tant de Diens, qui tiennent l’Univers enchaîné
sous leurs loix , et de qui il n’est
aucun être qui ne dépende.
Le prêtre, chargé de porter ces livres,
marchoit le second, à la suite du Cantor
(1) ou Grand-Chantre, qui portoit
le livre des Hymnes. On le nommo't
Uoroscopus ; et en cette qualité , il
portoit d’une main l’horloge , et la
palme , symbole de l’Astrologie. Il portoit
de l’autre les Livres Astrologiques
des Mercures Egyptiens , au nombre de
quatre , dans lesquels il étoit parlé des
fixes, et de la manière dont elles sont
rangées, de leurs levers, de leurs cou-
. chers , des conjonctions et des oppositions
du Soleil et de la Lune, &c. Darts
ces processions on voyoit aussi quatre animaux
sacrés, destinés à peindre, comme
emblèmes , les juincipaux points de la
course du Soleil et les hémisphères (a).
Le Collège d’Astrologie établi en
Egypte servit, suivant quelques Auteurs,
de modèle à un pareil établissement à
Eabylone. On sait combien les Chaldéens
se sont rendus fameux par cette science,
.ou point que l ’on prit pour synonymes’
les noms d’Astrologue et de Chaldéen.
Us étoient, suivant Diodore (3) , les
Astrologues les plus instruits de 1 Univers
; ceux qui mettoient le plus d’exactitude
dans leurs observations , et ceux
qui avoient donné plus de soin à l’étude
de cette science, qui d’ailleurs devint
pour eux une branche de commerce très-
lucrative. Ils faisoient, si on en croit le
même Auteur, pour les particuliers et
pour les princes , des prédictions dont
l'évènement justifia souvent la vérité,
d’une manière très-surprenante.
Ce n’est pas seulement en Egypte et
en Chaldée , que nous trouvons cette
science établie ; elle se retrouve encore
chez toutes les nations de l’Asie et de
1) Clem. Alex. Strem. 1. 6 , p. 6-î c.
Û S id’ '• 5. t-
(3) Diod. 1. i , c. 31, p. 144.
(4) R'ch. sur le« Egvpt. t. 2, p. 177.
f J Salmas. Præf. Ann. Clini.
(ë) Fhii. Vit. Ap'ôll. t. ï , c. 14.
l’Afriqne (4), chez qui, dit M. de Paw ,
l’ancien cülte des Astres et des planètes
a dû engendrer nécessairement cette
superstition. Saumaise (5) a bien fait
voir, comment ces deux idées sont liées
entr’elles, et comment l’une dérive nécessairement
de l’autre. Ainsi dans .tout
l ’Orient, oit l ’on rendoit un culte aux
Astres, comme aux causes éternelles’, la
divination par les Astres s’établit naturellement
, et c’est dans l’Astrologie, que
résidoient les principes de la science de
l’avenir, qui appartient aux Dieux. Voilé
l’origine de la grande fortune que l’Astrologie
a faite dans toute l’Asie ,. et par
communication dans le reste du monde.
Les j)hiiosophesIndiens, de la ration des
Oxydraces, qui vinrent trouver Alexandre
(6), s’entretinrent avec lui des secrets
de la science, qui a pour objet le Ciel et
les Astres. Cette scienoe secrète ne pou-
voit être que l’Astrologie, qui s’enseignoit
d’une manière mystérieuse, comme on
peut le voir dans Firmicus (7), et dans
l’Astrologue Vettius VaJens (8), qui nous
ont conservé la formule du serment,
qu’on exigeoit de ceux que l’on initioit
aux mystères de cette science.
Les Brachmanes, que consulta Apollonius
, lui donnèrent aussi les secrets
de l’Astrologie , avec le rituel des cérémonies
agréables aux Dieux, et les
formules de prières qui peuvent leur
plaire (9), et mériter cette connoissance
de l’avenir, qui se tire des astres. Philostrate
fait même remonter cette sçienoe
chez les Indiens, au-delà de l’époque
où elle fut connue des Egyptiens et
des Chaldéens. En effet, 011 peut regarder
l’Astrologie , comme une des plus anciennes
maladies de l’esprit humain.
11 seroit difficile d’en fixer l’origine
dans l ’immensité des siècles. Diodore
prétend (10), que les Chaldéens faisoient
(7) ’Firm. Præf. Ad. 1. 7,
Selden.. Proleg. p. 35.
(9) Philostr. Vitâ Apoll. 1. 3 , c. 13. Idem, de
, Vit. Joseph. 1. 1.
(io) Diod. 1. a. c. 31«-
remonter
remonter cette science chez eux à 473,000
ans,avant l’arrivée d’Alexandre en Asie.
En lisant l’histoire de la Chine, on
trouve que l’Astrologie y est aussi ancienne
que l ’histoire même. On en ti-
roit des inductions sur la manière de
gouverner,soitl’état,soitlesfamilles. Le
Tribunal de Mathématiques des Chinois,
peutêtrsregardé , à proprement parler,
comme un collège d’Astrologues. Le
bois, l’eau , les élemens, sont, chez eux
affectés chacun à une planète; de manière
que chaque planète (1) est désignée
indistinctement par son propre nom, et
par l’élément qui la représente. Nos
chymistes en ont fait à-peu-près autant;
car, l’Astrologie chez tous- les peuples,
Arabes, Egyptiens, &c.s’estliée à toutes
les sciences ; nouvelle preuve de l’universalité
de son influence sur les connois-
sances humaines , et sur les divers
monumens des arts et du génie, dans
l’ordre civil, comme dans l’ordre religieux.
Il n’est point de peuple plus superstitieux
que celui de la Chine (j). Tout
ici bas, selon lui, dépend de l'influence
des astres ; toujours incertain et inquiet
sur l’avenir, il ne cesse par toutes sortes
de voies de chercher à le pénétrer. C’est
cette fatale curiosité, qui, chez tous les
peuples, a été la source delà prodigieuse
Fortune qu’ont faite les Oracles, les
Augures, les. Haruspices, lës Devins,
et conséquemment les prêtres, qui se
sont saisis de toutes ces branches du
charlatanisme religieux, et ont alimenté
les maladies de l’esprit, pour pouvoir
plus sûrement tyranniser les hommes.
Les Chinois n’ont pas été les seules
victimes de ce malheureux penchant,
a vouloir tout savoir et à croire à tout.
Les Grecs et les Romains distinguoient
comme eux lës jours, en jours heureux
et-en jours malheureux. L ’ouvrage dîHé-
siode, intitulé les jours, prouve que la
(0 Hyd, d« Vet. Pers* Rélig. p. 22 s; 5c
Societ.
S Contant d’Orvilfe, t . i , . p . m,
Ibid. p . 2 4 7 .
Relig, Uuiv. Tome I.
81
Grèce avoit de ces calendriers, dès la plus
haute antiquitéjc’estd’après de semblables
almanachs,qu’un Chinois communément
règle sa conduite; de-là vient la sotte con-
fiar.Ce qu’il donne aux Astrologues, aux
Sorciers, et à d’autres misérables charlatans.
Tout genre de divination trouve accès
chez les Chinois, depuis le sceptre jus-
qu’àlahoulette. Au reste,les Chinois traitent
mal les Astrologues , quand ils les
trompent, parce qu’ils prétendent que, du
sort de l’astrè éclipsé,dépend celui de l’empire
; et qu’il est du devoir de l’Astrologue
de prévenir les dangers qui pourroient
résulter de leurs erreurs.
Les prêtres du Japon ( 3 ) sont aussi
chargés de lacomposition de l’almanach,
et on ne commence point d’affaire au
Japon, on n’entreprend point de voyage,
( 4 ) , sans avoir consulté la table tles
bons et des mauvais jours rédigée par
l’Astrologue Serneï, dont le nom est
fameux chez eux, comme celui de
Mathieu Lansberge chez nous parmi
le peuple; car, ils ont aussi le leur;
tout ce qui concerne l’inlluence des
astres, les présages, les prognostics et
les autres folies de l’Astrologie judiciaire
étoit, dit-on, connu de ce savant
personnage, dont ils ont relevé la naissance
par le merveilleux.
L ’almanach est un des livres les plus
intéressans pour les Siamois (5). C’est la
règle de conduite pour toute l'a nation;
ils n’entreprennent rien sans consulter
leurs devins, et le roi entretient toujours
des Astrologues dans1 son palais,
L ’Astrologie est une des sciences cultivées
avec le-plus dé soin par les habitans
dé l’îlë dè Coylan , la Trapobàne des anciens^).
Leurs prêtées ('7), car ce sont les
prêtres par-tout qui se chargent du rôle
d’imposteurs,. font lè métier d’Astrologues
; ils* prédisent par l’aspect des
étoiles, comment finira une maladie,.ce
!4) Ibid. p..274.
5 ) Ibid. p. 467.
6) Ibid, t, a, pi 245.
7) Ibid, p, 268!