Absyrthe son cocher, suivant les uns ,
et son fils, suivant d’autres. Ceux qui
aiment les, étymologies pourront trouver
assez de ressemblance entre Aiëtès,
nom de ce prince, et A io t, nom de la
Chèvre (g") que porte le Cocher , fille
du Soleil, comme A'iétès, et qui brille
aux Cieux , à côté de Persée, dont le
nom paroît le même que celui de Persé
frère d’AEëtès. Ce Cocher fut lié par
Sa position , ainsi que la Chèvre, au
départ du Soleil vers nos régions boréales
, à l’équinoxe du Printemps , qu’il
annon ça pendant plusieurs siècles, de meme
que Persée , par son lever Héliaque ,
ou par son dégagement des rayons du
Soleil, dont il précédoit immédiatement
le char. Il a joué un grand rôle dans,
toutes les fables Cosmogoniques. Il y
figure sous le nom de Phaëton, fils du
Soleil et conducteur de son char ; sous
celui de Myrtile , cocher d’OEnomaüs ;
sous celui de Cillas , cocher de Pelops (1),
fils d’une des sept Pléiades Dione , et
qui épousa une autre Pléiade , Hippo-
damie , dont il eut Thyestc. Sur le
tombeau de ce dernier étoit représenté
le, Bélier ( 2 ) , ou le signe céleste
, vers l’extrémité duquel'sont placées
les Pléiades : ce Bélier de Thyeste
avoit aussi une toison d’or. Lucien (3)
ajoute , qu’il représente celui des Constellations
, dont on attribue la découverte
à Thyeste. Ce tombeau, surmonté d’ttn
Bélier, étoit à côté du Temple de Persée
(4) , ou du frère d’AEëtès, placé sur le
Bélier céleste à côté du Cocher. Tous ces
rapports Astronomiques et Mythologiques
nous font croire, que PAEëtes possesseur
du Bélier, est un être de même nature
-qpe- Thyeste ( h ) , fils de la Pléiade
Hippodamie, possesseur de ce même Bélier
sous un autre nom , dans une autre
fable. La conquête de ce Bélier sera
faite , lorsque le Soleil arrivant vers le 1 2 3 * 5
(1) Hygin. Fab. 85.
(2) Pausan. Corinth. pi 60.
(3) Lucian. de Astrolog. ïpi. 987.
■ ( 4 ) Pausan. Corinth. Ibid. p,. 160.
(5) Cæsius, Cæiura As trou«
lieu du Ciel où sont les riëïadeô, à
l ’entrée du Taureau, il se trouvera en
conjonction avec la Chèvre et le Cocher.
Son char à l’aurore sera alor3 précédé
du Bélier, qu’il amène avec lui, lorsqu’il
repasse dans notre Hémisphère
et lorsqu’il s’avance vers ées contrées
boréales du monde , jusqu a ce qn il re-
gagne l’équinoxe d Automne , terme
de ses voyages . sur nos régions. Ce
terme étoit marqué par son union au
Serpentaire, appelé Jason(5), lequel
s’unissoit alors au Soleil, dans son passage
aux régions boréales , et fixoit son
départ vers les contrées lointaines , jué-
qu’à son retour au Bélier e t à 1 equinoxe,
que ce même Jason annon çoit par son
lever du soir. C’est lui qui iixoit le commencement
de la dernière nuit, que ter-
mincit l’aurore du premier jour du Printemps
, qu’annonçoient le Belier et le
Cocher avec la.belle etoiie de la Chèvre.
Il étoit précédé dans sa marche par
le Vaisseau céleste, appelé encore au-
j ourd’lrui le vaisseau des Argon autes, ou
le navire Argo, vaisseau de Jason. D an*
très l’appellent le vaisseau d Osiris, celui
dont Canopus étoit le Pilote, Tous les
Mythologues et tousles Astronomes anciens
(6) sont absolument d accord sur
ce point , savoir que ce vaisseau est
celui qui est chanté, sons le nom de navire
Argo, dans lès poèmes faits Sur l'expédition
prétendue de Jason. Callima-
que le fait-construire’ à Actium, près du
Temple d’Apollon , que les Argonautes
élevèrent à ce Dieu à leur départ. Co-
lumelle en fixe le.léyer (7) vers, le^ milieu
de Mars, trois jours avant,l’arrivée du
Soleil à l’équinoxe du Printeinps, 1»
veille même du jour, où l’on fêtoit Anna
Perenna , qu le retour de l’année éternellement
renoùvellée , à la suite dù
lever de la Couronne d’Ariadne , placée
sur le Serpent que tient Jason. On
(6) Prod.-c, 16. German. Cæsar. c. .33. Hygi“-
I. a , c. 38, Theon. pj 143-168. hipp. l l>
c. 3. Hu
(7) Columelle, 1. 1», c. 2 , p. '430-
fàisoït ce jour-là ïnême des courses de
clipvaux sur le bord du Tibre (1). Le
lever du -vaisseau, et celui du Serpent,
que tient Esculape ou Jason , fixoient
l’approche du Soleil aii point équinoxial
, qu’occupa dans la suite Aries , et
qu’annonçoit alors ce signe par son lever
Héliaque,accompagné du leverCosmique
desPleïades, qui étoierit en conjonction
avec le Soleil. Voilà donc lefamënx Vaisseau
, que fait construire Jason ou le
Soleil, dont l ’image est placée aux
Cieux, sur l’équinoxe d’Automne , et
porte les noms d’Esculape, d’Herculé,
d’Ophiucus , de Phorbas, de Thésée,
de Jason., &c.
C’est cette circonstance ou apparence
Astronomique, qu’ont voulu nous rappeler
les Mythologues , auteurs du poème
sur Jason, quand ils nous ont dit, que
Jason, avant de s’acheminer à la conquête
du fameux Bélier, avoit fait construire
un superbe vaisseau, appelé Argo,
qu’il monta lui et tous ceux qui voulurent
s’associer à son expédition. Ce
vaisseau , dit le Poète (2) , Fut construit
par Minerve ; il est le premier, qui ait
sillonné les flots de la mer. C’est précisément
ce que disent les Mythologues
(3) du vaisseau de nos Constellations,
« qu’il est le premier, qui ait
été lancé en mer j qu’il a été construit
par Minerve , et- que cette Déesse en
a plapè Limage aux Cieux , dans la
Constellation du Navire Argo (ï) ». Ainsi
c’est au Ciel, que nous devons chercher
le vaisseau , qui va être construit, pour
conduire Jason aux lieux, où est en
dépôt la toison du Bélier de Phryxus,
que déj à nous avons vu placé sur la même
route, où vogue le fameux vaisseau
Argo.
Avec Jason ou ave'c le Serpentaire,
monte l’Ingeniculus ou Hercule, suivi
(1) Ovid. F*st. 1. 3 , ▼ . 459—J20.
(2) Orph. Argon, v. 66, etc.
(3) Philost. Stat. in Æscuh Si g , Germ. -Oses.
*• 33- Eratosthen. c. 35. Hyg, Fab. 1. 4 j-idero.
>• 2, c. 38.
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de la Lyre, appelée Lyre d ’ Orphée (4),
et précédé du Centaure , appelé Ckiron.
Il n’est pas difficile , à l’aide d’un globe,
de vérifier l’exactitude de ces aspects
Astronomiques. On peut donc les group-
per autour de Jason, comme Co-Parana-
tellons du signe , auquel il répond par
son lever. Eratosthène les place tous
trois comme Paranatellons du Scorpion,
ou du signe, qui monte au coucher du
Taureau , et avec la nuit équinoxiale.
Voilà les tableaux du Ciel. Voici ceux
du poème.
Orphée, qui est cefcjsé parler dans ce Îtoème, nous dit que, lorsque Jason vint
e trouver en Thrace , il étoit occupé
à toucher sà lyre , dont les sons enchanteurs
çharmoient la férocité des tigres
et des lions (5). Jason l’invite à s’embarquer
avec lui, et à le guider dans sa
route(6). Fils de Calliope, lui dit Jason (7),
vous qui régnez chez'les Bistoniens, vous
voyez devant vous un descendant du
sang royal desMinyeiis , fe fils d’Eson
roi de Thessalie. Daignez écouter fa-
vôràblément la demande, ^qu’il va vous
faire. Nous avons formé le projet, moi
et ' uné foule d’autres héros, de pénétrer
dans des mers -dangereuses, à travers
les flots de l’Euxih , vers les rives
du Pont, et les'borfls du Phase. Le -voeu
le plus ardent de nos guerriers est que
vous vouliez bien nous accompagner ,
et nous servir de guide. Les accents de
votre voix et lés accords de votre lyre
charmeront nos travaux ,<et soutiendront
notre courage (8). Il n’y a que celui qui
a pu descendre dans ‘les sombres régions
de l’empire des Morts, et reyenir
ensuite à la lumière, qui puisse sûrement
nous guider dans une route aussi
périlleuse. Orphée lui fait une courte
réponse , où il insinue qu’il a couru
déjà assez de dangers. -Cependant il
(4) Hygin. I. 2, c. 7 , 8 ; idem.1. 3.
(5) Argonautic. v. 63.
(6) Ibid. v. 86—90.
(7} Ibid. v. 76.
(8) Ibid, v, 88.