d’après la théorie des levers et des couchers
( i ) , et des apparences des Dieux
étoiles.
Le calendrier de Columelle et celui
d’Ovide en sont une preuve, ainsi que
les ouvrages d’Hésiodfe et de Virgile
sur l’agriculture. Ce dernier , en marquant
le but de son ouvrage, annonce
dès le premier yers, qu'il dira sous
quel astre il faut labourer la terre (2).
Nous enseignerons , dît Columelle ,
quels sont les travaux à faire dans
chaque mois, de manière à les faire
toujours dépendre de l’état du ciel (3 ) ,
dont les changemens et les variétés
seront prévues par le laboureur, s’il
consulte notre ouvrage , sans qu’il ait
à craindre de se tromper souvent. Ensuite
l’auteur commence son calendrier ;
il nous dit, par exemple , qu’au 17
avant les Calendes de février, le soleil
passe dans lé yerseau. Que ce moment
est marqué par le coucher du matin
des étoiles du lion. Le vent d’Afrique
souffle , pluie. Le 16 des Calendes de
février, le Cancer se hâte de se coucher,
froid, etc. Le jour qui précède
immédiatement les Calendes du même
mois, ou le dernier janvier, lé lever
et le coucher des astres, dont l’auteur
venoit de parler, produisoit, suivant
lu i, la tempête, et quelquefois ne fai-
soit quej l’annoncer (4). Le reste du
calendrier est composé sur ces principes.
J’en dis autant de celui de Germa-
nicus César, de celui de Ptolémée,
etc. (5 ) qui outre le lever ou le coucher
des signes, tiennent registre exact
de toutes les autres étoiles, qui se lèvent
ou se couchent chaque mois avec ces
mêmes signes. Ara tu s, Platon et Eudoxe,
suivant Plutarque (6), rapportoient également
à la marche du soleil les levers
et les couchers des planètes et 1 2 * 4
(1) Columell. de re Rust. 1. 11 , c. 3.
(2) Georg. 1. 1 , y . 1.
{3) Coiumell. ibid. j. 1 1 ,, ç. 2.
(4) Hipp. 1. 2, c. 5, p. 12c. Uranol. Petav. Ge-
fninus h 16, p, 36.
des fixes, pour en tirer des indice,
du retour des hivers et des étés , et d»
toutes les variations des saisons.
Théon (7) , dans son commentaire sur
Aratus , fait sentir toute l ’importance
de ces observations sur le lieu ctu soleil
et sur les- levers et les couchers des
étoiles extra-zodiacales qui le détenni.
noient. Il commence son énumération
des Constellations , dont le lever et le
coucher fixent les divisions des signes
par celles qui correspondent ati Cancer
, d’où part sa division du Zodiaque.
Au moment où le Cancer monte sur
l’horizon, il marque le coucher de la
moitié de la Couronne, et de l’étoile
de la bouche du poisson austral, Foma-
haut.
Les calendriers marquoient, non-seulement
les constellations , mais même
les parties de constellation, qui coïnci-
doient, par leur lever ou leur coucher,
avec le coucher ou le lever de telle ou
telle partie de signe. Souvent même ils
ne faisoient mention que d’une seule
étoile, p^r exemple, d’Arcturus. On fai-
soit souvent aussi mention de plusieurs
constellations en même-temps. Ainsi
Théon,(8), outre la Couronne, nomme
aussi Ophiuchus , et son serpent qui
achèvent de se coucher en même-
temps.
De-là il est arrivé, que plusieurs fables
sur différens Dieux se trouvent unies
ensemble dans les fictions sacrées sur
tel jour du mois, et que les statues et
autres emblèmes religieux, composés des
parties de ces différentes constellations,
ont offert des groupes monstrueux,
qui ont été consacrés dans les temples,
et sur-tout dans ceux de l’Egypte (pppp)'
Ainsi la Couronne se liant au Cancer,
domicile de la lvtne , devint la belle
Proserpine, épouse de Pluton , ou du
serpentaire qu’entortille le serpent, qui
(5) Ptolem. Urànol. Petav, p. 36, 41, 6o>
Hygin. 1. 4 , c. 13.
(6) Plut, de Placit, philos. 1. a , c. 19, p. S S y ■
(7) Théon, p. 163— 164.
(8) Theon, p, 163.
s'allonge sons la Couronne , et qui produit
avec Proserpine le fameux Bacchus.
le poisson Austral , Fomahaut, se liant
a la même lune du Cancer, fournit les
attributs de la Diane Eurynome, que
l’on bonoroit ( 1 ) en Arcadie. Dans
ce même pays, on trouvoit à côté de
Cerès la même Diane ou lune ( 2 ) ,
[s’appuyant sur deux serpens 5 l’un est
l'hydre qui monte avec le Can-
[cer, et l’autre le serpent du serpentaire,
qui finit de se coucher à cette
même époqne, comme nous l’avons vu
par le passage de Théon. Le chien,
, qu’on voit à côté d'elle , est le chien
[céleste q u i, au-dessous de l’hydre ,
[monte avec elle en même-temps que
le Cancer , et qui, pour cette raison,
[est appelé par Servius (3 ) lé Parana-
[ tellon du Cancer. La flèche céleste
j fixe le lever des derniers degrés du
même signe , et remplit le carquois qui
flotte sur les -épaules de la Déesse, C’est
(ainsi, qu’en rassemblant les parties des
deux serpens , les constellations du
[chien, et de la flèche, qui fixent les
I divisions du Cancer, domicile de la lune ,
on composa l ’emblème astrologique ou
lia figure sacrée, qui représentait cette
Déesse en Arcadie , près du Mont-
IMenale. Ensuivant notre méthode, on
parviendra à analyser Igs emblèmes re-
lligieux de l’antiquité, et les statues des
Dieux les plus composées. La théorie
[des Paranatellons, ou des levers et des
[couchers des astres, et leur coïncidence
| avec ceux des signes en sera la prin-
jcipale clef.
Firmicus, dans son huitième livre (4),
tait 1 énumération des principales cons-
I fellations qui fixent les parties des douze
signes , et il fait l’application de cette
jtieorie à T Astrologie judiciaire, qui
avmt empruntée de l’Astrologie naturelle.
Il cherche à donner l’idee la plus
| 47SH de cette partie de la science As-
rologique } qU’p regarde comme le
complément de son ouvrage (5 ). Il dit
qu’aux douze signes,qui partagent entre
eux tout le Zodiaque, se j oignen t d’autres
astres, placés à. droite et à gauche des
signes, lesquels gardent constamment
avec lui et entre eux leurs positions respectives
, et roulent arec tout le ciel
par un mouvement uniforme et continu
, que règlent d’immuables lois. Ces
astres se lient avec les signes par leurs
■ levers et leurs couchers, dans un ordre
constant et éternel, et c’est à eu x ,
ajoute Firmicus, que l’antiquité à appliqué
les noms fameux dans ses fables
religieuses. Firmicus auroit eu plus de
raison .de dire, et ce sont là les Dieux
et les héros fameux dans les fables religieuses
, sous une foule de noms différens.
Ce qui est exactement vrai, et
ce qu attestent tous les prêtres Egyptiens,
dont Cheremon invoque le témoignage
dans ce passage fondamental,
que nous ne pouvons trop, rappeler.
L ’Auteur convient qu’Aratus avant lui,
Çicéron et Germanicus César avoient
fait coimoître aux Romains les noms
de ces astres, leurs levers et leurs couchers
; mais il dit avec raison, qu’ils n’en
avoient point montré les usages pour
l’Astrologie, et qu’ils n’en avoient parlé
que comme les poètes , et ce qui est
une suite nécessaire, comme les mythologues
; car la poesie et la mythologie
etoient unies dans les temps reculés,
où l’on créa les fables sacrées.
Firmicus en commençant son ouvrage
avoit annoncé, qu’il avoit recueilli les
principes (6) de la science des anciens
et des Chaldéens sur la puissance
des astres , et sur leur empire
dans la Nature. C etoit donc la science
des causes naturelles, ou la théologie
des Dieux naturels , telle que l ’avoient
conçue les Egyptiens et les Chaldéens,
qu il établissoit, dont ,il développoit
les principes, et dont il faisoit voir les
applications à l’Astrologie judiciaire, q u i
(O Paus. Arcad. 271.
(?) Ibid, p, 267.
(3) Sery. Corn, ad Georg. 1, 1 y. a»8.
(4) Firm. 1. 8 , c .6 ,et suiv. p. ai6-"2i7et 131,
(5) Ibid. 1. 8, c. 5.
(6) Firm, Præf, p. 2,