tenus jusqu’alors modestement baissés ,
lui raconte sa naissance ,. sa f uite et . les
travaux pénibles des Héros, qüi l'accompagnent
; mais elle n’osa lui parler du
meurtre de son frère Absyrthe (i). Circé,
lui fait des reproches, auxquels,Médée
répond par des larmes de confusion.:
Elle se retire avec Jason , et ils sortent
promptement du palais (2). Junon , qui
toujours s’intéresse à leur sort, dépêche
Iris vers Thétis pour qu’elle la mande
près d’elle ; elle lui ordonne en même
temps de dire à Vulcain de faire
taire ses. forges , quand le vaisseau Argo
passera près des îlps Vulcaniennes,. et
d’aller de suite trouver Eole , afin de
lui ordonner de suspendre le souffle des
vents, qui pourroient agiter la mer, et
de ne laisser souffler que le Zéphir ,
qui doit porter les Argonautes chez les
Phéaciens. Thétis s’empresse d’exécuter
les ordres de la Déesse, et d’un., vol
agile elle traverse les airs pour se rendre
chez Thétis , chez Vulcain et chez Eole.
Thétis aussitôt monte, dans l ’Olympe,
pour obéir aux ordres de Junon , qui
lui fait part de ses intentions (3), Elle
lui rappelle , qu’elle n’ignore pas tout
l ’intérêt qu’elle prend au fils d’Eson ;
qu’elle a dû en juger, par la protection
toute particulière , qu’elle lui a accordée
au passage des roches Cyânées. Elle
lui dit, qu’elle désire qu’il passe aussi
heureusement les écueils de Charybde
et dé Scyfla, et qu’elle se repose sur
elle de ce soin (4). Elle mêle à ses
prières un éloge de la bonne conduite ,
que Thétis a toujours, tenue à son égard,
en se refusant sur-tout aux sollicitations
de Jupiter , qui avoit voulu en faire
son amante. Elle lui rappelle , qû’en re-
cônnoissance de Ces égards , c ’est elle
qui a invité les autres Dieux à ses noces
avec Pelée , qui a présidé à la fêté , et
qui a porté le flambeau de l’hymenée.
(1) Ibid. v. 786.
(2) V. 752.
(3 V- 78a.
(4} V. 79c— 832.
Elle; lui insinue même , que lorsqu’A-
eliille spn fils , qui dans ce moment est
élevé ; flans l’antre de Chiron , aura
passé dans l’Elysée , il y épousera Médée
, et qu’ainsi elle doit prendre intérêt
au sort d’une Princesse, qui sera un
jour sa bru (5) , et à celui de Pelée lui-
même, Thétis lui promet ses bons offices
, et descend promptement au sein
des eaux , pour rassembler les Néréides
ses soeurs , dont l’aide lui devient nécessaire.
Elle leur ordonne, conformément
aux intentions de Junon , de se
rendre sur le champ dans la mer d’Au-
sonie ; et elle-même , avec plus de rapidité
que la foudre , se porte vers les
côtes de Toscane , où elle trouve les
Argonautes (6).
Elle s’adresse d’abord à Pelée , à qui
elle intime les ordres de Junon, sur la
nécessité de quitter promptement cette
côte et de se rembarquer. Elle d it , et
aussitôt se replongean t au fond des eaux,
elle laisse Pélée dans la douleur de l’avoir
perdue si promptement , lui qu i,
depuis si long-temps, ne l ’a voit vue (7).
Il va de ce pas informer ses compagnons
des ordres, qu’il venôit de recevoir. Ils
étoient à jouer; ils interrompent leurs
jeux , prennent de la nourriture et du
repos , et le lendemain , dès le lever de
1 aurore , ils se rembarquent à la faveur
d’un vent doux. Us découvrent l’île des
Sirènes , dont les chants perfides les auraient
séduits, si Orphée n’eût couvert
leur voix des sons harmonieux de sa
Lyre , tandis qu’un vent favorable pous-
soit le vaisseau loin de ces bords enchanteurs
(8). Le seul Butés sauta dans
la mer pour gagner le rivage à et il eût
péri dans les gouffres profonds, si Vénus
n’eût pris soin de le sauver et de le
conduire en Sicile près Lilybée. Mais
des dangers plus grands attendoient les
Argonautes, près des écueils de Carybde
(5) V. S,S.
(6) V . * 52.
(7) V *80.
(8; V . j iç .
et
r et de Scylla , dont le Poète nous fait la
description. 11 nous peint aussi les Néréides
et Thétis, qui sont occupées à
leur faciliter ce passage dangereux.
Tous les détails' de cette pénible opération
sont décrits fort au long par le
Poète (1), Le vaisseau enfin passe heureusement
e t gagne le large , en s’éloignant
de la Sicile , où paissent les
Boeufs consacrés, au Soleil ; Phaétuse et
Lampétie, filles du Soleil, conduisoient
cés troupeaux, d’une blancheur éclatante,
et dont les cornes étoient doréés.
Les voyageurs arrivent à l ’île de Cor-
c y r e , où ils sont parfaitement reçus
par Alcinoüs , et par tout le peuple.
■ Le. Poète nous peint les transports de
•joie, qu’occasionne cette heureuse journée
(2). Mais leur bonheur fut bientôt
troublé par l’arrivée de la flotte des Col-,
chidiens , qui avoient pris la route du
Bosphore , et qui proposèrent le combat
aux ravisseurs de Médée. Alcinoüs s’y
opposa, en se faisant médiateur. Médée
de son côté se-jette aux pieds de la
Reine., épouse u ’Alcinoüs , et la conjure
de lui prêter son appui ; et sur-tout
de ne pas. permettre, qu’on la livre à
ceux qui veulent la ramener ù son père.
Elle lui fait l’aveu de sa foiblesse , èt
elle cherche à la toucher, en lui exposant
que c ’est moins la passion de l’amour
, que le sentiment de la crainte ,
qui l’a déterminée à fuir avec ces étrangers.
En même temps qu’elle prie la
Princesse, elle s’adresse aussi aux Héros,
qu’elle a si utilement servis dans leur
entreprise, et pour qui elle a fait le sacrifice
de sa patrie et de sa famille.
.Elle leur rappelle leurs sermens , et les
menace de la colère des Dieux ven-
. geurs du parjure (3). Ceux-ci cherchent
a la rassurer , en lui promettant leur
appui. La nuit survient ; mais le sommeil
, qui procuroit aux autres le repos ,
ne ferma point la paupière de Médée,
(1) Ibid. v. 930—962.
(2) V. ï oc o.
(3) V. 1052. |
Relig, Univ. Tome I.
agitée des plus cruelles inquiétudes.
Des torrens de larmes couloient de ses
yeux. Cependant Alcinoüs et son épouse,
retirés chez e u x , délibéroient sur le
parti qu’ils prendraient à l ’égard de la
fille d’Aëtès, au sort de laquelle la
Reine intéresse son époux , en lui racontant
tout ce qu’elle a fait pour les
Argonautes , et la nécessité dans
laquelle cette jeune fille s’est trouvée
■ de se soustraire à la vengeance d’un
père irrité (4).
Elle lui parle des sermens, que Jason
lui a faits, en lui promettant de la
prendre pour son épouse , et elle l ’engage
à ne pas livrer cètte jeune Princesse
à la fureur de son père. Elle lui
rappelle des exemples frappans de semblables
vengeances exercées , dans la
personne d’Antiope , de Danaé , etc.
Le R o i , touché des réflexions de son
épouse , promet son appui aux Argonautes
, contre les entreprises des Col-
chidiens (5) ; mais en même temps il lui
observe , qu’il est à craindre que le Roi
Aëtès ne porte la guerre contre les
Grecs et ne se venge avec éclat. Il se
déterminé- à un p a rti, qui est de renvoyer
Médée à son père , si elle est encore
vierge ; et d’en assurer la possession
à Jason , si elle est enceinte. Après
cettè réponse , le Roi va prendre du
repos.’ Son épouse sort, et elle envoie
secrètement un héraut faire part à Jason
de la résolution du Roi, et l’engager à,
consommer son hymen avec la jeune
Princesse ; ajoutant que de-là dépendis
sort de l ’un et de l ’autre. L ’envoyé exécute
ponctuellement ses ordres, et il esc
reçu avec transport par les deux amans.
Aussitôt on prépare la cérémonie nuptiale
, qui doit se célébrer dans l ’antre
où la Nymphe Macris , fille d’Aristée,
avoit nourri Bacchus. On mit la Toison-
d’or sur Je lit nuptial ; les Nymphes
jetoient des fleurs ; un voile couvrit
{4) V. 1084.
• (5) V. 1100.
V TV.