son cercle la partie supérieure et active
du inonde ,.de la partie inférieure et passive
, comme nous l’avons dit ailleurs.
Les opérations d’Osiris et d’Isis ne trou-
voient d’opposition, que dans la partie
sublunaire du monde, où Typhon s’ef-
forçoit perpétuellement de corrompre
les germes de bien , qu’ils y versoient
par leur activité bienfaisante. Nous
avons développé ce dogme plus au long,
dans notre Chapitre sur les deux principes
Lumière et Ténèbres. C’est par
une suite de ces idées, que le manteau
d’Osiris étoit, comme celui d’Ormusd ,
d’une couleur lumineuse et éclatante ,
sans mélange d’aucune autre couleur ,
qui pût en altérer la pureté ; sa teinte
était une, simple et sans ombre ( 1 ).
11 étoit, comme Ormusd, dans ces régions
sublimes, les plus éloignées de la
terre, et hors de la sphère de la matière
des corps mortels qui, par son contact,
auroit pu en souiller la pureté.
Isis, au contraire, placée sur les
contins de la région de la Lumière et
des Ténèhres, sur la ligne qui sépare
les corps divins et éternels, des corps
terrestres et mortels, portoit une robe
nuancée de mille couleurs, qui retracoit
les alternatives de la Lumière et des
Ténèbres , et l ’état successif par lequel
passent tous les éléinens, dans
la région sublunaire où s’opèrent les
générations et les destructions , dont
la cause est dans la Lune et au-dessus
d’elle. C’est la Lune qui, recevant d’en
haut toutes les semences de beauté et
de bien. ( 1 ) , que le ciel possède, les
verse dans la matière élémentaire soumise
à la génération. C’est par cette raison
que, dans la théologie des Perses, la
Liine est censée dépositaire des germes
de fécondité, que lui transmet
le signe du Taureau, dont les attributs
paroient le front d’Osiris et de
Bacchus. Aussi la théologie Egyptienne 1 2 3
(1) De Iside, p. 381.
(2) Ibid- p. 383.
(3) Plut, de Iside, p. 3Ch
suppose-t-elle (3) , qu’Osiris au Vrïn-
ternps s’unissoit à la Lune, et versoit
en elle les semences de fécondité, qUe
celle-ci répandoit dans l ’a ir, qu’elle
imprégnoit des principes générateurs
qui mettoient en activité la végétation
universelle. Le Taureau céleste occupait
alors l’Equinoxe de Printemps.
C’est donc sous cette forme, ou sous
ce signe, qu’Ositis fécondoit la Lune,
qui à son tour fécondoit la terre. Mais
ce Taureau, suivant Lucien, étoit représenté
par le boeuf Apis des Egyptiens.
Donc Apis est la forme vivante et sensible
, sous laquelle étoit peint le Soleil,
ou Osiris, dans son union avec la Lune,
ou avec Isis au Printemps , au moment
où les deux Astres viennent porter les
principes, de fécondité dans tout notre
hémisphère , et appeler tous les êtres
à la génération. De-lù l’origine de
cette tradition, rapportée par Plutarque,
savoir que le Boeuf sacré nourri à
Memphis, sous le nom d’Apis, étoit
l’image de l’ame d’Osiris, dont le corps
avoit été, dit-on, inhumé dan s cette ville
(4), à laquelle on donnoit un nom tout-
à-fait analogue au caractère d’Osiris, ou
du bon principe, adoré sous ce nom ; car
on l’appeloit le Fort des Biens , et le
tombeau d’Osiris (y).
Tout ceci s’accorde avec l’opinion
des Egyptiens , qui pensoicnt que l’ame
de leurs Dieux étoit dans les astres et
dans les constellations. En effet, si le
Taureau céleste est la forme, sous laquelle
se montre le Soleil, lorsqu’il
donne la fécondité à la terre, par le
moyen de la Lune, il s’ensuit que son
aine, ou la partie active et intelligente,
de la force universelle , qui a son -siège
dans ce signe, étoit représentée par
le Boeuf sacré , ou par Apis, image
vivante de cette constellation , suivant
Lucien, et conséquemment aussi l’image
de i ’ame du Soleil pu d’Osiris (5). ta
(4) De Iside, p. 359.
(5) De Iside, p. 3éa.
R E L I G-1 O N U N I V E R S E L L E . 37t
effet le Soleil, ou Osiris, empruntoit la
forme du signe où il se trouvoit tous
les ans au Printemps , dans sa conjonction
avec la Lune, au mois Phamenot,
selon la tradition rapportée par Plutarque
(1 ).
C’est cette conjonction du Soleil
avec la Lune de l’Equinoxe du Printemps
, sous le Taureau, qui fit exiger,
parmi les caractères distinctifs d’Apis ,
qu’il eut sur son épaule une marque,
qui représentât le croissant de la Lune.
C’est également cette action féconde
des deux Astres, qu’on chercha à exprimer,
quand on voulut qu’Apis eût des
testicules d’une grosseur extraordinaire,
et sur son corps une foule de marques
différentes, qui caractérisassent la faculté
génératrice. Par la même raison, dans
les autres images d’Osiris, ou dans celles
qui le représentoient sous les traits,,
et sous la ligure d’un homme, ce Dieu
étoit toujours représenté en érection,
et dans l'attitude , qui annonce le développement
de cette faculté féconde
de notre virilité. Tel , dans le monument
de Mithra, on voit un Génie à
bonnet Phrygien , dans une ' semblable
attitude, et' placé à côté du fameux
Taureau Mithriaque , qui étoit en Perse,
ce qu’étok Apis en Egypte.
On rencontre par-tout, dit Plutarque ,
des statues d’Osiris, où ce Dieu est
représenté sous la figure d’un homme,
eri forte érection , pour désigner sa
force féconde et nourricière (a). N ’est-ce
pas là le caractère que Diodore, d’après
les Egyptiens,donne aux deux Astres,
qui exercent leur empire sur les élémens
soumis à la génération, et qui forment
la température des saisons et de l’année,
c’est-à-dire au Soleil et à la Lune,
les deux, premières causes ou Divinités
de la théologie Egyptienne ? Aussi Plutarque
( 3 ) convient*il , que plusieurs
(0 De Iside, p. 368.
(2) De Iside, p. 371.
(3) De Iside, p. 372.
(4) Ibid. p. 371.
savans prétendoient qu’Osiris étoit le
Soleil, et qu’Isis étoit la Lune.
Plutarque ajoute (4), que le voile dé
couleur de feu , qui couvroitles stàtüeS
d’Osiris , désignoit le corps visible du
Soleil, dépositaire de la force du bon
principe. Il s’indigne contre ceux
qui plaçoient Typhon dans la sphère
du Soleil, attendu que Typhon n’a
rien en lui de lumineux, nide salutaire,
rien qui tende à l’ordre et à la génération
; ait contraire , tout chez lui
tend au désordre et à la destruction
des êtres. La sécheresse , les vents
malfaisans , la mer, les ténèbres ,
tout ce qui, dans la Nature, a une
qualité nuisible et destructive, est censé
une opération de Typhon ( 5 ).
L ’Ane récalcitrant , le Crocodile ,
l’Hippopotame, lui étaient consacrés.
Tous les animaux malfaisans , les
plantes' vénimeuses, tous les événemens
malheureux lui étoient attribués, comme
à la cause- universelle de tous les
maux ( 6 ). Ce sont ces deux forces opposées
et contraires, qui se mêlent dans
la Nature, ou dans le monde sublunaire
, dans lequel se choquent les.deux
principes, avec avantage néanmoins
de la part du bon principe qui, en der-'
nicre analyse , prévaut toujours. C’est de
lui que nous vient l’intelligence (7),
ou la partie sage de l’ame , qui nous
conduit au bien : c’est lui qui verse
dans la terre, dans l’eau, dans l’air,
dans tous les élémens, dans le ciel et
dan s les astres, tout ce qu’ilyad’ordonné
de bon, de régulier, et de salutaire.
Le bien de la Nature est une émanation
d’Osiris et son image. C’est de
lui que vient l’ordre, l’harmonie et
l’heureuse température des saisons,, et
des périodes celestes. Typhon, au contraire
, donne à notre ame les passions
et les mouvemens désordonnés, qui
(J) Pe Iside, p. 36^
(6) Ibid, p .371.
(7 ) h».«!, p. 3 7 ' ,
Aaa 2