
 
        
         
		8 R E L I G I O N   U 
 »  exerçoit  sa  puissance  par  l’action  de  
 *>  ses  parties,  le  soleil,  la  lune,  les  
 n  planèteset les étoiles fixes, par larévo-  
 3)  Iution  successive  des  saisons ,  et  par  
 »  l’action  combinée  du  ciel  et  de  la  
 »  terre.  Ainsi  ils  s’égarèrent,  dit  ce 
 spiritualiste ,  en  assimilant l’ouvrage  
 »  à son auteur. Abraham fut élevé dans  
 s»  les  principes  de  cette  doctrine,  et  
 33  fut  pendant  long-temps  dans  l’opi-  
 33  nion des Chaldéens, jusqu’à ce qu’en-  
 33  fin  ayant  ouvert  les  yeux,  il  vit  la  
 33  lumière  et  reconnut  dans  l’Univers  
 33  un modérateur souverain qu’il n’avoit  
 33  pas auparavant soupçonné >s.  (î) Mai-  
 inonides  confirme  le  témoignage  de  
 Pliilon  sur  le  Sabisme  de  cet  Ibrahim  
 ou  Abraham,  fameux  chez  les  Orientaux, 
   ( z)  et M.  Hyde  ajoute  que  c’est  
 l ’opinion commune  de tout 1 Orient,  et  
 que  ses  descendans  conservèrent longtemps  
 des  traces de  la religion  de leurs  
 aïeux.  Les  abstractions  métaphysiques  
 étant  nécessairement  postérieures  aux  
 opinions physiques, le-culte de la  cause  
 visible  dût  être  le  plus  ancien;  et  les  
 spiritualistes  ne  durent  être  qu’en  petit  
 nombre ,  tandis que le Sabisme étendoit  
 par-tout son empire. On le faisoit remonter  
 jusqu’à Seth, c’est-à-dire, au temps où  
 l’on fixoit l’origine des choses (3).  L ’auteur  
 de cette tradition nous dit que la plus  
 grande f ête des Sabéens étoit à l’entrée du  
 soleil, au bélier ou à l’agneau équinoxial.  
 Ils  avoient  cinq  autres  fêtes  fixées  à  
 l ’entrée de chacune  des planètes,  dans  
 le  signe  où  elles  ont leur exaltation.  Ils  
 se  disoient fils  ou  descendans  de  Sâbi,  
 fils  d’Idris,  enterré  en  Egypte  sous  la  
 troisième  pyramide  (4).  Ils  ajoutoient  
 que  leur religion  étoit  la  plus  ancienne  
 et la plus répandue autrefois dans l’Univers  
 (5) ,  jusqu’au temps du spiritualiste  
 Abraham, qui apporta de nouvelles idées. 
 (t) Maimonid. More. Nevock. Pars. 3.C. 26. 
 (2) De Ver. Pers. Relig. p. 60. &86. 
 (3)  Ibn. Shahna apud Hyd.  de Vet. Pers. Relig.’  
 p.  127. 
 (4) Ibid. p. 128. 
 N I V E R S E L L E , 
 Cette  tradition'des  Sabéens  sur Taii-  
 teur  de  leur  culte  enterré  en  Egypte ,  
 nous  conduit  naturellement  à chercher  
 dans ce pays le berceau de cette religion.  
 Nous  y  trouvons  l’astrologie  exerçant  
 un empire aussi puissant qu’en Chaldée ;  
 nous  devons  donc  aussi  y  retrouver la  
 même doctrine sur la divinité des astres,  
 qui  est  la  base  de  toute  astrologie.  On  
 se  rappelle  le  passage  d’Eusèlie  sur  les  
 Egyptiens  qu’il  associe  aux  Phéniciens  
 pour  les  opinions  religieuses  sur  la  
 cause  universelle,  et  sur la  divinité  du  
 soleil et des astres,  seuls  modérateurs du  
 monde.  Son  témoignage  est appuyé sur  
 Diodore-de-Sicile (6), qui nous dit «que  
 33  les  plus anciens  habitans  de l’Egypte  
 33  reconnoissoient deux  grandes  divini-  
 »  tés,  premières  et  éternelles,  savoir  
 33  le  soleil  et  la  lune....  qu’ils  pensoient  
 33  que  ces  deux  divinités  gouvern oient  
 33  le  monde,  et  que  tout ce  qui reçoit  
 33  de  la  nourriture  et  de  l’accroisse-  
 33  ment,  le  recevoit d’elles;  que d’elles  
 33  dépendoit  tout  le  grand  ouvrage  de  
 33  la  génération ,  et  la  perfection  de  
 33  tous  les  effets  produits  dans  la Na-  
 33  ture>3.  On  sait  effectivement  que  les  
 deux plus  grandes divinités  de l’Egypte  
 étaient  Osiris  et  Isis ( 7 )  ;  et  que  tous  
 les  auteurs  s’accordent  a  y  reconnoître  
 les  plus grands  agens  de la Nature (8) ;  
 les  uns  Te  principe  actif  et  passif  des  
 générations  ,  le  ciel  et  la  terre ;  les  
 autres,  le soleil et  la lune ;  et tous quelqu’une  
 des  puissances  ou  des  parties  
 de  la  cause  visible  universelle. Un  des  
 plus savans  prêtres de l ’Egypte,  Chéré-  
 mon  ,  dépositaire  et  interprète  de  la  
 science sacrée,  nous donne encore quelque  
 chose  de  plus positif .sur la  nature  
 du  culte  des  Egyptiens.  Chérémon,  
 nous dit Porphyre,  et une foule d’autres  
 savans Egyptiens, sont persuadés qu’on 
 (;) Voyez ci-dessus p. 4. 
 (6) Tliodor. Sic. 1.  1 , c.  10 &  11. 
 (7) Theodoret. Ser. 3. 
 (8) Diogenes. Laert. in Prcem. Plutarch.  de Iside  
 &  Osiride.  Diodor. Sicul. 
 ne 
 ces  ne  doit  admettre  rien  hors  le  
 inonde ou hors la cause visible ,  et  s’appuient  
 de l’opinion  des  anciens  Egyptiens. 
   ( 1 )• 
 «  Ils  ne  reconnoissent  pour  Dieux  
 »  que les planètes,  les  astres qui com-  
 33  posent le Zodiaque,  et tous ceux qui, 
 33  par ’ leur  tleyer  ou  leur  coucher ,  en  
 »  marquent les divisions ,  les sous-divi-  
 3 ,   sions  des  signes  en  décans,   l’horos-  
 33  cope,  et  les  astres  qui  y  président,  
 33  et  que  l’on  nomme  chefs  puissans  
 33  du  ciel ;  astres  dont  les  noms  sont  
 »  Contenus dans nos livres d’astrologie,  
 33  et  de  médecine  astrologique  ^ 2 )  ;  
 33  avec  leurs  levers,  leurs  couchers  ,  
 3.  leurs  influences  sur  les  maladies,  et  
 33  les  prognostics  qu’on  en  tire  pour  
 33  l’avenir.  Ils  observent,  en  effet  que  
 33  les  Egyptiens,  faisant  dut soleil  le  
 33  grand  Dieu ,  architecte  et  modéra-  
 3»  teur  du  monde,  expliquoient  non-  
 33  seulement  la  fable  d’Osiris  et d’Isis ,  
 .33  mais  toutes leurs fables  sacrées géné-  
 3.  râlement,  par  les  astres,, i par  leur  
 ».  apparition  ou  leur  disparition ,  par  
 33  leur  ascension,  par  les  phases  de  la  
 .33  lune  et  les accroissemens  ou  la dimi-  
 .33  nution  de  sa lumière ;  par la marche  
 33  du  soleil,  par  les  deux  divisions  du  
 33  temps  et  du  ciel  en  deux  parties  ;  
 .33  l’une  affectée  à  la  nuit,  l’autre  à  la  
 3>  lumière ,  par le Nil ;  enfin par le  jeu  
 .33  des causes  physiques,  et ne faisoient  
 33  mention aucunement dans leurs Oftpli-  
 •3»  cations d’êtres  incorporels et de  si3 js-  
 »»  tances vivantes...  Ce sont  ces Dieux ,  
 >3  arbitres  souverains  de  la  fatalité  ,  
 »  qu’ils honorent par des sacrifices,  et à  
 33  qui  ils ont élevé  des  images 33.  Effectivement  
 nous  apprenons , par Lucien ,  
 villes d’Egypte,  à raison des animaux dif-  
 férens qu’on y feonoroit,  tire lès raisons  
 de  cette  diversité  ,  de  la  diversité  des  
 aspects  célestes,  et  des  signes  aux  influences  
 que  tout le, culte Egyptien, mêmetCelui  
 des  animaux,  était relatif aux astres, et  
 fondé  entièrement  sur  l’astrologie  (t).  
 Lucien expliquant la  diversité  du  culte  
 qu’on  reniarquoit  dans  lès  différentes 
 (1)  Porphyr. Epist. àd Anneeb. præmissa operib.  
 Jamblici’'dë  Myster. Æ^yptuic,  Oxonii.  1678.  
 in-fol. 
 Relig.  univ.  Tome  l. 
 desquels  la  distribution  astrologique  
 les  avoient soumises.  Ilparoît,  
 parce  qu’il nous  dit,  qu’il en  étoit des  
 Egyptiens  comme  des  Arabes,  leurs  
 voisins, ehez qui chaque tribu étoit sous  
 la  protection  d’une  étoile,  avec  cette  
 différence.  que  les  Egyptiens ,  qui  ai-  
 moient les symboles etles images animées,  
 ■ représentoient leur divinité tutélaire,  ou  
 l’animal  céleste  par  un  animal vivant,  
 qui  lui  étoit  consacré,  et  recevoit  ses  
 influences.  Les  Arabes  au  contraire  
 n’avoient que des Thérapim ,  espèce  de  
 petites  idoles, et des talismans de. métal  
 soumis  à  l’influence des astres ,  comme  
 l ’étoientles animaux sacrés de  l’Egypte ,  
 qu’on peut regarder comme autant de  talismans  
 vivans, animés par le feu principe  
 qui  forme  la  substance  des  astres.  Au  
 reste  ,  ces  animaux  portaient  des  caractères  
 symboliques  et astrologiques ,  
 comme les talismans Arabes ;  tel étoit  le  
 boeuf Apis,  talisman consacré à la lune,  
 soumis à  l’influencé  de cette planète, et  
 à  celle  du  taureau  céleste ,  où  étoit le  
 siège  de  son  exaltation,  et  marqué  de  
 tous  les  caractères  de  la  force  génératrice  
 ,  dont  on  faisoit  la  lune  dépositaire. 
  Aussi ces caractères  se trouvoient-  
 ils  sur  le  corps  d’Apis réunis  au  croissant  
 de  la  lune ,  et  à  la  figure  du  scarabée  
 tauriforme  qu’on  nous  dit  avoir  
 été consacré à la lune,  parce que l’astrologie  
 avoit  fixé  dans  le  taureau  céleste  
 le heu de l’exaltation de cette  déesse  (4).  
 On  peut  donc  juger, par  cet exemple ,  
 que  le  culte  des  animaux  en  Egypte  
 était lié à l’astrologie ,  et qu’il .se rapportait  
 aux astres. Effectivement Lucien  (5)  
 nous  dit  que  le  boeuf  Apis  ,  animal  
 sacré pour  lequel,les  Egyptiens  avoient  
 là  plus  grande  vénération  ,  n’étoit 
 (z) Vpyçz notre dernier chapitre sur les Archanges  
 & les  puissances  célestes. 
 (3)  Lucian. de Astrol. p. 986. 
 (4) Hcr. ApolL L 1, c.  10. 
 B