le terme de tmîtes les comparaisons qu’il
fait, le type des figures qu’il trace ; c'est
lui qui fait les Dieux à son image.
L ’homme a donc comparé l’univers à
l ’homme, e ta cru retrouver dans le monde
ce qu’il sentoit, ce qu’il voyoit en lui-
même,c’est-à-dire du mouvement, de la
vie et de l’intelligence, et au- dessiis de
tout cela une perpétuité d’existence, que
lui-même n’avoit pas. Ce qui lui a fait
juger, qu’il n’étoit qu’un effet, et que la
cause suprême résidoit où il voyoit la
perpétuité du mouvement et de la vie.
Les quatre élémens , subissant toutes
les métamorphoses , que l’ame universelle
(1) produit en eux , formoient la
substance corporelle et visible que nous
appelons le monde ; être vivant et animé
, de forme sphérique , lequel con-
tenoit la terre dans son centre , corps
également sphérique , autour duquel
circuloient la lumière et les ténèbres ,
et à laquelle s’attachoient quatre qualités
élémentaires , qui décidoient de la '
température des saisons. Pythagore
donna le n om de cosmos ou de mondé
à cet être immense, et sur-tout au Ciel,
qui en compose la- partie supérieure , à
cause de sa perfection, de sa beauté (2)
et de la variété des signes qui le décorent.
La substance fluide et légère , qui y
circule par un mouvement infiniment
rapide et étemel , entraîne dans son
courant ces corps immortels et divins ,
qui font partie de la cause vivante universelle
, tels que le soleil, la lune, et
tous les astres , que Pythagore regardoit
comme autant de causes partielles ou de
Dieux (3) , qui renfermoient avec sur-
abondancelefeuactif, dont la chaleur est
un principe et une semence de vie pour
tous les êtres. Le rayon'qui jaillissoit du
soleil, ce foyer de vie , de chaleur et de
lumière, traversoit l’air, l’eau, et péné-
troit jusqu’au fond des : abîmes de la
mer, pour y répandre les germes de la
vie dans tous les corps organisés, qui 1
(1) Dior. Laer vit. Pyth. 1. 8, p. 585.
(2) Phot. Cod. 259.
(3) Diog. Laert. vit Pyth. !. 8, p. 584,
recevoient l’impression plus Ou îlioins
forte desa chaleur. Pythagore pensoitque
les plantes mêmes, à qui cette chaleur se
communique , sont censées vivre ; mais
qu’elles ne sont pas douées de l’anie
laquelle est une émanation de l’Ether *
et comme lui de nature immortelle '
tandis que la, vie du corps animé ne
l ’est pas : ce qui donne lieu à distinouer
dans l ’ame plusieurs parties 5 savoir , la
partie sensitive , irascible, et la partie
intelligente (A).
Nous n’entrerons dans aucun détail-
sur les parties de l’ame et sur les distinctions,
que les. anciens ont mises entre
ses différentes facultés, parce que ce
11’est point de l’ame humaine , dont il
estici question, maisde l’ame du monde,,
source de 1 ame de l ’homme et du principe
des sensations et de la vie de tous
les êtres, qui ont des sens, ou simplement
la vie. Nous remarquerons seulement,
qu’elle ne se communiquoit pas,
toute entière à tout ; mais qu’elle communiquoit
à quelques corps la vie, qui
lui appartenoit essentiellement ; qu’elle,
donnoit aux autres les sensations ; et
enfin , qu’elle accordoit à l’homme,
outre cela , une portion de son intclli-J
gence, mais dans un degré bien inférieur
où cette intelligence se ,trouvoit
dans l’ame universelle, que je pourrois,
appeler l’ame mère ou l’ame suprême.
Quoique répandue par - tout, cetto
ame n’agissoit pas par-tout également,
ni de la même manière. La partie la*plus
élevée du monde, qui étoit comme la
tête de l’Univers - Dieu, sembloit être
son principal siège. Aussi avoit-on placé
là le guide du reste du monde ; ce qu'on ,
appeloit Xhégémonique (5). Ainsi , dans
l’homme, c’est le cerveau qu’on a cru
être le principal siège de Famé, et le
lieu où elle exerçoit sa faculté .intelligente
, quoiqu’elle répandit le mouvement
et la vie également dans le reste du
corps. En divisant la couche supérieurs
(4) Diog. Laert. Ibid. p. 584,
()) Ibid. p. 586.'
Ru inonde en ses sept sphères, ou couches
(concentriques , on y trouvera un ordre
(éternel, fruit de l’intelligence de cette
bine, qui meut suivant une marche constante
et régulière les corps immortels ,
[qui forment le système harmonique des
Fieux. C’est ainsi que Dieu, ou l’ame
Universelle du monde , imprime, par son
Activité éternelle, le mouvement mesuré
r ’on admire dans la marc--h-e- -d--e-s— d—iffétentes
planètes et dans les révolutions
Hes cieux.
I On décomposa l’ame,comme lés sphères
, en deux parties, dont l’une se mou-
toit dans le sens du premier mobile, ou
’orient en occident; et l ’autre dans le
(sens contraire , qui est celui des sept
(sphères planétaires. Cette distinction.est
(énoncée dans Timée , et dans Platon
(son commentateur. « Parmi les parties
n du monde, dit Timée, icelles que nous
voyons dans le ciel, c’est-à-dire dans
j» l’Ether, sont de deux, sortes ; les unes
S ont la nature de l’être toujours le
j» même , et les autres celle de l’être tou-
b jours changeant ». Les premières, places
à la circonférence,emportent toutes
les parties, qui sont en dedans, par un
Mouvement général d’orient en occi-
ent. « Les autres, qui sont dans l’inté-
deur, ont un mouvement d’occident
In orient, qui leur vient de l ’être touj ours
| changeant. Car celui de l ’être toujours
l> le même ne leur est qu’accidentel, et
? ils ne s’y soumettent, que parce qu’il
(Mt le plus fort». Le mouvement de
l’être changeant; c’est-à-dire de la coupe
des cieux, qui vient immédiatement
pprès le ciel des étoiles fixes, «fut par-
P tagé en sept parties J suivant des rapports
harmoniques, et forma sept
r sphères, sept cercles ou sept cieux
F concentriques. La lune circule dans 1«
I cercle le plus voisin de la terre. Au-
£ dessus d’elle est le Soleil, que MérGure
f’ et Vénus environnent et accompagnent
[ sans cesse. Au-dessus du Soleil, Mars ,,
Jupiter, et Saturne achèvent leurs révolutions
avec des vitesses qui leur sont
“ propres, et. dans un temps inégal »,
Le Soleil, comme on voit, occupe le
centre de ce système harmonique des
Corps planétaires, puisqu’il n’a que Mars;
Jupiter et Saturne au - dessus de lui.
Telle fut l’origine de la fameuse flûte
symbolique, dont les septtuyaux inégaux
servoient à peindre l’harmonie prétendue
des sept sphères.On la niettoit dans la
main de l’idole de Pan ou de la statue représentative
du soleil, ame du grand
tout, autrement de l’Univers-Dieu , qui
se subdivisoit dans les sept corps planétaires,
qui modifioient la nature .inférieure
par leur mouvement dans le ciel
et dans le Zodiaque, dont le bouc ou
Pan fixoit le départ et l’origine. On chercha
à retracer cette meme idée par toutes
sortes d’emblèmes , comme on le verra
dans la suite de cet ouvrage. Telle est"
la série des sept voyelles rangées dans un
ordre mystique, que l’on répétoit en
invoquant les planètes ; telle estla lyreù
sept cordes, que l’on mettoit dans la
main du Dieu-soleil Apollon. Tel aussile
vaisseau emblématique du monde, rempli
delasubstance ëthérée, etmonté par sept
pilotes ; tel le chandelier à sept branches
du temple desjuifs; telles les sept cham bres
de Moloch, Tels sont les sept pyrées ,
ou autels consacrés aux planètes par les
Perses ; les sept pyramides de Laconie;
les sept chandeliers d’or de l’Apocalypse
; la Thèbes aux sept portes, et le
livre aux sept feuillets , dans lequel on
consulte le destin dans le poème de
Nonnus; le li vre aux sept sceaux, qui contient
îles annonces des malheurs qui menacent
le monde, dans le livre Apocalyptique
de Jean. Telles aussi les sept églises,
que figurent sept étoiles dans le même
ouvrage ; enfin, toutes les expressions sacrées
relatives au nombre sept, qui par-
? suivant une proportion harmonique
, l’efpace céleste qui s’étend, depuis
le ciel des fixes jusqu’à celui de la lune,
placée sur la dernière couche céleste ,
et qui comprend les corps qui se meuvent
circiilaircment par le mouvement
de I etre toujours autre , ou toujours!
changeant. Là double-marche des cieux