H E L I G ï O N U
» ensuite vient celui de Phaéton , ou de
» Jupiter; puis celui de PyroYs, de Mars
» on d’Hercule. Après eux vient l’étin-
» celant Stilbon , consacré à Mercure
» et à Apollon ; et la lumineuse étoile
» Phosphore, Lucifer , l’astre de Vénus
» ou de Jim on ; ensuite le soleil , et
enfin la lune. L ’Ethef enveloppe tous
” ces corps divins, et comprend en soi
35 l’ordre de leurs mouveméns: En dc-çà
» de cette Nature éthérée et divine est
x, placée la Nature passive et mortelle ».
Pour peu qu’on veuille faire attention
à'cette nomenclature des êtres divins,
formés dé la pure Substance d’Uranus,
on verra que le ciel physique comprend,
comme parties, des êtres caractérisés
par les mêmes noms, que ceux que
portent lès descendans ; cPtJfanus , oxi
les enfans du ciel: mythologiqite ; ce
qui rend déjà vraisémbiahle ' Popiïnjp^i
où nous sommes , que ce sont les mêmes
etres personnifies dans les ancieinjes
allégories : car on peut justement soupçonner,
que le -voile qui a . été jeté sur
le peré et sur la mère , aura été étendu
aussi sur les enfans. Or, le père et la
mère, comme nous ' Payons fait vbii\,
on Uraniis et Ghê , ne sont que des
etres physiques, et que les dèçxpremières
causes de la Nature déifiées. : pourquoi
leurs parties et les .causes secondaires
ne seroient - elles pas renfermées dans
cètte série de Dieux , qu’on appelle
leurs enfans ? Cet,té conséquence ya acquérir
un nouveau degré de vraisemblance,
par 1 examen de la filiation de
ces Dieux et de leurs caractères.
Le premier des astres , que l’ on rencontre
en descendant du ciel dès fixes ,
ou d’Uranus vers la terre , c’est,l’astre
appelé Saturne. Lè premier descendant
d’Uranus porte aussi le même nom. Cet
astre, lent dans sa marche, engendré
les périodes les plus longues, et mesure
la plus grande durée du temps , celle,
qui voit naître et périr plus Mètres,
Saturne , fils d’Uranus, présuie au
C’ï DloS- Latrt. 1. 3 , g. 23p. VitfEÏat,> ,
N I V E E S E L L E .
temps , en prend le nom, détruit tout:
comme le temps , et s’envole avec ses
ailes ; mais son vol n’est pas rapide ;
sa marche , comme sa figure, est celle
d’un vieillard. N’est-il pas naturel de
croire, que les anciens , qui avoient attribué
à chaque astre son domaine et
sa fonction dans la Nature , auront
donné à la planète de Saturne l’intendance
des tncsuyemens • célestes , qui
règlent la durée des années et des
siècles, et que le temps aura été son
domaine. Le temps lui-même est la première
production du ciel , qui l’engendre
par son mouvement, comme
on peut le voir dans le Time. Le temps
ainsi engendré ~ fut l’image mobile de
l’éternité, suivant Platon ( i J , et la
marche mesurée du ciel devint le temps.
Qui dey.oit, être chargé de le distribuer,
sinon celui qui eu avait la plus grande
jpesure, et dopt la période comprenoit
àtteg de deux fois;Iç somme de toutes
. es autres ? 1 Cette planète . était celle
que nous appelons Saturne, placée dans
la sphère la plus , voisine du ciel des,
fixes , on, d’.Uranus son père. En suivant
le, génie ; allégorique des siècles
anciens , dont nous avons trouvé- une
preuve. bien complète dans F histoire
d’Uranus , cette conjecture sur le fils
premier né n’a rien que de très-vraisemblable.
Son caractère mythologique,
comme celui des autres enfans du ciel,
nous paroît être pris dans les,:mêmes
sources, que son caractère Astrologique ,
dans sa position, sa marche oui sa couleur,
Ainsi, les Astrologues (a) disoient,
que la planète de Saturne était froide
(06) ; qu’elle refroidissoit, et qu’elle
desséchoit , à cause,. « dit Ptolempe , de
» son grand éloignement de la chaleur
55 du soleil, et dés vapeurs humides ,
», qui s’exhalent de la terre .53..
Les Astrologues ont dressé des tables,,
qui contiennent, les, qualités de chaque
planète-, qu’il sera à propos de consulter,
pour les comparer avec le caractère
(Q PtQlem. Tetrab.,1, x-j «,.14,. ,
R E I, I G I 0 N U
des divinités , qui portent ces noms.
[ ]£n suivant ces. raisons dîanalogie, on
aperçoit tout de suite,pourquoilaplanète
I de Mars , qui est d’un rouge presque
couleur de sang, a été réputée sinistre
j et de dangereuse influence par les Astrologues
, et pourquoi le Dieu Mars a
eu sous son domaine la guerre sanglante
et les combats meurtriers. Si sa couleur
lui a fait, assigner la fonction cruelle
de verser le sang, 'son voisinage du
soleil, dont il reçoit de si près la chaleur,
le remplit de l’ardeur bouillante,
qu’allume la colère, et qui provoque les
combats et le carnage. « La planète de
55-Mars (1) dessèche, et sa qualité na-
» tutelle est' brûlante , dit Ptolemée;
55 sa chaleur dévore , comme celle du
5> feu,- et il est l’astre le plus voisin du
si soleil 55;
Cette origine des caractère^’ et des
fonctions différentes des Dieux , tirée
de leurs qualités astrologiques, ou de
celles-de planètes, dont ils portent les
noms, n’a point échappé à Porphyre (2),
qui donne à-peu-près les mêmes raisons
que- nous.- « Les. ;anciens , dit ce
» philosophe, voyant dans la planète de
55 Saturne une marche lente et tardive,
55 et lui ayant attribué les qualités froi-
55 des, crurent, de voir lui consacrer kl
35 marche lente -des siècles et la dispen-
55 sation du temps , et le représentèrent
55 blanéliipar la vieillesse. Quant à Mars,
» à qui ils donnoient les qualités ignées
55 et brûlantes , ils le crurent fait pour
55 provoquer les guerres , et pour ré-
» pandre le sang 55.
Avec un peu d’attention , on remarquera,
que la planète de Mars n’étoit
:pas supposée avoir ces qualités , parce
que le Dieu Mars , à qui était consacrée
la planète , les avoit, mais qu’elles
sont tirées par les Astrologues-, soit de
sa. proximité du soleil, soit de sa cou-
letir, en sorte que ce n’est pas le Dieu,
qui prête, son caractère à la planète,
(0 Ptol. Ibid.
(2). Euseb. Præp. Ev. 1. 3, c. 1 1 p. 114;.- -
N I V E R S E L L E , i4t
mais la planète au Dieu ; c'est-à-dire,
que personnifiée et déifiée elle retient
ses qualités planétaires, qui forment
l’apanage du Dieu , à qui on la suppose
consacrée , et qui n’est qu’elle-
même , sous un autre point de vue. Cette
remarque est importante pour prouver,
que c’est la planète" qui est le Dieu-connu
sous le nom qu’elle porte; par exemple,
que Mars , Dieu de la guerre chez les
anciens, ne fqt autre chose primitivement
, que la planète rouge , qui ,
dans lè partage des fonctions administratives
du monde entre les planètes et
les fixes, autrement entre les Dieux,
avoit eu pour apanage le sang, le carnage
èt les combats.
Pareillement la Déesse, Vénus , la fameuse
Astartê des Phéniciens, ne fut
point distincte originairement de la
belle^ planete de ce nom , qui paroît
tantôt précéder le lever du soleil , et
tantôt suivre son coucher. Cette planète
surpasse toutes les autres- étoiles
en éCiat et. en beauté. Sa .lumière
est si forte, que souvent elle projeté
des ombres , comme l’a très - bien remarqué
'Pline (3). Aussi rivalise-t-elle
avec le soleil et avec la lune, dont elle
prit les épithètes de Lucifer et de Ves-
per, et on la décora des noms les plus
pompeux, continue toujours Pline. Un
de ces noms est celui de Très-Belle,
ou Callistê, que lui mérita sa beauté et
son brillant éclat. Elle tenoit à cet égard
1 empire du ciel étoilé, et aucune étoile r
soit fixe , soit errante , ne pouvoit lui
disputer la palme. Elle eut donc /lans
son domaine tonte la beauté des êtres >
en qui on remarque cette qualité. Elle
était la plus belle des divinités-étoiles j
et comme c’est un, des effets de la beauté
de faire nait-re le désir et l ’amour, ces
deux elïèts prirent dans l ’allégorie -le'
nom des deux enfans de Vénus,. Po-
thos ët Eros , Cupido & A m e r , que
la théologie Phénicienne- donne pour
(3) Piin. Hist.. Nat. 2 , c., I. 8.