OÖ'O R E L I G I O N U N I V E R S E L L E ;
sur des natures incorporelles. Et dans
ce sens, Chéréoeipit a complètement
raison ; car, en dernière analyse-, les
fables appartiennent toujours aux corps
sensibles, dans lesquels l’imagination
des adorateurs de la Nature plaça des
intelligences , qui en furènt ensuite. tfc-
fieeS *par les abstractioiis métaphysique^
de certains rêveurs ou spirituâlisîes,
lesquels en composèrent un monde iiri-
matériel , qui n’exista jamais que dans
leur intellect. Encore ne purent-ils effacer
la tracé de l’origine de ce nouveau
monde, puisqu’ils lui conservèrent
toutes les dimensions de l’ancien , qui
était le véritable; le seul, et celui qui
leur avoit donné l’idée de ce monde,
qu’ils appeloient le Premier ou XArchétype.
Car il n’y a rien dans l ’intellect
, qui n’ait passé auparavant par les
sens, et qui ne leur doive‘'son existence,
dit un axiôme très-connu. ;
Toutes lès fois donc qu’il s’agira d’exj
pliquer des fictions, qui autont pour
objet des intelligences,’ supposées pures
par céUX qui professent le spiritualisme5;
il faudra replacer les intelligences'dans
leur siégé naturel et les attacher à l’ordre
du monde, oeafi mal à 5 propos on les
àvoit tirées. Si ces fables se lient à la
Mythologie ancienne et aux anciennes
fables Cosmiques , et si elles reçoivent
un seris: ' simple et naturel ; ce sont
alors d’anciennes fictions faites par des5
hdmmès; qui âvoiént le sfecret de la
science sacîée. Si toiles ne se-lient’ point
aux anciennes allégories sacrées , et
s’il n'en ; résulte qu’un sens forcé ,
ou disparate, il faut les abandonner,
comme étant l’ouvrage des ignorans ,
Ou de rêveurs, qùi, ’ayant perdu le fil
des anciennes idées, n’avoient plus qon •
sérvé que5 ,'dés ndins d’êtres, qui ne se
liôient pliis à l’brdrfe visible'du mondé
et à ses phénomènes. Ainsi5; quand
Virgile mét en. action Vénus, Mars,
Jupiter' etc., i f ’ne-connoissoit plus les
rapports , que ces divinités avoient avec
les parties ' de la nature et Uvec "lès
t^ens de la force universelle. Véhus5
n’étoit qu’une divinité morale,, qui pr£_
sidoit à la beauté et aux jouissances
de l’amour ; Mars une divinité cruelle
qui se plaisoit au carnage, et décicloit
du sort des combats ; Jupiter le monarque
souverain de l’olympe', le dieu
de la foudre et le chef du conseil des
dieux. J’en peux dire autant des poètes
Grecs ; et il est fort douteux, qu’Homère
connût la nature Cosmique des dieux,
qu’il mettoit en action dans ses poèmes
héroïques. Ils existoient long-temps dans
les livres sacrés d’Orphée, de Linus,
et de Musée, et de tous les auteurs qui,
avant lui, avoient écrit sur la généalogie
des dieux. Le peu d’ordre, qui règne
dans la Cosmogonie d’Hésiode, prouve
qu’il entendoit mal lesAllégories sacrées,
qu’il avoit recueillies ; ce qui est aisé
à comprendre, pour peu qu’on soit convaincu,
que les Grecs n’avoient pas créé
leur religion , et qu’ils a voient reçu des
Égyptiens, des Phéniciens, des Atlantes,
des Phrygiens eu des anciens Cretois,
leurs fables religieuses. Aussi toutes les'
fables ; que nous expliquons, remontent5
elles bien des siècles avant l’âge où
l’on fait'vivre Homère, et nous donnent
elles presque toutes le Taureau céleste
pour signe équinoxial de printemps
, et le Lion pour signe Solstitial
d’été. C’est sur cette époque principalement
; qu’on doit monter sou globe, si
on veut comparer les difiérens personnages
, qui figurent dans les anciennes
allégories sacrées, a vide s tableaux que
le ciel et la terre présentaient dans
les principales ; époques de la révolution
annuelle.
Le monde intellectuel n’avoit point
été imaginé alors, ni le monde des intelligences'
sépare du monde visible;
le seul - qui ait Une véritable existence
én lùi-même, et qui n’admette rien hors
de lui, comme Pline, Ocellus de Liican
nie, Tious-l’ont déjà dit , et comme 1 exprime
de mot ■ univers, o u .f assemblage
de; toutes 'les substances!) Ce monde, je !
premier.et ie seul, la cause unique e
toutes;-choses, t&i servi jfa
R E L I G I O N U N I V E R S E L L E . oo 1
«n inonde des intelligences, que mal-
i-propos on sépara de lui dansla suite,
et au monde intellectuel, que plus malà
propos encore la métaphysique créa
et b â t i t au-dessus. Car voici trois degrés
par lesquels a passé l’esprit humain
d a n s ses spéculations sur l’univers ; le
m o n d e . visible, le monde des intelli-
aences et le monde intellectuel, qui
comprend le prototype des deux autres ;)
le s q u e l s , dans le système des Platoniciens,
n’en sont que l’exëcution, comme
u n édifice n’est que l’exécution piatérielle
d u plan, idéal, arrangé auparavant et
d is p o s é on construit déjà*ei) idée,- dans
la tête de l’architecte. Mais il n’en est
pas d’un monde éternel, comme d’un
édifice mortel, quia commencé et qui
d o it finir. Supposer un prototype du
monde, ou un plan préexistant,-d’après
lequel il avoit été formé (t), c’était pré-'
supposerun commencement aumonde et
non pas le prouver , et prendre précisément
pour.base de sa théorie ce qui
étoit en question.
Les anciens f qui n’avoiént point encore
rêvé ces Archétypes , n’ayant connu
que le monde visible, avec les intelligences
qu’on supposoit attachées à
ses différentes parties, n’ont peint que
cela, n’ont chanté que cela, et nous
ne devons chercher que cela dans
leurs écrits. C’est-là ce monde seul et
unique, comprenant en lui la somme
de toutes les causes et de tous les effets,
que les anciens mettaient en spectacle
dans leurs mystères, avec les Génies, et
les Anges bons ou mauvais, qui apparte-
noient à son administration, et,qui lioient
1 ame *de l ’homme à celle' de l’univers.
Ne sortons donc point de ce cercle,
que la nature s’est tracée elle-même ;
Circonscrivons nos recherches dans les
Eemes limites , dans lesqùelles elle a
circonscrit toutes ses opérations et "renfermé
le jeu de ées ressorts et de tous
ses mouvemens. Voilà le champ de la
foesie , de la peinture et des arts ; c’est
celui de l ’imagination , comme il est
celui de la nature et des forces vives,
qu’elle emploie dans l’étemel ouvrage
des générations et des destructions, qui
s’opèrent ici-bas. Voilà les limites de
la Mythologie et le terme de nos efforts
pour découvrir le sens de ses savantes
allégories sur la nature et Sur ses ageüs
mteuigens.
La méthode, que nous avons donnée
pour résoudre les énigmes, sacrées,’ atteint
,les. bornes de cet empire de la
Mythologie et en .embrasse: tous les
points intermédiaires,; de manière,
qu’elle doit suffire à celui qui, à l’aide,
du fil que nous, donnons, voudra s’engager
dans le labyrinthe de l’Egypte,
de Grèté , et de tous les temples de
l’univers. Nous avons en quelque sorte
recomposé la science ancienne de ses débris
épars clans tous les ouvrages des
Astronomes, des Cabalistes, des Théologiens,
des P hilosophes et dés Poètes , et
sur-tout des Mythologues. Nous avons
suivi la marche de l’esprit humain , depuis
les premières perceptions ‘de son
enfance, jusqu’aux rêves de sa vieillesse,
et de la décrépitude , dans laquelle'est
plongée notre espèce , depuis tant de
siècles que les, prêtres l ’ont dégradée.
Nous avons pris l’homme (î) au moment,
où seul avec lui-même il ouvre son
oeil étonné, aux rayons bienfaisans de
la lumière , jusqu’à l ’époque où il tenta
d’en chercher la, source hors de l’uni-
. vers, et dans une lumière intellectuelle,
qui éclairé son esprit, comme la première
brille à ses yeux. Il a toujours voulu
pénétrer au - delà du terme de sa vue,
et il n’est sorti de l’univers , que pour
s’égarer dans des déserts immenses, où il
n’a rien rencontré que les ombres, qu’il
créoit lui-même, d’après des souvenirs de
ce qu’il avoit vu dans le monde, qu’il avoit
abandonné , et qui auroit dû terminer
stes recherches. Tel l’esprit dans son sommeil
retient les images que le jour lui
a fait voir ; ou , s’il les combine autre-
(■ ) Voy, ci-dess. a , c. i.