• Le culte que les Chinois, dont nous
avons commencé l’histoire religieuse ,•
rendoient au ciel ou à l’esprit du ciel, est
celui que les Grecs rendoient kUranus{ï\.
Celui qu’ils rendoient à l’esprit de la
terre, c’est celui que les Romains rendoient
à Tellus. Les Chinois regardent
le ciel ou l’esprit qui l’anime, quile meut
et régit ses mouvemens, commela cause
suprême et le principe universel de
toutes choses. Ils l’adorent sous deux
noms différens, Chang-ti et Tien , qui
tous deux signifient souverain empereur.
Ce Tien, suivant quelques-uns de leurs
docteurs, est l’esprit qui préside au ciel.
Les Chinois reconnoissent aussi des
esprits inférieurs, dépendans de ce
premier être, et qui, comme nous
l'avons dit, président aux fleuves, aux
montagnes, aux bois, aux villes etc.
Us ont aussi des Génies tutélaires de provin
ces (a) et de royaumes, comme les Juifs
et lés Perses avoient leur Ange gardien
de la Perse et de la Judée. Les Génies
sont les vicaires du dieu suprême ( 3 )
et partagent avec lui les liommages
des mortels, comme ils partagent les
soins de l’administration du monde. On
remarque dans toute l’étendue dé la
Chine des temples élevés à ces Génies
tutélaires de l’air, de Peau , à la reine
du ciel, au dragon de la mer, etc. au
dieu de la pluie, au roi des oiseaux.
Car, comme il n’y a pas d’effet sans
cause, il n’y a point non plus de cause
étemelle et active , qui n’ait été deïfiée.
tout ayant sa cause , totite cause a son
Génie ou son dieu, puisque dieu et
cause sont deux mots synonymes.
- Us établissent un ordre hiérarchique
entre leurs Génies; il y en a du premier
, d’autres du second, d’autres du
troisième ordre. Le dieu Fo, principe-
1 umière, occupe le premier rang. Us
le représentent tout rayonnant de lumière,
et les mains cachées, pour montrer
aux hommes que son intelligence,
(1) Cont. iFOrvill. t. I , o. 28,29.
(2) Cont. d’Orvill. iblid, p. 70.
(3) Ibid. p. 95.
des institutions de St. Clément d’Aléxan- règlent son sort pendant sa vie, et qui re-
drie(i)> on trouve de ces agens su- ooivent son ame ou sa partie active et
balternes, subordonnés aux premiers intelligente, lorsqu’elle va se réunir au
Anges et qui leur tiennent lieu de mi- feu des étoiles et aux astres, dans 1m-
nistres ; ils en etoient les lieutenans. quels elle avoit été originairement pla-
Saint-Michel avoit les siens. C’est ainsi cée avant d’être liée au corps. Voilà
que nous avons vu dans la Cosmogo- l ’origine de cette foule d’intelligences,
nie des Perses les petites étoiles su- d’Anges gardiens et déGénies familiers ,
bordonnées aux grandes étoiles, leurs qui se rencontrent dans toutes les théo-
capitaines et leurs chefs. Car on n’a logies.
rien dit sur les Anges, ou sur les in- Joignez à cela les parties de l’ame
telligences, qui n’eût été dit sur les universelle disséminées dans le grand
[corps célestes, soit planètes, soit fixes, corps du monde, imprimant le mouve-
long-temps ayant que le système des in- meiit à tout ce qui paroît se mouvoir
telligences ait été détaché dn système par lui-même, donnant la vie aux
des corps, en qui ces intelligences étaient plantes et aux arbres, et dirigeant sur
censées résider. un plan régulier et constant l’orga-
Les Chaldéens, comme nous l’avons nisation et le développement dé leurs
déjà dit, avoient établi une hiérarchie germes, donnant la mobilité aux eaux ,
entre_ les différens astres’, et entre les qu’elle* fait jaillir des rochers-et dont
intelligences qtui leur étoient attachées, elle entretient le mouvement étemel,
Ils avoient imaginé le système des sept donnant l ’impulsion aux vents, diri-
intelligences, interprètes de la fatalité ; géant ou variant leur cours, ou retenant
[celui des douze grands dieux ; celui des leur soufle, calmant et soulevant tour-
Itrente dieux conseillers, et le tribunal à-tour les mers, déchaînant les tempes.
intelligences , qui jugent l’univers, pètes, vomissant les feux des volcans,
!0r nous retrouvons par- tout ces di- ou ébranlant les racines des montagnes
visions, sur-tout celle qui se, fait par et la base de vastes continens, tous ef-
sept et par douze. Us donnoient à ces fets produits par une force inconnue à
intelligences et aux autres un empire l’homme et qui appartient à la nature;
[absolu sur toutes les parties de la na- vous aurez le système complet clés forces
ture, sur les élémens, sur lés végétaux, vives et intelligentes, qu’on imagina pré-
su1, les animaux , sur l ’homme et sur sider à toutes les opérations de la na-
toutes ses actions, sur 'ses vices" et ses ture. Toutes les causes physiques et
vertus, et sur tous les biens et les maux même morales, auxquelles on donna
hui partagent sa vie. Il dut donc dans la suite une existence personnelle,
priver, lorsque^ les intelligences des par une espèce de fiction poétique,
[astres furent prises pour les astres, y furent censées agir par l’ordre et ï’im-
avoir des intelligences ou des Génies, pulsion d’un Génie ou d’une divinité
piargëes de présider à tout ce qui l’était particulière. De là est sortie cette longue
par des astres, c’est-à-dire, à toute la suite de divinités de toute espèce et de
pâture, aux êtres physiques et moraux, tout ordre, dont la nomenclature fasti-
Nx passions de l’ame et aux maladies dieuse est consignée dans les livres des
p corps, puisqü’enfin l’homme tout Romains , et auxquels on adressoit des
entier, ses biens, ses maux, ses vices; voeux, on offroit des sacrifices, et on
pas vertus, tout était'dans la dépendance élevoit des temples,
des deux et des Génies qui y siègent, Les Romains et les Grecs ne sont
pu président à la naissance de l’homme, pas les seuls qui aient admîs une foule de
(') Epist, in Jud. 1.1, oper. p. 1,008.