3i 8
Hercules, placés dans les constellations,
honorés eux-mêmes comme Dieux, ou
comme Génies ; maiq d un ordre inferieur
au grand Dieu-Soleil, dont ils
netoient que l’image (m), et à qui ils
servoient de guides dans, sa carrière.
C’étoit en quelque sorte le Génie familier
attaché au soleil, et à la partie
du ciel , dans laquelle fame motrice
des sphères plaçoit le commencement
de l'activité et du mouvement, qu’elle
iinprimoit au temps et au.Soleil, son
plus grand agent : il fixoit l’époque
la plus importante de la révolution
annuelle. •. v
On ne doit jamais perdre de vue ce
second Hercule, dont les avantures se
lient nécessairement à celles de l’Hercule
solaire , et souvent se confondent
avec lés siennes , quoiqu’elles appartiennent
quelquefois plus ..encore à la
constellation. Car on ne peut pas toujours
expliquer par le Soleil seulement
certaines fables d’Hercule, qui
semblent souvent avoir principalement
pour objet son image céleste, on la constellation
qui le représente. C’est une
distinction qui n’est pas à négliger.
Nous avons en conséquence fait graver
cet Hercule constellation , dans
la première division du Planisphère,
sons le signe du Lion , dont il est le
Paranatellon, avec la massue et la peau
de lion, que lui donnent toutes les
Sphères, Il appuie son pied sur le
Serpent du Pôle, ou sur le Dragon des
Sphères, auquel il est toujours uni dans
les images célestes. On remarquera aussi
dans sa main une branche d’arbre ,
chargée de fruits, qui. représentent,
dit-on, les pommes qu’il cueillit au
jardin des Plespérides. C’est ainsi qu’on
le iignroit dans toutes les anciennes
Sphères. Hercule, dit Cedrérms ( 1 ) ,
fut mis au nombre des constellations,
et on l’y représenta avec une peau de
lion, une massue, et trois pommes dans (i)
la main, qu’il avoitenlevées du jardin
des Hespérides. '
Nous ne rapporterons pas les mauvaises
explications , que donne Ceilré-
nus, du sens de ces trois emblèmes ■
mais nous aj outerons à celle , que nous
avons donnée, de la massue et de la
peau de lion une explication de ce
troisième symbole, ou du bouquet de
pommes. Le séns de ce nouvel emblème
est aisé à’ saisir, quand on fait réflexion,
qu’Hercule, ou le Dieu aux trois nuits
se couche au lever du Cancer et du
Lion, et Selèvètrois mois après, avec le
signe de la Balance, dans la saison des
fruits, ou en Automne. La même raison,
qui fit mettre un épi dans la main de
la Vierge , qui préside aux moissons,
et une outre pleine de vin dans celle du
Centaure, qui se lève au Midi de la
Balance, en même - temps qu’Hercule
monte au Nord de ce signe, fit mettre aussi
des pommes dans la main d’Hercule;
et les deux constellations principales,
qui président au commencement de
l'Automne , partagèrent entre elles les
symboles de cette saison, les pommes
et les raisins. Ces pommes ou ces fruits
d’Automne sont gardés par le | dragon
du Pôle, qui monte sur l’horizon, à
la suite d’Hercule, et qui vient répandre
le mal, le froid et les ténèbres sur la
terre, au moment où le cultivateur va
la dépouiller de ses fruits, et où les vents
de l’Automne vont gâter tous ses orne-
mens, comme nous le ferons voir plus au
long dans la fable d’Eve, despommes
et du serpent. Plygin , Germanicus César
, Eràtosthène , Théon , et tous les
Astronomes - Mythologues , oiit reconnu
dans 1 'Ingeniculus , qui foule
aux pieds le Dragon du Pôle , le fameux
Plercule vainqueur du dragon des Iles-
perides. En le plaçant donc avec son
dragon ( car ces deux groupes sont inséparables
dans la Mythologie , ;(«;>
comme dans la sphère ) sous le signe
(i) Cedren. p. 18.
du Lion, dont l ’ascension ou le lever, est
fixée parle coucher de l'Hercule Inge-
n i c u lu s , nous avons rétabli exactement
la sphère, ancienne, et nous n’avons
fait que présenter au lecteur l’aspect
céleste, qu’observoient les anciens Astronomes
, qui donnoient les descriptions
de sphères, que les Poètes ensuite clian-
toient dans les fictions sacrées.
On se convaincra encore plus de
cette vérité , quand on lira cette observation
de Théon ( 1. ) , sur l'Ingeniculus,
[ par laquelle il nous dit , qu’au moment
; où le Lion se lève , une partie de Vlnge-
| niculus est déj à Couchée, et que le reste
! de son corps , le genou gauche et le
pied vont descendre sous la terre ; ce
qui prouve bien , que son coucher coin-
cidoit avec le lever du Cancer,, qui se
développoit pendant le crépuscule du
premier jour de l’année , et avec celui
du Lion, sur lequel étoit porté le Soleil,
au momeïit précis de son lever. Cette
observation de Théon avoit été faite
par Aratus ( 1 ), dans son Poème Astronomique.
Elle est confirmée également
par. la sphère Indienne , où on lit ces
mots , sous le second Décan du Lion :
à ces degrés du signe répond une figure
d'homme , qui a sur sa tête une couronne.
I l tient un arc dans ses mains ;
il a toute la fureur d'un lion , et il
est vêtu d'un manteau de la couleur
de la peau de cet animal.(fi) Voilà bien
nné peinture fort semblable à Hercule,
souvent peint avec son arc et ses flèches,
et toujours aisé à reconnoître à sa peau
de lion. Quant à la couronne, on sait
quelle accompagne Hercule dans les
creux, et epu’elle se couche avec lui ;
et c’est à ce titre qu’Aratus la range
avec Hercule au nombre des constella-
hons, qui répondent au Cancer et au
'Lion par leur coucher.
Enfin le lecteur peut, quand il le
Voudra, vérifierl’observation, au moyen
un globe céleste. Il placera l'image du
(0 Théon. p. 167,
.(*) Arat, v. 591.
Soleil, ou un papier collé , sur la constellation
du Lion, et il abaissera ce point-
d’environ qqjnze degrés au-dessous du
bord oriental, afin d’avoir l’état du
Ciel à la fin de la nuit, et au moment
où le crépusculè va commencer. 11 remarquera
aisément au couchant , en
tirant vers le Nord, la constellation
de l’Ingeniculus, ou de l’Hercule agenouillé
, qui descend sous la terre, et
qui, par cet aspect simultané avec le
lever des points voisins du lieu du Soleil,
annonce l’importante époque du
commencement de la révolution solaire,
à laquelle il semble présider comme
premier Paranatellon , ou comme premier
Génie, chef des douze principaux
Dieux , qui ont établi leur empire sur
chaque sign e , et sur chaque mois. Alors
Plercule mérite véritablement .son surnom
d’Archagètes, ou de chef des mou-
vemens, et de Conducteur (4), et celui de
Prostatês, qu’on lui donnoit. C’est sous
ses auspices que le Soleil, véritable Plercule,
dont ilestl’image symbolique , va
parcourir la carrière annuelle des douze
signes, désignée par une suite de douze
combats et de douze travaux. Ainsi les
Romains , qui commencèrent leur année
au Solstice d’Hiver à minuit, remarquèrent
dàns le Ciel à l’Orient les
étoiles , qui fixoient par leur lever le
départ de l’année ; et là ils placèrent leur
Janus, ou leur Génie conducteur du
temps, aux pieds duquel ils mirent
douze autels , représentatifs des. douze
mois. C’est un symbole différent de celui
des douze travaux, mais qui est destiné
à réveiller la même idée sur la marche
du Soleil, et sur les divisions du
temps qu’il mesure.
Nous n’avons insisté aussi long-temps
sur les fonctions du premier Pavana-
tellon de l’année solaire , que parce
qu’il étoit tout-à-fait important de bien
saisir les rapports de noms et d’attributs,
qui se trouvent entre la constellation,
(3) Scalig. ad Manil. p. 340»
(4) Liliatd. G vro.