C H A P I T R E I V.
T H É S É E o u i i S O L E. T E,
’F .M É s È lD l : , PoÈME SU R L S S O L E IL , SOU S L S NO Ht D E T l tÉ S É » . , ' OU Dî
l ’’H e r c u l e A t h é n i e n .
T hésée étoit p«ir les Athéniens , ce
que Cadmus et Hercule étoien-t pour-les
Thébains.; aussi la même constellation,
qui, dans les Cieux, représente le Soleil
avec les formes de l’Equinoxe d’automne
, Ophiucus on le Serpentaire ,
porte les noms de Cadmus , de Thésée
et d’Hercule (i).
Thésée d’ailleurs se trouve mêlé dans
la fable d’Hercule. C’est Thésée qu’Her-
cule délivre lorsqu’il descend aux enfers.
Il est aussi mêlé dans la fable de Bac-
cbus. Ariadne fut l’amante de Thésée ,
comme elle le fut de Bacchus. Le Taureau
de Marathon,qu’Hercule amène de Crète,
et dont la conquête fait partie de son
septième travail, est aussi un des monstres
dont Thésée triomphe. Thésée a,
comme Hercule , la terrible massue, et
l’antiquité le représente , en grande
partie, sous les traits du Héros Thébain.
Sa vie , dans Diodore de Sicile , fait
suite à celle d’Hercule. Il fut comme
lui de l’expédition des Argonautes (a);
comme Hercule il fait la guerre des
Amazones , et prend prisonnière An-
tiope ; d’autres disent Hippolyte. Il étoit
avec Hercule au combat des Centaures (3)
et des Lapithes. Aussi disoit-on de lui,
remarque Plutarque , c’est un autre
Hercule. Ce fut Thésée qui lit rece- 1
(1) Theon, p. 116.
(2) Hygin fab. 14.
(3) Pausan. Htliac. 1, p. 157.
voir Hercule, à l’initiation , et qui facilita
sa purification. Il dut, comme Hercule
, l ’immortalité à ses hauts faits (4).
Il avoit les- mêmes armes, les. mêmes
goûts. L ’un et l’autre se déclarèrent
les vengeurs de l ’humanité opprimée (5).
Leur caractère-, en tout semblable , les
unissoit encore plus que les liens du
sang : car Thésée étoit de la même
famille qu’Hercule ; ils étoient fils de
deux cousines germaines , et petits-fils
delà fameuseHippodamie ou delà Pléiade
, qu’épousa Pélops. C’est ainsi qu’Es-
culape , ou le Serpentaire, dans une
autre fable , est fils de Coronis, autre
Pléiade. Toute cette famille est donc
aux Cieux, où nous trouvons sous un
même titre , ou sous une même Constellation
, les noms d’Hercule et dé
Thésée confondus. La fiction sur Thésée
et la fiction sur Hercule, sont deux
fables solaires faites sur le même astre ,
honoré sons des noms divers, et par
des peuples différens. La fiction solaire,
connue sous le nom de Thésée ou .(<2}
de poème sur Thésée , nous paraît appartenir
aux Athéniens , qui le recon-
noissoient pour leur fondateur et leur
Dieu tutélaire.
Quoique la vie allégorique de Thésee
semble devoir tenir de plus près à l ’His-
(4) Tsoe. Orat. ad Démon, p. 6.
(5) Idem. Laudat. Helen. 436—437-
toire, que celle de Bacchus et d’Hercule ,
néanmoins la liaison qu’il a-avec ces êtres
allégoriques , tant par sa filiation , que
par plusieurs aventures où il figure
•avec eux , ne nous permet point de
le soustraire au règne mythologique ,
ni sa vie aux allégories cosmiques auxquelles
elle appartient toute entière. Plutarque
lui-même , qui dans ses parallèles
, ou dans les vies comparées des
grands hommes , nous donne ce qu’il
appelle la vie de Thésée, est forcé de
c on venir, qu’elle se prête difficilement aux
formes de l’Histoire , et qu’il n’est pas
toujours possible de l’y ramener. Voici
ce qu’il dit au commencement de son
récit (1). « Comme les Géographes ont
» accoutumé de mettre à l ’extrémité
» de leurs cartes les régions qui leur
» sont inconnues ,'et de marquer à côté
» de quelques-unes : au-delà il n’y a
» que des sables arides , et pleins de
» bêtes féroces , ou des marais impé-
» nétrables , ou les frimats de la Scy-
» thie , où la mer glacée : de même,
» mon cher Sénécion , dans ces compa-
» raisons des vies des hommes illustres ,
» après avoir parcouru tous les temps,
b qu’une conjecture vraisemblable a pu
» pénétrer , ou qu’une histoire circons-
» tanc-iée et suivie a pu nous faire con-
» noître ; nous pouvons dire de tout ce
» qui est plus ancien : au-delà c’est le
» pays des. fictions et des monstres ; les
» Poètes ét les faiseurs de fables habitent
» cesterres : tout ce qu’on y trouve n’a ni
» certitude ni fondement. Le fondateur
s> dé la belle et fameuse ville d’Athènes
» nous présente,dans son histoire,beau-
*> coup de fabuleux,que je désirerais fort
» accorder aux formes de l’histoire; mais
» si l’on trouve des endroits qui s’y refu-
» sent opiniâtrement, et qui ne puissent
« souffrir le moindre mélange de vrai-
» semblance, je prie le Lecteur de les ex-
» cuser et de recevoir favorablement ce
» qu’on peut leur donner d’une antiquité
‘Ii) Plut. Vit. Thesei.
C-j Stuhon , 1. 1 , p. 19.
» aussi reculée. » Plutarque , comme on
vient de le voir , n’ose garantir te. certitude
de l’histoire de Thésée; il 11’ose
espérer de donner à beaucoup de ses
traits 1a vraisemblance, qui doit accompagner
le récit de faits réellement arrivés.
Strabon appelle les malheurs de Thésée,
et les travaux d’Hercule , des aventures
Mythologiques (2), ou des hauts faits,
qui n’ont d’existence que dans l’imagination
des Mythologues. Ainsi , en rendant
la vie de Thésée à 1a Mythologie.,
comme nous lui avons rendu celles
d’Hercule, d’Osiris et de Bacchus, nous
ne choquerons point 1a vraisemblance ,
puisqu’elle est choquée quand on veut
la classer dans l’Histoire. Cela posé,
examinons dans ses détails le roman
ancien, fait sur le fondateur d’Athènes ,
Thésée, cousin d’Hercule et rival de
Bacchus dans ses amours avec Ariadne,
dont la couronne est placée sur le serpent
de Thésée ; et voyons si les traits
de cette fiction n’ont pas un assez grand
nombre de rapports avec 1a marche des
cieux , pour qu’on doive regarder encore
cette légende comme une histoire
allégorique de 1a nature, et du Soleil son.
principal agent.
Nous allons donner d’abord un précis
de là vie de T hésée, d ’après les
récits de Plutarque, de Diodore
de S icile , d’Apollodore , de
Pausunias , d’Isocrate, etG.
Thésée, du côté de son père , des-
cendoit de l’ancien Erechthée , et des
premiers hâbitans de l’Âttique (3).. Du
côté de sa mère, il étoit issu de Pélops-,
qui fut le plus puissant de tous les Rôis
du Péloponèse, non-seuletiient par ses
richesses , mais encore par le nombre dè
ses enfans ; car il maria plusieurs
de ses filles avec les plus grands Seigneurs
du pays , et il trouva moyen de
placer tous ses fils dans les états les plus
(3) Plut, vit Thesei. p. 1.
ffi
II
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