Le tableau rapproché qnp nous; venons
de faire de tous les adorateurs ,pu
soleil, et en general des ' iadorateur,s
e toute là Nature , n’a^eu d autre ^>ut
que de mettre le'lecteur à "portée çt’embrasser
d’un- seul couo-d’oeil .toute l’e-
tendue , ou plutôt l’universalité de ce
culte si naturel à l’horrirne , si on peut
dire qu’il lui soit naturel d’avoir un
culte. ' .
Nous y avons vu la confirmation de
ce que nous avions établi comme base
de tout notre ouvrage dans le premier
chapitre ; savoir , que lorsque les hommes
raisonnèrent sur la divinité, c est-à-dire,
sur la cause éternelle et improduite des
êtres produits; et passagers, c est sur la
Nature entière que se sont reposés leurs
regards , et que, c’est à elle et à ,^es parties
qu’ils ont attaché et dû primitivement
et universellement attacher la
notion de divinité ou de cause suprême.
Ce qui a dû être, d’après l’impression
qu’a fait et a dû faire sur tous l’image
de la Nature , a réellement été, d’après
les témoignages de l’histoire.
Il n’y a tant d’accord entre les principes
et les faits , que parce que le
principe est vrai ; que l’homme n’a dû
primitivement admettre comme cause ,
que l’être qu’il voyoit agir comme cause,
et en qui il ne voyoit aucun caractère
d’effet. Telle étoit la Nature visible ; car
elle fut la première et la seule qu il ait
jamais connue. ,
L’Europe , l’Asie , l ’Afrique et l’Ame*
rique, que nous venons de parcourir,
n’ont qn’une seule et même voix sur la
Nature, parce qu’elle n’a parlé à tous
.les peuples qu’un seul et même langage.
Elle s’est par-tout et toujours montrée
■ comme une cause puissante , agïsstmle
mar-tout et,avec ph souverain empire ;
|,n a-cru qu’elle étoit ce qu’elle pa-
roissoit à tous,être effectivemerjt. Cette
impression qu'elle a , t’ur 1 homme
étant universelle, le résultât le fui aussi,
et les enfans qu’elle portoit dans son
sein , presque par-tout lui ont laisse son
titre de 'mère ; quelques bâtards seuls
ont parlé d’un père; inçoijnu. Excepte
.‘qe petit nombre d’ingrats et de rêveurs,
Ig reste de l’Üiuyçrs 3. pensé comme le
plus grand des Naturalistes, quhors
la Nature il ne falloit rien chercher $
qu’elle étoit en même-tempsla cause et
reffet, l’ouvrier et l’ouvrage y que tout
y est éternel, .^xcepté la modification
successive que la matière.< sublunaire
éprouve par le changement des formes ,
dont l’application est passagère, quoique
leur nature soit éternelle.
Aux preuves que nous^ venons de
tirer des témoignages de Ihistoire, von-i
s’en joindre -de nouvelles- tirees des
monumens de toute espèce, qui ont reçu
l ’empreinte du culte de la Nature, et
dans lesquels ses adorateurs s’étoient
plu à la peindre. Cette seconde sorte de
preuves aura non-seulement 1 avantage
de venir à l’appui des premières , mais
sur-tout de nous donner une idée des
progrès du génie des adorateurs de la
Nature , et des nuances différentes
qu’ils ont mises dans les- formés du culte
universel.
C H A P I T R É I I I -
J 's s t ig e s v u C u lte v e la N a tu r e ,
EMPREINTS DANS TOUS LES M oNUMRNS.
I L est impossible qu’une religion, qui
a été la religion universelle du monde,
et que le, spectacle toujours subsistant de
la cause première a dû perpétuer par les
mêmes moyens, qu’il en avoit facilité la
naissance et les progrès, ait passé sur la
terre , sans imprimer par-tont la trace
de ses pas, et le caractère original de
son génie.
La religion d’un sauvage, sans doute,
ne laisse aucune trace durable. N’ayant
point d’arts, le sauvage n’a aussi aucuns
monumens; il vit pour son âge, et jamais
pour les âges suivans; il n’y a point
pour lui de postérité. Mais les nations
civilisées, qui ont,,des richesses, des
arts , des sciences et du luxe, laissent
aux siècles suivans, des monumens de
leur génie et de leurs goûts. Ce sont
ces nations - là seules qui pourront
npus fournir des preuves de,l’influencé
qu’a eu sur le caractère, de leurs éta-
blissemens politiques ou religieux, le
culte rendu à la Nature par tous, les
peuples du monde. Nous considérerons
donc ce culte dans deux états différées ;
d’abord dans l’état de simplicité ou il a
été originàirement chez tous les peuples,
et oli il est toujours resté chez les natiqns
sauvages etNomades; ensuite dans l’état
de splendeur où il'a depuis paru chez
les grandes nations, qui ont brillé par
leur génie, leurs arts et leur opulence,
Les premiers adorateurs de la Nature,
l’honovoient sans temple, sans images,
sans autels; elle leur paroissoit trop
grande pour pouvoir être représentée-
sans être rétrécie, ni circonscrite dans
des limites toujours trop étroites; elle
etoit à elle-même son temple, et le spec-
(i) Euseb. præp. Ev. 1. 1, c. 6.
t»).Herod. inClio, c.15. ^
tacle majestueux qu’elle offrait à l’homme
valoit mieux que toutes les images, qui
non-seulement auraient affoibli ses traits,
mais encore ne pouvoient manquer de
la faire oublier. Pour jouir plus aisément
de toute la grandeur de ce spectacle, les
hommes, s'as^embloient sur la cîme des
hautes montagnes, et parcourant des
yeux, dans tous les sens, la voûte azurée
~ sur laquelle brilloient leurs Dieux dans
toute leur majesté, ils leurs rendoient
des hommages et leur adressoieut des
voeux.
» Les hommes, dit Eusèbe(t), frappés
» de l’éclatimposant des cieux , prirent
» pour leurs Dieux les flambeaux cé-
3» lestes, leur offrirent des victimes, se
», prosternèrent devant eux, sans cenen-
» dant bâtir encore des temples, ni leur
» élever de statues; mais ils attachoient
» leurs regards sur la voûte des cieux,
» et bornojent leur culte, ,V leur adora-
» tion . à ce qu’ils voyoient. » Telle
étoit la forme du culte des anciens Perses,
qui, comme nous le dit Hérodote, ne
vouloient ni temples, ni autels, ni star
tues des Dieux, et blâmoient au contraire
ceux qui avoient introduit çette innova*
tion danslareligion. (2) Ils continuèrent
encore long-temps d’aller sacrifier sur
les,hautes montagnes, et parcouraient
des yeux la voûte céleste qu’ils adoraient
sous le nom de Jupiter. Il en étoit
de même chez les anciens Germains,
et chez toutes les nations Celtiques. (3)
Ils ne vouloient point, dit Peloutier,
qu’on renfermât la Divinité dans un
temple. (4) Ils s’assernbloient, ou es
rase campagne près d’un arbre, ou sur
une haute montagne ; ils n’avoient point
(3) Peloutier, Hist. des Celt. ,t. 5 , P- 5^-
(4) Idem. t. 1 , p. 134— 351-
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