essentielles , de celui du Poète, auquel
on attribue les Argonautiques d’Orphée.
, A la suite de l’histoire d’Hercule ,
Diodore raconte la Fable solaire des
Argonautes, qui a pour objet l’année,
dont le commencement est , non au
Lion, comme dans la Fable d’Hercule,
mais au Taureau, alors signe de l’équinoxe
de Printemps , au lever Héliaque
du Belier céleste ; et au lever du soir
du Serpentaire, appelé Jasonrn Astronomie.
C’est une révolution ou période
solaire de la nature de celle, qui fait
l ’objet du Poème suivant , intitulé :
les Dionysiaques.
Jason étoit fils d’Eson , et neveu
de Pélias , roi de Thessalie. Distingué
entre tous ceux de son âge, par les
forces du corps , et par les . talens
brillans de l’esprit, il cherchoit à se
signaler par quelque action digne de
mémoire. Sachant . que Persée avant
lui, et plusieurs autres Héros s’étoiènt
couverts d’une'gloire immortelle parleurs
expéditions dans des contrées éloignées,
il résolut de marcher sur leurs glorieuses
traces ( i ). Ayant, fait part au roi de
son projet , il obtint aisément son consentement
j non pas qu’il s’intéressât
à la gloire du jeune Héros, mais parce
qu’il se flattoit, qu’il périroit dans les
dangers auxquels il s’exposeroit dans
cette entreprise. Il craignoit, comme
il h’avoit point d’enfant mâle, que son
frère, secondé de son fils, ne lui ravît
le sceptre. Cachant néanmoins ses soup-
m çons et ses craintes, il lui offre l’argent
nécessaire pour cette expédition ,
et l’exhorte à équiper une flotte pour
se rendre en Colchide, et y enlever
la Toison-d’or de ce. Belier si fameux
par tout l’ijnivers. Le Pont étoit alors
habité par des Nations barbares ét féroces
, qui égorgeoient les étrangers ;
ce qui lui fit donner le nom d'Inhospitalier.
Jason, jaloux d’acquérir de
la gloire , quoiqu’un peu étonné par (i)
( i) Ibid. p. 285.
{2) Ibid. c. 41.
la difficulté de l’entreprise , ne Ig
crut pas absolument impossible ; mais
se flattant de se couvrir d’une gloire
immortelle par cette conquête, il fait
tous les préparatifs nécessaires pour cette
expédition.
Il construisit d’abord au pied du Mont
Pélion ( 2 ) un Vaisseau , beaucoup plus
grand et mieux équipé , qu’aucun de
ceux qui avoient encore paru en mer
parce que les hommes jusqu’alors ne
s’étoient encore servis que de légers
esquifs et de canots. La vue de ce superbe
Vaisseau attira l’admiration de
tout le monde. Le bruit de cette expédition
se,répandit dans toute la Grèce,
et fit naître l’envie, à une foule de jeunes
princes distingués, de partager la'gloire
de cette conquête. Jason ayant mis son
Vaisseau en mer , et l’ayant pourvu de
tontes.'les choses nécessaires , choisit
dans cette troupe de jeunes, Gens, qui
ambitionnoient la gloire de cette entreprise
, tout ce qu’il y avoit de braves
et de plus distingués, au nombre de cinquante
quatre. Les plus illustres d’entre
eux furent Castor et Pollux, Hercule
et Télamon, Orphée et Atalante, fille
de Schobnée, les fils de Thespies , et
enfin le Chef ét l’Auteur du projet.
On donne au Vaisseau le nom d'Argo,
du nom du Constructeur appelé Argo,
qui s’embarqua aussi atec les autres,
afin de réparer le Vaisseau dans le besoin.
D’autres, au contraire, disent
qu’on l’appelle Argo , de l’excès de sa
vitesse, parce que , dans la langue ancienne
, Argos signifie prompt ou agile.
Les Chefs s’etoient réunis d’abord pour
nommer Hercule général : son grand
courage lui ayoït mérité cette préférence.
Partis d’Ioleos:-^3 ) , il côtoient le
Mont Athos et Samothrace. Une. tempête
les jette près du Cap Sigée en
Troade ; où étant débarqués,ils trouvent
une jeune fille liée sur le rivage , par
la raison que voici. Neptune /'après
avoir travaillé à la construction de
Troye , sans avoir pu tirer de salaire
de Laomédon, irrité contre ce parjure,
envoya un monstre marin dans le pays. Le
monstre dé voroit tons ceux qui se prome-
noient sur le rivage, et qui liabitoient
la côte ; il ravageoit les moissons ; lors-
qu’enfin les peuples, alarmés dè ce fléau,
s’adressent au roi! pour obtenir..du soulagement
à leurs maux. Le roi envoya
consulter l’Oracle d’Apollon, qui répondit,
que c’étoit l’effet de la colère de
Neptune ; et qu’il n’y avoit d’autre re-
niède à leurs maux , que d’exposer au
Monstre, pour être dévoré > celui de
leurs enfans que le sort marqueroit.
Tous donc ayant été -soumis à la décision
du : ’sort, le nom qui sortit fut
celui d’Hésione, fille de Laomédon.
Laomédon,> contraint d’obéir au sort,
livre sa fille au Peuple ,• et la fait
attacher spr le Irivage où il l’expose.
Mais Hercule| que le hasard avoit
conduit dans ces lieux , où il, avoit débarqué
avec les autres Argonautes, instruit
de l ’aventure de cette fille malheureuse,
brise ses liens , et étant- entré
dansda;ville,iil s’engage à tuer lêMonstre.
Laomédon , charmé det nette offre , lui
propose en récompense, de lui donner
ses chevaux invincibles. Hercule tue
le Monstre- Kétos , et laisse la liberté
à la jeûné fille, ou de: suivre s©n libérateur
ou de rester avec ses parens.
Celle4ci préfère de suivie-.ejet étranger,
non-sèulémfent par reconn bissance pour
son bienfaiteur, inaisèncorepoum’être
point de nouveau exposée, à:quelques
autres monstres par : ses .concitoyens.
Hercule, • ayant été oombié des presens
les,plus honorables, tels qu’ils étoient
dus à un pareil Héros, laiisa à Laomédon
en dépôt la jeune Hésione et ses che---
vaux, sous la condition qu’ils lui 'Se-
roient rendus à son retour de l’expédition
de Colchide. Il continue sa route
avec les autres Argonautes.
Ayant été bàttus d’une violente tem-
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pête ( i ) , Orphée , qui de tous les Argonautes
étoit le seul initié , fit des
voeux aux Dieux de Samothrace, pour
obtenir le salut de l’armée. Les vents
s’appaisent ; et deux Etoiles ayant pam
briller sur la tête des deux Dioscures ,
étonnèrent tous les spectateurs, etfurent
pour eux un gage de la protection des
Dieux, qui venoient d’écarter le danger.
Depuis ce temps, l’usage s’est perpétué
chez la postérité d’invoquer dans U
tempête les Dieux de Samothrace ; et j
lorsqu’ils voient apparoître les deux
Etoiles, d’attribuer cette apparition à'
la présence de Castor et Pollux. La tempête
appaisée, ils débarquent dans une
contrée de la Thraee soumise à Phinée ,
où ils trouvent deux jeunes gens qui,
par punition, avoiënt été enfouis en
terre, après avoir été déchirés de coups
de verges. C’étoientles fils de Phinée, qu’il
avoit eus dé Cléopâtre, fille d’Orythie ,
fille d’Erecthée et de Borée. Mais les
fausses accusations de leur impudente
marâtre avoient forcé le père ù sévir
ainsi contre eux. Phinée , ayant épousé1
Idea, fille de Dardanus roi de Scythie,
süivoit aveuglément lès caprices de
cette femme , dont il étoit éperdue^
ment amoureux. Elle lui avoit persuade',
que ces-jeunes gens , pour plaire à leur
mère, avoient voulu outrager leur belle-
mère. A l’arrivée inattendue d’Herçule,
et de ses compagnons dans Ce pays, ces
jeunes infortunés les invoquèrent comme
des Dieux tutélaires ; et après avoir
exposé le motif injuste de leur supplice,
il les conjurèrent de les délivrer.
Phinée les reçoit ( 2 ) assez durement
et leur défend de se mêler d’une affaire,
qui ne les regarde point ; ajoutant,
que jamais pèrene seportoitde lui-même
à' traiter avec une telle rigueur ses en--
fans , si l’énormité de leurs forfaits
n’étouffoit en lui la voix delà nature. Il
y avoit sur le Vaisseau , parmi les
Argonautes , les fils de Borée , frère
de Cléopâtre, à qui les liens du sang