
une fois ces trois cents soixante-ciuq
jours ne faisoient pas quatorze cents
soixante - une années de trois cents
soixante-cinq jours un quart, ou véritablement
quatorze cents soixante-ùne
révolutions complètes du soleil.
C est cette période de quatorze cents
soixante - une années de trois cents
soixante-cinq jours , qui ramenoit le
commencement de l’année solaire au
point solstitial ,' au lever de Sirius,
après quatorze cents soixante révolutions
complétés, que l ’on appela en
Egypte la période sothiaque , et dont
on fixa le départ au solstice d’été ,
d abord occupe par le lion , et ensuite
par le Cancer , sous lequel est placé le
grand chien Sirius , qui ouvroit la période.
C etoit à cette néoménie sols-
titiale, accompagnée du lever de Seth ,
ou <le la. canicule , dit Porphyre ( i ) ,
(lu ils fixèrent le commencement de
1 année , et le commencement! de la
génération de toutes choses, et comme
’heure natale du monde.
Comme les Egyptiens ont attaché au
Nil line grande opinion de divinité,
et que la plûpart de leurs cérémonies
religieuses avoient leur fleuve pour objet
, on sera fort, attentif dans l ’examen
de leurs fables, et des inonuinens de
leur culte , à considérer les constellations
, qui , par leur lever ou par leur
coucher, se lioient aiur signes, dans
lesquels le soleil , et même la lune
nouvelle ou pleine se trou voient alors
places tous les ans. Car Sirius n’étoit
pas le seul, qui déterminât cette époque.
Le fleuve du verseau, çt l’homme qui
tient 1 urne , d’où il s’échappe , et que
les Grees appellent Deucalion (2) , mérite
d’être remarqué , puisque, placé
en opposition avec les signes du solstice
dete, qu’occupoit le soleil, il ouvroit
le soir la marche de la nuit, et recevoit
( ï) Porph. de Antr. Nymph, p. 284.
(2) Hyg, 1. 2.
la lune pleine au milieu de sa Coupe.
On verra dans cette fonction l'origine
de la fable Egyptienne, qui suppose (3),
que par le mouvement de ses pieds ,cet
homme fait gonfler le Nil, et le pousse
hors de ses bords.
Au-dessus de lui et avec lui montent
les pieds du Pégase, qui font jaillir l’eau
de la fontaine, où vont boire les Muses:
allusion faite, soit au N il, soit à l’eau
du verseau , qui représente cë fleuve,
et qui s’élève toujours sur l ’horizon avec
le Pégase, tandis que l’homme, qui tient
l’urne, d’où elle s’épanche, monté aux
cieux sous le nom de Ganymèdé, ayant
sur sa tête l’aigle , qui enleva dans les
airs ce jeune fils de Tros. On voit comment
toutes ces failles se lient aux apa-
rences Astronomiques; ’ *
Cette Urne elle-même trouvera sa
place avec le lion, parmi les monumens
du culte Egyptien relatifs au débordement
du Nil. En effet p les Egyptiens,
suivant Horus-Apollon ( 4 ) » un (Ie
leurs grammairiens, qui nous a donné
l ’explication de plusieurs de leurs Symboles
hiéroglyphiques , avoient choisi,
entre autres emblèmes caractéristiques
du débordement du Nil, « le lion et
33 Puîné, ou trois urnes. Le lion , dit
» Horus - Apollon , désignoit le signe ,
» que parcourt le soleil, lorsqu’il , pro-
» duit le débordement du. Nil. Car,
durant tout le temps qu’il parcourt
33 ce signe , la hauteur des eaux du
33 fleuve devient double. C’est pour
» cela, que ceux qui sont chargés de
33 veiller à la décoration des temples,
33 ont soin d’orner de têtes de lion les
33 tuyaux des fontaines sacrées. Encore
33 aujourd’h u i, continue cet auteur,
3> tous ceux qui adressent au ciel des
33 prières, pour obtenir une inondation
33 abondante, ont soin de se munir de
33 figures, qui représentent l’image du
33 lion 33. Plutarque, dans son Traité
d’Isis, donne la même origine aux
(3) Tbeon. ad Arat. p. 136.
(4) Hor. ApolJ, 1. 1 , c. a i.
figures
figures de lion, si multipliées en Egypte
/j), et au culte public rendu à cet
animal par les Egyptiens , ainsi qu’au
chien céleste, qui, comme le lion, auquel
il s’unit, est censé avoir la propriété
d’attirer le Nil hors de son lit ;
ce qui le fit appeler hydragogue. Tout
ceci confirme bien les rapports , que
Lucien (2) établit entre le culte des animaux
en . Egypte , et celui des signes
célestes. On ne dira pas, que le chien
et le lion ont été placés dans le ciel par
les Egyptiens, parce qu’ils les adoroient
comme des divinités , qui avoient la
propriété de faire déborder le Nil. Car
on ne remarque rien , ni dans le lion,
ni dans le chien , qui ait rapport à cette
fonction. Elle n’appartient qu’au lion
et au chien des constellations, qui se
trouvoient unis au soleil tous les ans ,
lorsque le phénomène du débordement
se reproduisoit. C’est donc l’image vivante
du chien et du lion célestes, qui
a été transportée dans les temples d’Egypte
, et pkfcée sur la terre, et non
pas l’effigie de ces animaux , qui a été
consacrée aux cieux. La fonction, qu’on
leur attribuoit, et qui ne peut convenir
qu’aux astres , dans le système des peuples
livrés à l’Astrologie , décide la
questionenfaveur des animaux célestes,
comme types originaux des animaux sacrés
nourris dans les temples.
Ce que nous avons dit du chien céleste,
nous le dirons de l’hydre céleste,
qui se lève entre le chien et le lion ,
et qui concourt comme eux aux mêmes
effets, c’est-à-dire à l’épanchement des
eaux du Nil. Elle a dû se lier aux mêmes
phénomènes ; et entrant comme cause
dans cet effet, elle a dû fournir la matière
.des fictions sur le solstice et sur
le débordement des eaux, etcomposerla
parure et la forme d’une partie des attributs
des divinités solstitiales. On y
trouvera l’origine de l’immense étendue,
qui a été donnée à cette constellation,
(0 Plut. de’Isid. p. 363, 366*
fi) Lucian. de Astrol. p. 986.
Relig'. Univ. l'ont. I.
et de la dénomination de N il, que lui
donnèrent les Egyptieus ( 3 ). Elle se
développe sous trois signes, en sorte ,
que sa tête montant avec le cancer ,
sa queue ne finit de monter qu’avec
l’extrémité des pieds de la vierge ,
et meme le commencement de la balance
, un instant avant que le centaure
vienne à paroître. Théon voit
dans ce long développement une mesure
exacte du débordement du N i l ,
qui dure tout le temps que le soleil
parcourt la partie du Zodiaque , qui se
trouve placée sur elle, et qui monte sur
l ’horizon, et passe au méridien avec
elle 3 ce qui donne environ trois mois ,
ou quatre - vingt - dix jours du Zodiaque.
Peut-être est-ce-là ce qui l’a fait appeler
l ’hydre aux cent têtes en nombre
rond. Au moins c’est, suivant Théon,
cette correspondance avec la durée du
débordement, qui la fit appeler le Nil
par les Egyptiens. C’est cette fameuse
hydre , dont triompha Hercule, après
avoir vaincu le lion de Nemée. C’etoit
son deuxième travail. Nous en ferons
usage, dans l’explication des douze
travaux de ce héros, par l’Astronomie,
et par la course- du soleil dans les douze
signes, à partir de l’ancien signe du
solstice,- le lion céleste.
La constellation , qui porte le nom
d’Hercule , et celui de Prométliée, et
qui, le matin par son coucher, fixoit
le commencement de l’année Egyptienne
solstitiale, et celui du débordement,
fixera notre attention, comme
ayant dû se lier aux fictions sur l’année
solstitiale, et sur le débordement. On
verra sur le champ , dans la fable
d’Osiris ou du soleil, qui voyage dans
toutes les contrées de PUnivers, pourquoi
tandis que ce héros s’avance vers les
contrées brûlantes de l’Ethiopie , le Nil
se déborde, et inonde principalement
la partie de l’Egypte, où régnoit Pro-
méthée (4) , qui pensa en mourir ; et
(3) Theon. p. 150.
(4) Diod, Sic. 1. 1 , c. 19.