consent à le suivre , et il emporte avec
lui sa lyre(i). Il est reçu avec joie par
les Grecs , qui se disposoient à partir
pour cette expédition (2). Le premier
Héros qu’il apperçoit, c’est Hercule (3),
ou la Constellation, qui monte avant la
Lyre ; puis Tiphys , pilote du vaisseau
Argo (4), que d'autres appellent Canopus.
Car on appelle pilote de ce vaisseau
la belle Etoile du gouvernail. Il recon-
noît aussi Castor et Pollux(5). Ce sont
.les deux Gémeaux, qui portent ce nom,
et qui, dans ce moment, se trouvoient
au couchant, prêts à descendre au sein
des flots. Ils fixoient par leur coucher
Héliaque -les mêmes époques du Printemps
, et la saison de la navigation ,
à laquelle, à çe titre , ils presidoient,
comme Phorbas, ouïe Serpentaire Jason,
qui montoit au côté opposé.
Ici commence une assez longue no-
menclature des compagnons de Jason
dans cette expédition ; nous nous dispenserons
de la rapporter. Nous dirons
seulement, que dans l’énumération
que le poète fait des diversArgonautes (k),
on en distingue plusieurs, dont les noms
sont au nombre des Constellations, tels
ue Céphée (6), Augias ,fils du Soleil (7),
é j à fam eux dan s la fable d’Hercule .D’autres
sont pères ou enfans de Héros, qui
brillent aux Cieux, tels qu’Astérion (8) ,
Coronus (9), Deucalion (10). On y voit
aussi Calais et Zéthus , placés aussi aux
Gémeaux, sous le nom des fils de
Borée (11) ; le jeune Hylas, fameux dans
le poème Astronomique sur Hercule (12),
et qui ne doit point tenir ici plus a
(1) Ibid. V. 110.
(2) Ibid. V. 115.
(3) Ibid. v. 117.
(4) Ibid. v. 120.
(5) Ibid. v. 125.
(6) Ibid. v. 193.
(7) Ibid. v. 212.
(S) Ibid. v. 161.
(9) Ibid. v. 136.
0 ° ) Hygin. Fab. 14.
(11) Ibid. v. 220.
(12) Ibid. v. 224.
(13) Ibid. V. 244.
l’Histoire, qu’il n’y tient dans l’Héra-
cléide, poème que nous avons fait voir
appartenir tout entier à l’Astronomie.
Le navire Argo éprouve quelque résistance
dans sondépart (i3) ; mais Orphée
soutient par ses chants (14) les efforts des
matelots, qu’il encourage ; et bientôt le
vaisseaufend les flots ( i5). Jason harangue
ses compagnons (16) 5 il fait l’éloge
de la force d’Hercule (17), qui modestement
rejette ces louanges, et recon-
noît Jason pour Chef (18).
Cependant le Soleil, vers le couchant,
(19) fait place à la Nuit empressée de
préparer les sombres voiles, qu’elle doit
étendre sur la Terre, et sur les Chefs j
de l’expédition des Argonautes. Jason
songe à lier tous ses compagnons par
un serment, et leur fait promettre,
qu’ils ne reviendront poin t dans leur
Patrie , sans avoir conquis le fameux
Bélier (20). Un taureau est la victime immolée
dans cette auguste cérémonie (21},
dont Orphée donne les détails. On voit
ici une allusion au coucher du signe,
dans lequel arrive le Soleil au lever de
Jason ou d’Ophiucus. On invoque les
Dieux ’Marins, les Vents, les Astres et la
Nuit sombre(22). Lé vaisseau part^aJ),
et déjà -on découvre les sommets au,
MontPélion, les lieux qu’habite lé Cen-i
taure Chiron, etl’antre de Pho-loe^).!
Chiron, recommandable par sa justice,!
touchoit alors sa lyre (23). Pélée les
invite à se rendre en ce lieu, pour y
voir le jeune Achille , élève de Chiron ,
et fils de Thétis (26). Cette circonstance
nous prouvera que les Poèmes d’Ho-
- (14) Ibid. v. 250.
(15) Ibid. v. 265.
(16) Ibid. v . 280.
(17) Ibid. v. 290.
(18) Ibid. v. 297.
(19) Ibid. v. 301.
(20) Ibid. v. 305.
21) Ibid. v. j l i .
22) Ibid. v. 330-333.
(23) Ibid. v. 330.
(24) Ibid. v. 372.
Î25) Ibid. v. 380.
(26) Ibid. v. 389.
mèr<
R E L I G I O N U
mère se lient à celui des Argonautes ,
et au poème de l’Héracléide. Or comme
ceux-ci incontestablement remontent à
plus de 2.5oo ans avant l’Ere Chrétienne,
il s’ensuit que la fiction de la guerre de
Troye remonte à la même époque.
Ainsi l’antiquité de la fable de l’ilrade
et sa nature la classent à tous égards
parmi les poèmes Cycliques des Argonau-
tiques, desDionysiaques,de l'PIéracléide,
de la Théséide, et conséquemment ils
la reportent plus de 2600 ans avant
notre, Ere. Donc l’Iliade est un très-
ancien poème, renouvelé des Grecs ,
mais des anciens Grecs, qui, 2600 ans
avant notre Ere , faisoient des chants
sur la Nature.
Le Poète nous fait à cette occasion (1)
la description du Centaure Chiron , et
sa peinture ne diffère en rien de celle du
Centaure de nos constellations, Chiron
leur fait le meilleur accueil, leur offre les
fruits de sa chassé, et sur-tbUt il leur fait
partdes présens du Dieu des vendanges
fa) , auxquelles préside cette GonsteËa-
tion d’Automne. Chiron prend ensuite
sa lyre3■ et chante le1 combat des Centaures
et des LapitliëS ^3)4 qui fait le
sujet du troisième’ cliànt déPHéracléidè,
comme nous avons vu(7 ). Il est bon
d’observer que, dans le Poème del'Hé-
racléide, Chiron mourut à cette époque,
et que dans cèlui-ci il chante. ~
Orphee de son côté rivalise avec
Chiron, et chante le débrouillement
du Cahos , et les autres fables Cosmogoniques
(4), telles que Jupiter, Bâc-
clius et les Géans (5) ; Chiron donne
en présent à’ Orphée ■ la peau d’une'
Panthère (6) , on de l’animal, que perce
ue son javelot le Centaure céleste ; nouveau
rapport avec les Cieux.
Les Argonautes se rembarquent (m),
emportant avec eux les voeux que fait le
Centaure pour leurs succès ; déjà les
sommets du Mont Pélion disparoissent
derrière eux (7). Ici commence une description
, non plus des Cieux, mais de
la Terre, et de la route des navigateurs
Grecs-, qui allôient en Colchide. ’
Le Poète suppose, que les Argonautes
passent à la vue de Samothrace (8), isle
fameuse par les mystères des Cabires et
des Dioscures. Il lève la carte des isles
différentes de la Grècè, qui se trouvent
sur la route d’un Navigateur, qui tente
le passage de l’Hellesptint et l’entrée
de la Mer Noire, et il y mêle les fables,
qui#ont rendu célèbres ces différentes
isles. On y distingue aussi certains lieux,
qui pourraient offrir quelqu’allusion aux
régions élevées du Ciel, tels queLem-
mos, ouregne Ypsipile, Pléiade, ouporté
élevée (9), le fleuve Parthenos (10), &c.,
ainsi que les contrées qu’infestèrent les
Géans venus des régions de 1’Onrse (11).
On .va visiter les lieux qu’habitoit la
Deesse Cybèle (12) , dont le char étoif
traîné par des Lions, et le-mont Din-
dymè. Alors Plercule'pèrd le malheureux
HylaS (i 3j, qu’il appelle inutilement ( 14).'
Enfin les Argonautes arrivent près du
fleuve Tiierniodofi ( 15) et du pays des
Amazones, aux mêmes lieux oii arrive
Hercule dans Son iiüuvlème travail,
qui répond au signe du Bélief, lequel
se lève au coucher dé la Balance, à
la suite de la Viérge ét du Lion, et an
moment où finit la Nuit, qui précède
lé jour équinoxial.
Tiphy svenoit de périr de la dent d’un’
Sanglier (16). On serappelera que Tiphys
est fe pilote' du vaisseau, Argo , âppéle ,
dans d’âutres' fables , Catiopus, qui-périt
(>) Ibid. v. 394.
(1 2 3 4 5 6 7 * 9 1 12 13) Ibid, v. 403.
(3) Ibid. v. 410—413.
(4) Ibid, v- 419.
(5) Ibid. v. 427.
(6) Ibid. v. 447.
(7) Ibid. v. 43;.
(8) Ibid.' v, 464.
Relig. Univ. Tome l .
(9) v. 473.
(10) V. 72.8.
(11) V. 510.
(12.) V. 600.
(W v - -645-
(14) V. 630.
( u ) V. 734.
(16) y. 723.
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