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île la substance de cet élément (,ï)f et
*e résout en lui ; que par l’extinction
de ce feu principe s’est formé l’Univers
; que les parties les plus grossières
en se réunissant composèrent la masse
sphérique qu’on appelé terre, (.2). Que
la terre gercée par l’action du feu avoit
donné un écoulement à la matière plus
légère, appelée eau, dont les parties les
plus subtiles en s’évaporant avoient produit
1 air ( 3 ). Qu’un jour le monde et
tous les corps qu’il renferme seront dévorés
par le réveil de ce même feu, qui
les fera de nouveau rentrer dans son
sein , • par un embrâsement général.
Cette idée-philosophique sur l’origine
<du monde et sur son sort futur, laquelle
constitue le feu comme principe etfin de
toutes choses, se retrouve cliezles Indiens.
Ils supposent,qu’après certaines périodes
le monde est consumé par le feu, & que
Chiven (dddd), un de leurs Dieux, perd
les différentes formes qu’il avoit prises,
lorsque le monde subsistait (4). Il devient
alors Semblable à une flamme qui
s’élève et se promène , sur les tendres
de l’Univers, qui ensuite va renaître.
La même opinion sur le feu universel
d’où sort et - dans lequel se résout le
monde , étoit aussi un dogme des
Stoïciens, suivant Justin martyr ( 5 ) ,
et suivant Siinplicius ( 6 ), et plusieurs
autres. Auteurs (7). Néanmoins
il est bon d’observer, que ce feu est.
moins le feu élémentaire, que lè feu
artiste universel, qui compose la substance
de l’Ether, celle des Astres et
qui circule dans toutes les parties de'
la Nature. C’est là ce premier élément
ou cet agent universel, qui subissant
comme Routren une foule de métamorphoses
produisoit toutes choses dans le
système d’Heraclite , et d’Hippasus de
Métapont ( 8) , que Plutarque lui associe
(1) Diog. Laer. 1. 9,, p. 631.
(2) Stobée Eclog. Phys.' f. 1 , e. jtijï
(3) Plut, de Placit. Philosop. I. ï , c. 3 , p. '$77.’
(4) Sonnerat.'Voyage de l’Inde, p. 18g.--
I5) Just. in. Apolog. p. 51.
{6} Sknplic. p. 68.
N I V E R S E E L E.
dans cette opinion , qui a une très,
grande affinité avec le système Indien
Ce philosophe, à l’imitation des Brames
, proposoit ses dogmes d’une manière
énigmatique sur la succession des
mondes, qui naissent du feu, et se réduisent
en feu après certaines périodes
et sur les métamorphoses variées de
l'élément unique, qui en se condensant
devenoit eau, laquelle à son tour condensée
devenoit terre ; et réciproquement
par lu dilatation , la terre
retùurhoit à son premier principe. Car
dans ce système tout résultait de la condensation
ou de la raréfaction (9) du feu
premier principe.( 10). Il ne faut pas
oublier, dit Marc Aurèle, ce mot d’Hé-
raçlite,, (11) que la mort de la terre est sa
dissolution ; eji eau, celle de l ’eau en
air, et,celle dé l’air en feu, et réciproquement.
- Lesj; dogmes d’Heraclite
pourront servir , à expliquer les cosmogonies
de; l’Inde, et l’histoire figurée
dans laquelle les Brames ont .écrit la
généalogie et les diverses métamorphoses,
des élémens, et de leurs puissances ou
qualités, personnifiées et mises en scène
avec des planètes , des astres et d’autres
Etres physiques, et même très-souvent
avec des Etres moraux aussi personnifiés.
Heraclite attribuoit ces générations et
ces destructions par le feu à la marche
nécessaire de la Nature, qu’il appelle
fatalité. Jupiter dans Ovide ( 172) se souvient
aussi des décrets du destin, qui
veulent qu’un joui l’Univers soit consumé
par le feu. Le Poète a donc consacré
clans ses vers un dogme qui se retrouve
chez les Brames clel’Indè et chez,
les Philosophes de la Grèce.
Tout ceci justifie l’opinion dans laquelle
nous sommes,, qu’il faut! bien
connoître : les dogmes des différentes,
sectes, de Philosophes, pour pouvoir en-
(7) Athenag. Leg. p. 94.
(tj Plut, de Plac. Phi!., p. S77.
(9) Diog. Laer. I. 9, p. 632.
(10) Ibid. Laer. pT 632.
(ti( Marc. Aur. 1. 4, c. 37.
([**•} Ovj$ gfct, L 1 > fab,. 9 , y-, jo i .
tendre les Cosmogonies poétiques, et en
général la théologie des différens peuple^
du monde. C’est par ce que nous sommes
intimement convaincus de cette vérité,
que nous entrons ici dans ces longs
détails sur les opinions que les anciens
philosophes ont eues sur les qualités différentes
des élémens, et sur la quantité
pins ou moins grande de force (ÿ d’énergie
qu’emprunte d’eux la Nature dans
l’organisation universelle des Etres qui
la composent ou qui se forment dans son
sein. La génération ne s’opérant que
dans le monde sublunaire, qui-se partagé
en quatre couches d’élémens, Ein-
pedoclé ( 1 ) àppeloit guerre, et discorde
tout ce, qui tend à la génération1; au
contraire, il, àppeloit. concorde et. p aix
tout ce qui. tend à l’embrâsemeiit et à
rendre, les corps au ,feu primitif qui
compose, la substance pure des astres.
C’est ce qui luijfaiso.it dire quertqut
s’onéroit daps l’Univers pdr contrariété*
L’un était, la marche de la Nature de
haut en bas., et l’autre .'sa marche de
bas en haut. On a ensuite appliqué cette
théorie aux âmes., qui en s’unissant au
cctps par la génération suivoient le
mouvement de haut en bas, et qui s’en
séparant par la mort se mpuvoient de
bas en haut, et cela parce que les âmes
étaient supposées être de la Nature du
feu Ether (2 ), qui est,captif, ici-bas ;
livré au choc des élémens,, et qui recouvre
sa liberté en remontant vers le
séjour lumineux de l’Ether , où pègne
une paix et une. .félicité éternelle. Nous
aurons joccasion ailleurs de développer
Cette ‘ théorie ; il nous ;sufüt ici d’en
indiquer le germe dans l’opinion philosophique
sur la nature , et sur l’activité
du feu principe. :
Cette double marche de la Nature
étoit annoncée ( 3 ) par les métamorphoses
du feu, élément universel, qui
se condensant devenoit fluide, et qui
(1) Ibid , Laer. -p. 632.
(2) Macrob. Soin. Scip. 1. 1 , c. 12.
(3) Diogen.. Laert. ibid, p. 632,
(4) Ibid. p. 633.
plus épais ensuite se changeoit eli eau ,
laquelle fortement condensée devenoit
terre* C’était la progression de haut en.
bas ; réciproquement la terre mise en
état de fluidité et donnant l’eau , d’où
l’évaporation faisoit sortir un fluide plus
léger, offroit une contremarche de bas
en haut. Du sein de cet élément appelé
mer , et de celui de la terre sortaient
clés exhalaisons, les unes claires et limpides,
les, autres, , ténébreuses (4 )- Ees
exhalaisons les plus épurées nourrisr
soient le feu , et les autres alimentoient
le principe humide. C’étoit aussi de ces
diverses évaporations , que naissoient les
différentes températures des saisons. Les
unes,entroient dans la composition 4e
la chaleur du jour et les autres dans
celle de la fraîcheur des nuits. Elles
influaient aussi sur la température du
sep de l’été et de l’humidité surabondante
des hivers!
Hippasus qui pensoit comme Heraclite
(eeee) , que le feu mêlé à Beau étoit
le principe universel de la Nature, ren-
fermoit dans des temps limités ces chan-
gemens ’ du monde eu ces périodes de
génération et de destruction, et faisoit
du grand tout un Etre fini et dans un
mouvement éternel. ( 5 ). Cette, idée
rentre dans celle des Perses, qui fixoient
à 11,000 ans la durée du monde, après
lequel temps le monde détruit renais-
soit de ses cendres. Les Perses re-
gardoient aussi le feu; comme la première
cause de la Nature, et en avoient
consacré l’image dans leurs pyrées, où
l ’on entretenoit le feu perpétuel. C’étoit
l’opinion des Scythes que le feu
avoit tout engendré , et dans la réponse
que le chef de ces peuples (6) adresse
à Darius, il lui dit qu’il ne reconnoît
pour maître que Jupiter, un de ses
aïeux, et la déesse Vesta, reine des
Scythes (7). On sait que Vesta. prési-
doit au feu, et que des Vierges étaient
(3) Sext. Empir. Hypoth. 1. 3 , c. 4> Diogea.
Laer. 1. 8, p. 621.
(6) Justin, 1. i , c. 2.
17) Hérodgte, 1. 4, c. 127.
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