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que. Nous ferons voir dans notre ouvrage
surles mystères, que la Divinité honorée
àRomesousle nom de la Bonne-Déesse,
une des mères de Bacchus, la fille de Faii-
ne ou de Pan, étoit la chèvre céleste : c’é-
toit an premier mai, à son lever, que
l ’on célébroit les mystères de la Bonné-
Déesse, comme on peut le voir daris
Ovide. 11 nous suffit de ce petit nombre
d’exemples , pour donner une idée du
principe, d’après lequel ces calendriers
sacrés étoient réglés, et des rapports f rap-
pans, qui s’y trouvent établis entre les astres
et les fêtes qui se célébroien t sous leur
aspect, et au moment de leur apparition.
Ces rapports qui n’pnt lieu, que parce
que les astres étant les Divinités auxquelles
s’adrSssoient ces fêtes, la marche des
corps célestes dut nécessairement régler
celle du calendrier des prêtres. Voilàdonc
encore de nouvelles traces du culterendu
à la Nature et à ses parties , qui restent
imprimés dans le calendrier religieux
des anciens.
Ce rapport avec la Nature,avec le soleil,
les astres et les élémens, étoit consacré
de la manière la plus frappante dans une
des plus belles fêtes des Romains, dans
les fêtes ou jeux du cirque , célébrés en
l ’honneur du soleil et de ia Nature entière
, à l’équinoxe de printemps. Le soleil
, la lune, les planètes , le zodiaque ,
les élémens , enfin toutes les parties de
la Nature les plus apparentes, et ses
a gens les plus puissans, étoient personnifiés
, représentés, ou mis en action
dans ce spectacle pompeux, dont les
révolutions célestes étoient l’objet, et
sur-tout le soleil, arne de la Nature , et
chef de l’ordre et de l’harmonie, qui résulte
des diffère ns mouvemens des cieux.
Cet astre y avoit«ses chevaux ( i), qui,
dans l’hippodrome, imltoientles courses
du soleil dans les cieux.
On attribue' à Romulus cette institution
: il est certain qu’elle remonte ,
clieg les R omains, à la plus haute dnti-
(>) Ceijreinis, y. i^jCJu-onic. JVlpi. ,p- 3(1,
ïâdor. Orig. 1. i 0, c. 24, &c.
(2) Chronic. p. .261.' ■
(3) Isiçl. Orig. c. 15. - -■ «£'[.-
quité ; Vraisemblablement qu’elle fut une
•imitation des courses de T hippodrome
' des Arcaüiens, 'de qui les Romains ont
titér leur culte, et sur-tout des courses
de l’Elide , pays où l’astre , qui mesure
les jours et les années, étoit honoré par
de semblables fêtes cycliques : les jeux
Olympiques , célébrés en l’honneur de
cet astre, sous le nom d’Hercule , qu’il
prenoit au solstice d’été, en sont une
preuve. C’étoit en l’honneur de Mars ,
ou de la planète qui préside au premier
signe du zodiaque, ou au signe de l’équinoxe
de printemps, sous lequel l’année
Romaine s”ouvroit du temps de Romulus
, que ce prince , dit-on , établit cette
fête pour honor er le Dieu dont il vouloit
qu’on lé crût fils (2). Le champ des cieux
étoit représenté par une vaste arène
consacrée au soleil, qui y avoit au
milieu son temple surmonté de son
image (3). On donna à cette enceinte le
nom de cirque, plutôt à cause de sa forme
qu’à cause de Circé fille du soleil, à
qui on faisoit honneur de l’invention
de ces sortes de jeux ; car l’histoire de
Circé n’est elle-même qu’une allégorie
Astronomique.
Les Romains , de l’aveu d’Isidore de
Séville ; convenoient que «es jeux, et
tout ce qui y. servoit, dévoient se rapporter
à la Nature et à ses agens, ou
aux causes du monde, c’est-à-dire , aux
parties du monde qui font la fonction
cle causes. Les limites de la course cln
soleil, l’orient et l’occident, y étoient
représentées par les termes ou limites
extrêmes du cirque , où étoient les
bornes (4). Au milieu du cirque s’élevoit
l’obélisque , que sa forme, Comme nous
l’avons déjà dit (5), avoit fait consacrer
au soleil. Mesphrés , roi d’Egypte, pas-
soit pour ê tre le premier, qui eut consacré
à cet astre de f semblables momunens.
Le sommet de l’obélisque (6) désignait
lahauteurdes cieux, le point culminant,
oùarrive cet astre au milieu de sa course)
, , £4) Isîd. ibid. c. 27, , 1 )
(5) Ci-dessus, p.
(6) Isidor, Orig. 1. x8. Ibid C 18,
sa position au milieu du cirque , à une
distance égale des deux bornes, quifigu-
roient le levant et le couchant, représentait
le milieu de cette course ; et
l’espèce de flamme en or, posée sur le
(faîte de l’obélisque , désignoit la nature
ldu feu et de la chaleur que donne cet
astre. . , . ■ . .
Les conducteurs des chars (1) étoient
I habillés de couleurs relatives à la teinte
des élémens.
Le char du soleil étoit attelé de quatre
chevaux, qui représentaient les quatre
saisons et les quatre élémens, que le soleil
modifie par sa révolütiou annuelle (2), et
dont la teinte variée étoit appliquée aux
chevaux, qui imitaient chacun par leur
couleur un de ces élémens, et celle de la
terre dans les quatre saisons.
Nous voyons dans Martianus Ca-
pella (3) cette teinte de la lumière et de
la terre , durant les douze mois , repré-,
sentée par douze pierres de couleurs
différentes, à-peu-près les mêmes que
celles du rational du grand-prêtre , et
conséquemment que celles des douze
fondemens de la ville sainte de l’Apocalypse
, et ayant le même objet : savoir,
d’imiter la teinte de la Nature , durant
la révolution solaire par les douze signes.
Les planètes avoient aussi leurs couleurs,
ainsi que les Zéphyrs , Flore, la terre ,
Iris ou l’arc-en-ciel j on chercha à les
muter toutes pardes couleurs analogues.
Ainsi nous avons vu que les Juifs (4 ),
dansles différentes couleurs qu’ils avoient
[données aux voiles du tabernacle, & à la
tunique (5) du souverain sacrificateur ,
[avoient cherché également à imiter la
[teinte des élémens. Isidore conclut (6)
avec raison de tout cela , que les élé—
mens et las astres, qu’on cherchoit à
(1) Isidor. O rig. 1. 1 8 , c. 20.
(1) Ibid. c. 38.
(3) Mart. Capell. de Nuptiis Phi'lolog.
(4) Ci-dessus, p.
(I) Joseph! Antiq. !. 3 , c. 8.
(6) Isid. ibid. c. 38.
(7) Ibid." c. 34,. 27.
(8) Ibid. c. 33.
imiter, étoient honorés, comme Dieux
dans cette cérémonie. Il y voit une
invention du Diable , et nous un monument
savapt de l’ancienne religion , ou
plutôt delà religion universelle duinonde,
dont la Nature fut l’unique Divinité, sous
quelque forme qu’elle ait été travestie.
Les courses s’y faisoient d’orient en
occident (7) , et il y avoit sept tours à
faire, dit Isidore ,,à cause des sept planètes
qui gouvernent toute la Nature.
Le char affecté à la lune étoit conduit
par deux chevaux seulement, conformement
au génie des anciens poètes et
des peintres , qui donnoient au soleil
quatre chevaux, et deux seulement à
la lune (8). Jupiter en avoit six ; les
Dieux inférieurs trois : la planète de
Vénus , qui préside au crépuscule du
matin et du soir, eut aussi ses coursiers
et ses coureurs.
Ces combats furent inventés, dit l’auteur
de la chronique d’Alexandrie (p),
pour représen ter l’harmonie de l’univers ,
du cie l, de la terre, de la mer.
On figuroit le Zodiaque par douze
portes. Cet emblème de portes étoit
consacré dans l’antre de Mithra (10) ,
pour désigner les sphères. L ’auteur de
l’Apocalypse (11) parle aussi des portes
du ciel. Le capricorne et le cancer (12)’
étoient les deux portes du soleil 3 il
n’est donc point étonnant, que dans le
cirque on ait représenté les maisons du
soleil, ou les douze signes , par douze
portes du Zodiaque, dont l'influence ,
dit la chronique ( i 3) , règle la terre , la
mer et la vie des hommes. Les sept
espaces représentaient la course et la
révolution des astres , qui roulent
dans ce même Zodiaque. On y figuroit
aussi le mouvement des étoiles
(9) Chronic. p. 261.
(10) Orig. Contr. Cels. 1. 5, p. 298.
fil) Apocalyp. c. 4.
(12) Macroh. Som. Scip. I. 1 , c. 12. Porphyr.
de Antr. Nymp.
(13) Chronic. p. 261 , &c. Cedren. p. 147 —-
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