Dragon du pôle. Cette constellation
porte le nom de lyre de l’Agenouillé
ou de lyre d’Hercule. Les étoiles qui
la composent sont au nombre de 9 ,
nombre égal à celui des Muses. On disoit,
qu’Hercule avoit tue d’un coup de sa
lyre le fameux Linus son maître. Voici
encore de nouvelles preuves de l’union
d’Hercule aux Muses , auxquelles d’ailleurs
il est souvent uni dans les anciens
monumens. (1) Les Romains célébroient
tous les ans la fête d’Hercule, conjointement
avec celle des Muses, au Solstice
d’été (2 ), au couchef.de l’Hercule In-
génicidus. Plutarque demande dans ses
questions Romaines , pourquoi Hercule
avoit un autel commun avec les Muses
(0)? question qui se résout aisément,
quand on sait qu’Hercule n’est autre
chose que le Soleil, ou Apollon, avec
d ’autres attributs et sous une autre
forme'. Aussi disputoit-t-il le trépied
sacré à Apolloh (4), et l’on voyoit représentés
a Delphes Apollon et Hercule,
qui tenoient chacun de leur côté le
sacré trépied, comme y ayant un droit
égal ; et ne voulant se le ceder ni l’un ,
m l’autre. (5) Après leur dispute,
ils se reconcilièrent et bâtirent en
commun la ville de Gythium , suivant
la tradition des Lacédémoniens
et l’on voyoit leurs deux statues dans
la place publique de cette .ville. Hercule
en , effet étoit le Soleil, mais le Soleil
solstitial dans toute sa force ; et Apollon
celui du printemps dans toute la fraîcheur
de sa jeunesse. On faisoit l ’un
fils deLatone et l’autre fils de la soeur
de Latone. Mais en derniere analyse,
l ’un et l’autre se réduisoient à la
divinité unique du Soleil, Dieu aux
mille formes et aux mille noms. Hercule
porta aussi la couronne de laurier et le
(j) V. Spon.
(2) Ovid. Fasf. 1. 6, v, 799' Suet. in August.
(3) Qaæst. Rom. p. 298.,
(4) Pa.san. Arcad. p. 267.
(5) Pajis. Phoçic. p. $29.
(6) Paus. Bpiotic, p. 2^9.
(7) Lucian deAstrolog. p. 993.
sacré trépied au temple d’Apolloj
Ismenien (6). Lé même Serpent on
Dragon du Pôle , qui est placé sous les
pieds d’Hercule son vainqueur, prend
aussi le nom de Python, ou du dragon
que vainquit Apollon, et à l ’influence
duquel le serpent de Delphes ( 7 ) étoit
soumis, au rapport de Lucien. Comme
Apollon , Hercule avoit aussi ses
oracles, et son antre sacré à Boura
en Acnaïe (8). Enfin il avoit ses Vestales
ou vierges prétresses à Thespies (9),
ville qui tiroit son nom de Thespie,
à qui Apollon accorda le don d’oracle
et l’avantage de donner son nom à
la Vierge céleste (10). Cette Vierge étoit,
suivant quelques-uns, la seule des cinquante
filles de Thespie,. qu i, comme la
mère de Christ,ne perditpointsa virginité
avec Hercule. Apollon avoit aussi sa
vestale ou vierge prétresse à Delphes,(pii,
suivant Lucien , étoit soumise à l’influence
de la Vierge céleste. C’étoit
Hercule, qui avoit établi ( 1 1 ) les jeux
Olympiques ou des fêtes en l ’honneur
du temps et des périodes, que mesure
le Soleil par sa révolution ; c’étoit
les plus anciennes fêtes de la Grèce.
Il portait lui-mêine le nom. d’Olympien,
ou de Dieu de l’Olympe. Il étoit le véritable
Jupiter Olympien , sur l’autel duquel
bruloit en Elide le feu sacré
éternel, comme il bruloit pareillement
à Cadix, dans le temple de l ’Hercule
Tyrien (12). C’étoit même, suivant quel-;
ques auteurs , son simulacre unique
et le simbole le plus naturel du feu
Éther éternel, qui brille dans le Soleil
et qui constitue la force vive de
la nature. C’est ainsi que la Persè, dans
ses Pyrées, entretenoit le feu sacré sur
les autels de Mithra , ou du Soleil Mi-
thriaque. Ainsi les prétresses du Soleil
S Paus. Achai, p. 233.
Boiotic,p. 302.
(10) Theon. ad. Arati. Phæn., p. 129.
(11) Heliac. p. 154.
(12) Sillius Italie.
Pérou conservoient précieusement
Je feu sacré, comme les vestales à
R o m e , i*uitreteiioient dans, le temple
de Vesta.
Tant de traits réunis d’après les traditions
de l ’antiquité, et rassemblés
chez les difîérens .peuples ne nous
permettent pas de voir dans Hercxde
unjÿincé, ni un héros,'que larecon-
noissance des hommes eut placé au
rang des Dieux , mais nous autorisent
à y voir un être théologique. C’est la Div
in it é elle-même, peinte avec les attributs
de la force active et bienfaisante ,
q u i se développe dans toute la nature ,
et dont l’agent sensible et éternel est
le soleil. C ’est cet astre puissant et ma-
jestuexxx , en qui les anciens philosophes
vovoient l’ame du monde, le coeur du
ciel , la source d’où bouillone la
lumière, éthérée, pour se répandre dans
les autres coi'ps lumineux , dont le Soleil
est le chef et le modérateur suprême ; il
étoit l’oeil de Jupiter, le principe de la vie
de tous lës êtres, l ’intelligence de la
nature universelle. Voila l ’idée qu’Hé-
raclide, Cicéron, Macrobe et tous les
anciens théologiens et en particulier
iProcîus cité dans le second livre de cet
ouvrage (1), nous ont donnée du Soleil ;
et cette idée s’accorde parfaitement
avec celle que,nous venons de prendre
d’Hcrculé (2) , que tantôt nous avons yu
fouiondu avec le Dieu qui organise
puni vers, tantôt avec le Dieu qui en
liétermine les périodes et la marche ,
qui conduit à sa suite l ’année et les
pisons, et qui va d’Orient en Occident
Fournir la carrière clés douze travaux,
nui se reproduisent sans cesse.
voila pour la partie théologique ;
passons à; la partie poétique.
Ici une nouvelle preuve va naître et
piniinner le principe que nous venons
[<1 établir, sçavoir qu’Hercule est le
invincible. Cette preuve va sortir
,<e l’accord étonnant, qui se trouve
pntre fa suite des douze travaux ou
I .(') Macrob. Soin. Scip. 1. 1, c. 20,
des douze coxnl ats d’Herculo et la
marche du Soleil dans le Ciel; considérée
dans ses rapports avec les animaux
célestes, qui marquent les douze
mois et qui partagent l ’année conduite
par Hercule. Outre que nous avons
déjà vu le passage de Porphyie, qui
assure , que fa fiction des douze travaux
d’Hercule n’a d’autre objet que d’exprimer
la marche du Soleil à travers
les douze divisions du Zodiaque, c ’est
aussi une conséquence, qui découle nécessairement
de la vérité que nous
venons d’établir, sçavoir, qu’Hercule
est le Soleil. En e ffe t, si Hercule est
le Soleil, les travaux d’Hercule ne
peuvent êtx-e cjue ceux du Soleil ; les
coui-ses de ce héros ne se feront-que
dans les Cieux et les monstres , qu’il
rencontrera sur sa route, ne peuvent
être que, les animaux qui sont placés
dans les champs de l’Olympe où voyagele
Soleil. C’est là que nous devons trouver
le Lion de Némée, l'Hydre de Lerne,
le Taurean de Pasipliaë, le Centaure,
le Sanglier d’Elymauthe , les Oiseaux,
le Dragon et les autres animaux, d’ont
Hercule oxile Soleil triomphe. SiEIercule
est le temps, sa marche doit être celle
du temps , et s’il est Je temps , que
mesure le Soleil dans les douze mois, sa
marche doit être divisée comme celle
du Soleil et marquée par les mêmes
constellations , qui se lient aux douze
mois et qui y président. C’est cette
comparaison qui nojxs reste à faire
pour achever notre démonstration.
Les anciens avoient deux espèces de
sphères; lune qui classoit les étoiles
et les constellations , suivant les rapports
qu’elles avoient avec les colures
et les., tropiques, qt, avec les autres
cercles et points en apparence fixes
dans la sphère. C’est encox'è celle qui
nous est restée aujourdhui, et dont
les Astroixomèsfontusage dans leurs descriptions
des Cieux, soit sur les sphères,
soit sur les planisphères. C’est propre-
R r 5
(2) C i-clesr- p. 173.