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lie Scorpion , ou le signe de l’Equinoxe
d’automne, ne joue pas un rôle
moins important dans cette même histoire.
£n effet, c’est pendant le mois,
où le Soleil parcourait le Scorpion, que
le Die*i Soleil, sous le nom d’Gsiris,
perdait la vie et la fécondité, qu’il
avoit communiquée à la nature sous la
forme de Taureau. Typhon , que l’antiquité
peignit avec des pieds et des
mains hérissées de serpents, et qui dans
le Planisphère Egyptien de Kirlser est
case sous le Scorpion, Typhon, suivant
Plutarque (i) , attaqua Osiris , le mit
dans un coffre obscur , et le jeta dans
le N il, et cela sous le dix-septième de- fré du Scorpion. C’est donc sous le
corpion d'automne, qu’Osiris perdoit la
vie et la fécondité ; et e’étoit au printemps
qu’il la recouvrait, puisqu’aîors ,
suivant le même Plutarque , on célébrait
le coït d’Osiris avec la Lune (a).
Les deux Signes Astronomiques , Taureau
et Scorpion, étoient donc les deux
formes célestes, auxquelles s’unissoit le
Soleil , lorsqu’il fécondoit la terre , et
lorsqu’il cessoit d’agir sur elle , ou que
sa virilité lui était ravie. C’est alors ,
dit Plutarque (3) , que la lumière s’af-
ioiblit, que la nuit reprend son empire
et prolonge sa durée ; que le Nil se
retire , que la terre se dépouille de sa
verdure et les arbres de leur feuillage.
Cette idée Cosmogonique est rendue
de la manière la plus expressive dans le
monument de Mithra , dont nous donnerons
ailleurs une explication plus détaillée.
On y voit ce Scorpion redoutable
serrer les testicules du fameux
Taureau équinoxial , sur lequel est
monté Mithra , ou le Soleil du printemps
, et le Dieu de la génération ,
pour me serv ir des termes de Porphyre (4).
On y voit deux arbres, l’un couvert
d’un feuillage naissant, au pied duquel
«st un petit Taureau et ttn flambeau
De Iside, p. 356,
( a ï Ibid. p. 368,
U ) D* Iside t p. 366,
N I V E R S É L L E .
allumé ; et l ’autre chargé de fruits , ât|
pied duquel est un Scorpion, et «U
flambeau renversé et éteint. 11 est évi-
dent, que c’est le printemps et l’automne
qu’on y a peints. Le Taureau , dont ]çj
testicules sont rongés par le Scorpion
est évidemment l’Ôsiris Taureau mis à
mort par Typhon , sous le signe Kg
Scorpion. Ainsi la Cosmogonie des
Pesées et celle des Egyptiens se trouvent
absolument ici d’accord , tant pour
l’idée Cosmogonique , que pour les emblèmes
célestes, qui servent à la rendre.
Nous en avons une nouvelle preuve
dans le poème des Dionysiaques ■ de
Nonnus. Le Poète y chante les courses
du Bacchus Egyptien. Dans ce Poème,
dont nous donnerons bientôt l’analyse,
on voit le principe du iaen et de la lu-
mière , qui a perdu sa force et ses foudres.
Elles lui ont été ravies par Typhon,
par celui-là même que nous venons de
voir attaquer Osiris et le tuer sous le
signe du Scorpion. Après un long combat
, qui finit avec l'hiver , le Dieu lumière
reprend son empire et sa foudre,
sous le signe du Taureau , et rétablit
l’harmonie du monde , que Typhon
avoit dérangée (5). Le Taureau est donc
encore ici le signe , sous lequel le bon
principe, le Dieu de lumière vient réparer
la nature, que Typhon pendant
l ’hiver avoit dégradée. Passons aux
constellations , qui fixent les termes de
cette course du Soleil dans les signes,
sous lesquels s’opère le bien de la nature
, ou dans les six signes supérieurs ,
dans lesquels voyage Osiris , lorsqu’il
parcourt la terre etqu il va y répandre ses
bienfaits , parmi lesquels on compte le
don précieux des raisins et des moissons,
que le Soleil fait croître et mûrir.
Près des limites de l'Equinoxe de
printemps , sont le Grand Chien et
Onon , au midi de l’Ecliptique ; au nord,
le Cocher qui porte la Chèvre , femme
(4) Porphyr. de Antr. Nymph» p. 13.1.
(5) Nonnus Dion^s. 1„ 3-
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pari. Près de là , et an milieu de
ITcJiptique , sur la route même du So-
«il on trollve Ies deux Gémeaux , qui
Lirtent les noms de Triptolême et d’A-
Sollon. Près des limites de l’Equinoxe
^'automne, on remarque ,»au midi de
l’Ecliptique , le Centaure et le Loup 5
eu nord , l’Hercule céleste et la Lyre (1)
d’Apollon , dont les cordes égaloient le
Lomhre des Muses, qui l’ont placée aux
fcieux. Nous avons donc projeté ces
instellations sur un Planisphère, dans
; voisinage des points équinoxiaux , ou
hux termes de la carrière que parcourt
bsiris , dans la partie supérieure de
notre hémisphère.
On sait que le Grand Chien ou Sirius
nt honoré sous le nom d\Anubis en
gypte , et qu’il étoit le Paranatellott
»lu Taureau, On se rappelle ce beau
yers de Virgile : « Lorsque le Taureau
» brillant ouvre avec ses eorties dorées
les portes de l’année , et que le Chien
céleste se couchant avec lm abandonne
l’Olympe (2) ». Le Commentateur de
Virgile, Servius, fixe cette époque du
ucher Héiiaque du Grand Chien , au
tmps où le Soleil parcourt le Taureau,
olumelle marque ce coucher pour la
.eille des Calendes de Mai (3) , qui de
pon temps répondoient vers le milieu
jnu Taureau.
Le Calendrier des Pontifes Romains
pxe au lendemain le lever de la Chèvre ,
ui fait partie du Cocher (4) » et qu’on
fjit être la femme de Pan. Effecti-
fiveinent, dans le Planisphère Egyp-
.isn de Kirker, on voit sur le Taureau
ne figure de Pan , avec sa flûte à sept
jflyaux. Nqus le trouverons encore bien-
« uni au Taureau , dans le Planisphère
JH nous servira à expliquer les. courses
?Isis, Columelle place ce lever au 3
Calendes de Mai (5) , toujours sous
Taureau, lorsque le Soleil répond
ƒ■ ) Hyg-n. [ . 2 , c. 8.
(2) Virg. Georg. 1 , v. î i 7, Servius, ibid.
| «1 Çoimielle, t. 1 1 , ç. a , p. 413.
’ 4) Ovid. Fast. 1. y! .
fel Ibid. Columell. 1. u , c. a.
vers le milieu de ce signe, qui autrefois
étoit le premier , ’ à partir d® l'Equinoxe
du printemps. Quant à Orion , qui est
placé aux cieux sous ce même Taureau
son. coucher Héiiaque précède de quelques
jours celui du Chien; ; mais alors
il se conclue Cosmique ment avec le
Taureau. Aussi le Calendrier des Pontifes
(6) marque-t-il un oaucher d’Qrifcn
sous le Taureau. C’est également an S
avant les Calendes de Mai , ou sous le
Taureau , que le Calendrier de Germa-
akus-César fixe le coucher total d’O-
rïon (7). Nous l’avons déjà placé dans
notre Planisphère d’Hercule , sous ce
même signe du Taureau , et il y joue
un rôle sous le nom de Busiris , amant
et • ravisseur des Atlantides ou -des
Pleïades. Les Gémeaux , qui suivent
immédiatement le Taure'au , se couchent
Héliaquement, lorsque le Soleil arrive
vers le milieu du Taureau. On leur fi
donné y entre autres noms , ceux de
Triptolême et d’Apollon. (8).
Les autres Constellations sont celles
qui avoisinent l’Equinoxe d’automne ,
et qui par leur lever du soir fixaient le
départ du Soleil, dansla route supérieure
des signes, le jour même où celles , dont
nous venons de parler, le fixaient par
leur coucher du soir ou par leur lever
du matin. Ces constellations sont lé
Loup , l’Hercule , soit Ingeniculus,
soit Lsculape et la Lyre d’Apollon, consacrée
par les Muses, et placée par elles
aux cieux. Il n’est pas difficile de s’assurer
, à l’aide d’un globe , qu’elles
montent avec le Scorpion , on avec lé
signe opposé au Taureau équinoxial.
Nous ponvons y joindre de plus les autorités
des anciens Auteurs. Mygin (9) et
Eratosthène placent le Loup au nombre
des Paranatellons du» Scorpion , autrefois
signe équinoxial d’automne. ■ La
Sphère Indienne de Sealiger l’y met
( t ) Ovid. Fast, 1. 5.
(7) Germ. Cæs. sub Fmeàiw
\S) Hygi». I. s- ; .
fe) Hygin. I. 4, c. j j.