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douze antres Dieux, ou Anges tutélaires
des mois et des signes.Cette distribution,
que nous retrouvons chez beaucoup de
peuples, va être remise ici sous les yeux
d u lecteur, dans un extrait de Martianus-
Capella , afin qu’il ne reste plus de
doute sur la correspondance qu’il y a
entre le monde des intelligences et le
inonde visible, ou entre le système des
cieux et celui de leurs intelligences.
Martianus-Capella (1) nous représente
leDieu suprême ou Jupiter,qui assemble
le conseil des Dieux, à-peu-près comme
le Esalmiste, qui place son Jehova dans
la, synagogue des Dieux. Le secrétaire
de Jupiter, dépositaire du rôle , sur
lequel sont inscrits les différens ordres
des Dieux .conseillers, appelle les douze
grands p ieux, qui président aux douze
signes du Zodiaque , les mêmes qui sont
nommés dans le poème de Manilius
(a) , et dqnt les idoles reposaient sur
les coussins sacrés dans la cérémonie
du lectisterne, chez les Romains (3). Il
convoque ensuite sept autres Dieux, qui
font une classe à part ; puis une foule
d’autres Dieux de différens ordres, qui
sont appelés chacun ;à leur rang : enfin
Te peuple des Dieiix, qui se rend en
foule de toutes parts au conseil de
Jupiter. Il en vient de toutes les parties
du cie l, et sur-tout du Zodiaque, où
les uns ont undomicile, et d’autres même
en ont plusieurs. On sait que les planètes,
dans la division des domiciles, etsur-tout
dans la distribution par Décans ,avoient
leurs domiciles dans plusieurs signes, et
dans plusieurs parties de sign es. C’est ce
que l ’auteur appelle de? habitations dans
les animaux célestes. D’autres siégeoient
hors du Zodiaque, dans les astres Pa-
ranatellons ; aussi l’Auteur ajoute-t-il,
et ceux qui ont encore ailleurs d’autres
habitations que les maisons , qui par un
ou par deux leur sont assignées dans
le Zodiaque. Martianus-Capella divise
le ciel en seize régions. Chacune a ses
Dieux particuliers, rangés sons un grand
(1) Mart. Capell. de Nupt. Phil. 1.. 1 , c, 4,
(2) Manil. Astron. 1,2 , y . 432.
chef, ou Dieu principal. Ensuite viennent
les Génies, qui ont leur siège dans les-
quatre élémens , et ceux qui président
aux choses qui ont une utilité publique
ou aux êtres moraux ; enfin toute la
multitude des Puissances, on des Génies
de toute espèce , qui se rassemblent an
palais du maître dès Dieux. Janus,
dont nous avons fait notre S. Pierre,
se place à la porte de la salle d’assemblée,
qu’entourent les Satellites, on
les soldats du grand Dieu Jupiter. Un
héraut appelle nominativement les
membres du conseil; et la déesse, qui
préside aux destins des hommes, Adras-
téë, prend sa place au milieu du conseil.
On sait que, la fatalité -étant réglée
parles.astres, Adrastée, qui y présidoit,
dèvôit naturellement occuper une place
distinguée dans le. conseil, des intelligences
, qui commandent aux sphères et
aux. 1 différens astres, tant ceux qui se'
meuvent au nombre de sept dans lé
Zodiaque, que ceux qui, an nombre
de douze, président aux douze signes,
à travers lesquels voyagent lés planètes,
interprètes des oracles de la fatalité.
Ainsi cette description, que nous donne
Martianus-Capella, du conseil des Dieux,
n’est autre chose que le système dfts
différentes intelligences, qtu président
aux signes, aux divisions de signes, aux
Paranàteilons et àux planètes , dont faction
combinée modifie les élémens, et
règle par eux et dans eux , tout le sys-v
têm’e des effets sublunaires, subordonne
à l’administration universelle des causes
célestes. De là il résulte entre les intelligences
la même division, que nous avons
établie entre lès causes physiques , qu®
nous avons placées, les unes dans la
partie active, et les autres dans la partie
passive de l’univers. Car toutes les
divisions célestes, et les divisions terrestres
, ou élémentaires , ont chacune
leurs .intelligences, qui s’unissent et se
lient dans faction universelle dumonde,
et qui conséquemment doivent ans®
(3) Tit. Liv. liv. ;i2 , e. u».
Capella rapporté plus haut , et un
autre du même auteur (d), qui donne
à cette théor ie des Génies, ou des intelligences
de différens ordres placés
dans différens élémens, le plus grand
développement, viennent à l’appui du
témoignage cl’Augustin, et jettent un
grand jour- sur cette partie de la théologie
desGénies. Nous en pouvons dire
autant des écrits de Proclus , clé
Jamblique, et de Porphyre, auxquels
nous renvoyons le lecteur jaloux de
connoître à fond cette théorie Angér
lique , dont on a tant abusé.
Il résulte des rapports que nous avons
observés entre les parties de la Nature
et leurs divisions, et entre les intelligences
qui y ont leur siège , et qui en dirigent
tous les mouvemens et les opérations,
ou entre toutes les parties du système des
causes physiques , et celles du système
des intelligences, que le second système
ayant été calqué sur le premier , il
doit en contenir toutes les divisions,
et que la comparaison et la correspondance
doit se soutenir jusques au bout.
Donc la grande division du monde en
monde de lumière, et en monde de
ténèbres, et la distinction, ou la rivalité,
qui règne entre les chefs de ces-
deux mondes , doivent aussi se reproduire
dans le système universel des intelligences.
En effet, comme on a distingué
deux espèces de causes première»
dans l’ordre visible du monde, il doit
en exister aussi deux espèces dans
l ’ordre invisible des intelligences, si
les intelligences sont exactement substituées
aux causes naturelles, et surajoutées
par l’imagination aux corps,
visibles, qui concourent à l ’action universelle
du monde. Pareillement, comme
chaque chef dans son administration
particulière a ses agens secondaires pu
ses causes subalternes, iL s’ensuit que ,
le principe de la lumière et du bien
ayant sés Ministres et ses Anges , le
principe des ténèbres et du mal aura
(a) August. de Civ. Dei. 1. 7 , c. 6.
(3) ’-î-.-t. Capell. de Nupt. Phii. f. 1 , c- t