de Tliésée. D’où nous conclurons , que
le poème de la Théséide, dont Diodore
et Plutarque nous ont conservé les principaux
traits , tout mutilé qu’il est, ex-
irime des rapports non équivoques avec
a marche du Soleil et de l’année , et
doit être regardé comme un poème de
même nature que celui de l’Heracléitle,
que celui des Dionysiaques et que les autres
, dont nous donnons l’explication.
Nous laissons à d’autres le soin de le
comparer au ciel et aux Constellations
dans ses plus petits détails. Les points
principaux sont incontestablement déterminés
; le reste doit suivre , et un
peu d’attention fera découvrir de nouveaux
rapports à ceux qui en seroient
curieux.
Voilà donc encore la croyance des
peuples trompée, sur l’existence historique
d’un des premiers Rois d’Athènes,
Thésée , fils d’Egée, vainqueur du Mi-
notaure , toujours rival , et souvent
compagnon des travaux de son cousin
Hercule, qui fonda la Tlièbes d’Egypte.
Ainsi la vie d’Hercule et celle de Thésée
ne sont que des fables sacrées , sur
le génie tutélaire de Thèbes et d’A thènes
, villes dont le Soleil fut la plus
grande Divinité, comme il l’étoit pour
tous les peuples du monde. Les chapelles
que Thésée avoit -à Athènes ,
ses statues, ses images , et les, divers
événemens de sa vie , con.sigries. dans
des traditions antiques , ou par des mo-
numens religieux, rien de tout cela ne
détruit la vérité que nous venons d’établir
; mais prouve seulement l’opinion
ou la foi des peuples crédules, qui recon-
noissoient Thésee pour un de leurs anciens
Rois, et qui n’entendoient plus
rien à la religion de leurs pères ,■ à celle
de ces peuples savans et ingénieux,
qui habitaient la Grèce plus de i 5oo
ans avant le siècle où l’on fait vivre
Homère. La Théséide dut être faite
dans le même âge où l’on fit l’Héracléic
, et elle appartient au génie poétique
et allégorique des mêmes peuples
Les débris de ces poèmes, ayant été recueillis
après une longue suite de siècles
de barbarie , par Tes premiers Hîs_
toriens de la Grèce , tels qu’Hérodote
et ceux qui écrivirent après lui, furent
mal-à-propos mêlés à l’histoire ancienne
de la Grèce, tandis qu’on eût
dû les rapporter à son ancienne Mythologie.
Thucydide, plus sage , rccon.
naît l’ignorance des Grecs en fait d’his.
toire , et ne croit pas, que l’on puisse
en faire remonter bien haut la certitude.
Il convient, que tout ce qui précède
la guerre du Péloponèse est fort
incertain , à cause de son antiquité ;
et par-là il entend la guerre des ûîèdesj
Si cela est ainsi, que peut-on penser de!
la guerre de Troye, et des siècles de
Thésée , qui , remontent à plus de 800
ans plus haut , dans l ’opinion de
ceux qui en font des histoires ? car pour
nous, nous les mettons àu rang des
fables Cosmiques , et des fictions sur les
cycles , connues sous le nom de poèmes
Cycliques , qui embrassoient jusqu’à la]
guerre de Troye, à partir des.chants
sur le cahos.
Voilà donc encore un héros., ou un]
prince , qu’il faut retrancher des fastes
de l’histoire' , et qu’il faut renvoyei]
au pays des fictions , à qui il appartient.
Si les Grecs, au lieu de placer ces fictions
savantes dans leur ancienne histoire
, ou dans les premiers âges de leur
civilisation , auxquels on ne peut sagement
les rapporter ( car un peuple ne
commence point par faire de grands
poèmes astronomiques ) , les eussent
renvoyés à leur ancienne Mythologie ;
ils auroient apperçu dès-lors , qu il 7
avoit un grand vide entre lès histoires
les plus connues chez eux , et l’âge des
fables. Les deux ou trois premiers siècles,
qui précèdent l’âge où vivoient Hei'°‘
dote , Hésiode et Homère , doivent être
regardés chez eux comme la renaissance
des lettres , puisqu’il n’existe pas de
iiionumens littéraires plus -anciens. Les
temps au contraire où l ’on fit les fables,
qu’Homère et Hésiode réchauffèrent,
ou qu’Hérodote et lçs, autres, Ecrivains '
ont conservées , paroissent nécessairement
appartenir à une époque, où l’Astronomie
et la Poésie Seurissoîent) avec
beaucoup d’éclat. Donc ce siècle était
le dernier , qui fermoit la marche d’une
suite d’autres, qui avoient eu beaucoup
de lumières. Car le bel âge de la poésie
et des sciences est presque toujours le
dernier des siècles dé littérature. Ainsi
4fy,
on devoit reconnoître une lacune immense,
entre la renaissance des lettres au temps
d’Hésiode et d’Hérodote et le terme de
leur gloire , dans l’âge où l’on faisoit la
Théséide , l’Héracleide et les autres
perèmes Astronomiques, dont nous avons
parlé , et qui tous remontent au temps
où leTaureau était le premier des signes,
c’esteà-dire plus de 25oo«ans avant l’ère
Chrétienne. Voilà donc' un siècle de
littérature, dont le souvenir était perdu,
et que nous avons retrouvé dans le dépôt
confus de l ’ancienne Mythologie des
Grecs.
■ Ml
Reîig. Vniv. Tome I. Mmm