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avoit son ciel, qui n’étoit pas celui de
l ’été ; et que les étoiles , qui ouvroient la
nuit parieur lever pendant une saison,
ejinaarqtioien't lé milieu ou la lin pendant
une .autre ; et que la nuit et. le cièl
cjianqcoient de face .comme la térrë , ou
plutôt" que celle-ci chanseoit.la sienne,
parce; que le ciel change oit ses 'astres,
rendant au jour, ceux qu’il avoit prêtés à
la nuit, et reprenant ceux qui a voient
paru Ion g- te mps sommeiller le j our, éclipsés
dans la lumière éblouissante du soleil
.E
n effet , de . même qu’à chaque
instant de la nuit on voit de nouvelles
étoiles se lever et remplacer au
ciel celles qui se couchent à tous les
instruis’, de même chaque jour la marche
de la nuit s’annonce par de nouvelles
étoiles, qui montent à l’orient,
tandis (lue d'autres au même moment
dïsparoissént au couchant : d’où
il résnlie que la porte orientale et
occidentale, au moment où.le jour et
Et nuit coinmençoient, ont chaque jour
de nouvelles sentinelles, oui successivement
se relèvent.
Ce phénomène se manifeste sïir-tout
au méridien, où chaque étoile passe tous
les j ours quatre minutés plutôt , ce qui
prouve qu’elle a avance son lever et
qu’elle avancera son coucherdelamêine
quantité de temps. J’ai dit que c’étoitsur-
toutau méridien,que ce phénomène s’ob-
servoit, parce que l’horizon ne peut pas
toujours servir a cette observation, par la
raison que les jours croissant en été , là
nuit retarde sa marche, et que l’étoile,
qui devroit se trouver en station à l’orient
à son commencement , est déjà levée;
l’effet contraire résulte de i’accélération
de la nuit en hiver. La raison! de cette variation
est tirée de la iharcllé oblique du
soleil, qui change tous lés jours de parallèles
à l’équateur, dont il s’approche
bu s’éloigne plus ou moins, ce qui lui
donne ce qu’on appelle de la déclinaison
; car c’est ainsi qu’on nommé là distance
perpendiculaire , qui sépare le
cercle, que décrit un astre par son mouvement
journalïer/lu cercle appelé équateur,
qui est le terme de comparaison de
tontes lés autres routes de rotation jour,
nalière des étoiles et des planètes autour
du pôle. On doit donc préférer Je méridien
, ou une hauteur quelconque
d’étoile pour cette observation, plutôt
que de prendre le commencement de
•la nuit, qui varie tous les jours. On
dira en général, qu’une étoile arrive
à la hauteur à laquelle on l’avoit observée
la veille quatre minutes plutôt
chaque jour , et conséquemment deux
heures plutôt au bout d’un mois, quatre
heures au bout de deux mois . et six
heures au bout de trois mois. Ainsi
telle étoile, qui passoit au méridien le
jour de l’équinoxe à minuit , y passe
dès six heures du soir trois mois après,
ou le jour du solstice; ensorte qu’à
minuit elle est déjà couchée, si elle n’est
pas une des étoiles qui se trouvent placées
entre l ’équateur et le Nord. On
sent quel changement il doit en résulter
dans l’aspect des deux tous les
trois mois, on à chaque saison , à une
heure donnée , telle qu’à celle de
minuit.
Ces ellangemens périodiques n’ont
point cia échapper aux chantres des
' saisons et aux peintres de la Nature.
Nous y fèrons donc aussi attention dans
nos recherches. Dans les derniers âges,
c’est-à-dire environ deux mille cinq
cent ans avant notre Ère, quatre belles
étoiles sembloierit avoir été placées par
la Nature pour fixer les limites des saisons,
où les divisions des signes de
trois en trois , aux deux points équinoxiaux
et solstitiaux. Elles étoient
toutes quatre de première grandeur, et
de couleur différente, deux par deux ;
les unes étoient rouges, et les deux
autres blanches (ÆE);et elles se trouvoient
en telle opposition, que quand une rouge
passoit au méridien supérieur, l’autre
étoit sous la terre au milieu de sa course;
c’étoit la même opposition entre les
étoiles blanches. Les deux rouges étoient
dans les signes des équinoxes de ce
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^■ tnpS-làj lesquels étoient le taureau
|t le scorpion; l’une étoit l’oeil du taureau,
Jautre le coeur du scorpion ; toutes deux
IBtoient placées près du colure des étjui-
! -Boxes, ôudu cercle qu’oniinaginepartir
■ u Pôle et passer par les points équino-
îiiuix, ou par l’intersection de l’équateur
il de l’écliptique. Lapremièrese nommoit
llounocillos, ou Aldebaran ; la seconde,
/ Aesos, ou Antarès. Elles étoient comme
■ n sentinelle près de ces deux points,
p.Suî séparent les longues nuits des longs
^B,urs. Les deux autres répondoient aux
gBqnes solstitiaux ou aux limites du mou-
•einent du soleil de haut en bas, et
; l e bas en haut. L ’une fait partie du
Ion, et se trouvoit située sur le colure
même, on sur le cercle mené du Pôle
lar les points solstitiaux ; c’étoit le coeur
lu lion ; on lui a conservé le nom de
Jlief ou de roi des cieux, et de sur-
Jeillant de leur mouvement. Les Grecs
I nommoient Basiliscos, les latins Re-
; -lulns ; on l’appela aussi Mounoalos.
l i a seconde, placée hors du Zodiaque,
mais liée àundes signes, ou au verseau,
auquel répondoit le solstice d’hiver, est
jk belle étoile de l’extrémité de l’eau
du verseau, et qui est dans la bouche
du poisson qui reçoit cette eau ; on
•appela bouche du poisson ; elle est
«lus connue sous son nom arabe Foma-
Hant, altération de celui de Lom-al-haut,
<ju bouche du poisson. Les quatre signes,
qui renferment ces quatre étoiles, et
qui présidoient au commencement de
Jhaque saison, durent être singulièrement
remarqués, "à cause du poste impor-
B nt que ces astres occupoient dans le
| j dont ils fixoientles quatre grandes
•faisions; celles qui ont le plus de
mrport à la végétation et aux change-
qu’éprouve la terre par l’action
B 1 soleil et par son mouvement dans
; Zodiaque. Ces étoiles reçurent la dénomination
pompeuse d’étoiles royales ;
les figures des signes qui les conte- f^aent furentretracées par-tout, comme
j>us le verrons dans la suite de çèt
ouvraSe-
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A travers tous ces astres plus ou
moins brillans, et épars sur la voûte
des cieux, on remarquoit non plus un
seul astre, mais un fleuve de lumière
» blanchâtre, formée de l’assemblage de
plusieurs milliers de petites étoiles,
trop petites pour être distinguées séparément
, mais assez nombreuses pour
former une masse de lumière, qui du
midi au nord circuloit sur une bande
assez large, pour couvrir des constellations
entières, telles que Cassiopée,
Persée , &c. jamais elles n’avoit plus
d’éclat que dans ces belles nuits d’hiver,
où la lune laisse aux étoiles l’empire
des cieux, dont aucun nuage ne souille
la pureté. Cette route circulaire, embrassant
l’Olympe dans ses contours, pa-
roissoit être le chemin , qui conduisoit
aux sources même de la lumière éthérée
dont elle étoit toute semée, et au palais
des Dieux. Elle étoit entraînée par le
mouvement commun de tous les astres,
se levant et se couchant comme eux;
traversée comme eux par le soleil et
la lune, et par les étoiles mobiles, et
diri gée constamment à travers les mêmes
constellations, sans paroître jamais ni
se rétrécir, ni s’élargir, quoique d’inégale
grandeur dans ses différens points.
On remarquoit seulement quelques portions
d’une lumière pareille jetées dans
certains lieux du ciel, et qui y formoient
une tache blanchâtre assez semblable
à un petit nuage ; on les appela des
étoiles nébuleuses. Telle est la nébuleuse
d’Orion, celle du cancer, &c. ; mais
ces amas d’une lumière amortie étoient
trop petits , et si peu nombreux, qu’ils
ne durent pas être beaucoup remarqués,
ni jouer dans les fictions sacrées le
rôle important, que dut naturellement
y jouer le fleuve ou le chemin lumineux
dont nous venons de parler. Sa couleur
blanchâtre, assez semblable à celle du
lait, le fit nommer voie lactée ou voie
de lait ; et comme il passe près de
la chèvre céleste , on imagina qu’il
étoit formé du lait de cet animal, qui
avoit nourri le père de la lumière et