étoit invoqué dans les maladies , on
invoqua pareillement Isis ,-e t on lui
attribua la découverte de plusieurs remèdes
utiles. Car toutes les fois, qu’on
veut attacher les hommes au culte des
Dieux , il faut qu’on leur persuade qu’ils
doivent en attendre des biens, etsur-tout
la santé. Jamais l’homme n’est si religieux,
que lorsqu’il est malade, et sa rai-
son i’abandonne presque toujours avec
!les forces de son corps. On célébra (1) les
' bienfaits d’Isis, comme on avoit célébré
ceux d’Osiris , son époux, sur lequel
on lui accorda même use espèce de
prééminence.
On rapporte le règne d’Osiris et d’Isis
aux siècles fabuleux, dans lesquels la
terre enfantoit des Géans, c’est-à-dire
aux ’ siècles des fictions sur les deux
principes , dont les combats nous sont
retracés dans l’histoire allégorique d’Osiris
et d’Isis, et dans celle de Typhon leur
ennemi ( oo ). C’est la fable de Jupiter et
des Titans , sons un autre nom. Aussi
Diodoré assure-t-il, que ces êtres
monstrueux furent détruits dans les
guerres, qu’ils suscitèrent à Jupiter et
à Osiris. Pour retracer ces événemens
Cosmiques, ou la haine et le choc du
bon principe contre le mauvais, les
prêtres d’Osiris fustigeoient en cérémonie
des figures monstrueuses de Géans ,
qui étoient placées dans les Temples.
Ainsi les Perses faisoient, en un certain
jour, la guerre aux productions
d’Arhiman. Ceci nous rappelle ce que
dit Hérodote ( 2 ) d’une certaine Divinité
Egyptienne , que les Prêtres
fustigeoient tous les ans,.dans une cérémonie
religieuse, où l’on faisoit sortir
des sanctuaires de Sais , yille eonsacrée
à Isis, l’image d’une Vache , qui avoit
entre ses cornes le disque doré du Soleil.
On disoit, que ce simulacre étoit le tombeau
dans lequel étoit renferrhé le corps
d’une ancienne .princesse, fille d’un roi
chéri poiir ses vertus et ses bienfaits (pp)- 1
(1) Diod. c. 16, p. 31.
(î ) Hérodote, 1, a , c. 131.
On brûloit tous les jours des parfum,
autour de cette .représentation ; et la
nuit, on allumoit, des lampes auprès,
Dans une chambre, voisine, étoient des
Statues colossales en bois, sur la nature
desquelles Hérodote ne peut pas
dit-il, s’expliquer, non plus que sur
le Dieu que l’on fustigeoit. On disoit
seulement, que le père de cette princesse
ayant vouht la violer , elle s’étoit
pendue; et que çes Statues colossales
etoient celles des concubines, qui avoient
youlu la livrer à la passion de, son
père. Voilà les contes que l’on faisoit
au peuple. Mais le récit de Diodorc
semble jeter du jour sur celui d’Hérodote
, et soulever le voile mystérieux
dont il se couvre. Cette princesse, dont
le corps étoit renfermé dans une vache
de bois, qui soutenoit le disque du
Soleil entre ses cornes , et qu’on révé-
roit à Sais , ville spécialement consa- j
.crée à Isis ( 3 ) , ne peut être’que
l’image de la Lune, ou d’Isis, dans sa
conjonction avec le Taureau, Osiris,
lorsque Typhon: et les Géans succoni-
boient, et que l ’on faisoit la guerre
aux principes du mal et des ténèbres,
figurés sous l’emblème de Géans; Les
siècles d’Osiris , d’Oras et d’Isis '; sont
les;siècles pendant .lesquels les.Egyptiens
avoient pour rois les Dieux et
les Héros , suivant Diodore ( 4) ; c’est-
à-dire les siècles, ou l’on donnoit aux
Dieux naturels les noms de rois et de
héros, et où an les, représentoit sous
ces traits dans les allégories sacrées.
Orus , fils d’Isis , fut , dit - on , le
dernier de ces, prétendus rois ; après
lui, vint le règne des hommes. L’histoire,
d’Orus ., u’Isis et d’Osiris , appartient
donc à un ordre de choses tout
autre, que celui qui caractérise le règne
véritable de l’histoire. Cela est vrai,
dans nos principes, puisqu’il appartient
à la Cosrçogonije,. et aux histoires
merveilleuses, dans lesquelles l'allégorie
(3) Daïside, p. 354.;, .
(4) Diod. 1. 1 , c.
sacre®
jjerée se plaisoit à peindre les phénomènes
de la Nature, et l’ordre éternel
du monde, dont l’administration
étoit supposée confiée aux deux grands
corps lumineux , le Soleil ef la Lune,
aoens premiers des générations,.dans le
système théologique des Egyptiens, et
honorés à ce titre sous les noms sacrés
il 'Osiris et Isis. La philosophie ancienne
et l’Astronomie ont fourni le
canevas de ces histoires , que broda
ensuite la poésie. Ce qui s’accorde parfaitement
avec la réputation qu’a voient les
Egyptiens , et sur - tout les Thébains,
d’avoir été les plus anciens mortels ,
qui eussent cultivé la Philosophie et l’Astronomie
( 1 ). Aussi voyons-nous dans
Plutarque , que les fêtes lugubres (qq),
dans lesquelles on faisoit commémoration
de la mort d’Osiris, avoient quatre
(1) Diodor. 1. 1, c. 3*, p. 59.
objets principaux ( a ) , qui tous sont
tirés de l’ordre de la Nature et des
vicissitudes , que la terre éprouve par
l’éloignement du Soleil (rr) ; la retraite
du N il, la cessation des vents E tésien s,
l’accourcissement des jours, et le dépouillement
de la terre. Si les cérémonies
religieuses , établies en l’honneur
d’Osiris et d’Isis, avoient pour objet
la nature et ses phénomènes périodiques ,
les aventures merveilleuses de ces Divinités
et toute leur histoire allégoriqua
peuvent-elles avoir un antre objet? On.
voit par-là comment la Théologie, chez
tous les Peuples, a toujours cherché à
s’envelopper d’un voil<Nprystérieux. Point
de franchise chez les Prêtres de tous
les pays : tromper , e t tromper tou«
jo u r s , voilà leu r devise.
(2) De Iside, p. 366.
R elig . ITniv. Tome T. Iii