de peuplier blanc étoit la récompense,
des vainqueurs. Philippe, père de Peiv
sée, roi de Macédoine, étant monté,
sur le somrçet de l’Hémus saoriHe ;m
ciel et au soleil (1). A Lacédémone ,.pu
»ortoit devant l’armée le feu sacré; que
es Prêtres étoient chargés d’entretenir
(2) ; le culte du feu se rapportait, pu,
feu Ether et au Soleil qui en est le foyer -
priqcipçd. En lisant Pausanias (3) , qui,
nous a donné la description de la Grèce et
de ses monumens religieux, on retrouve
par-toutdes traces du culte de la Nature ;.
on y voit des autels , des temples , des
statues élevées au soleil , à la lune et à
la terre ; aux fleuves , à la nuit , au
cocher céleste, etc. Les Lacédémoniens
consacrèrent le sommet du inontTaygète,
au Soleil, et alloient sur cette montagne
luHinmoler des chevaux.
Il y avoit à Sparte un temple dédié à
la terre. Aux environs d’Hélos en Laconie
, Hélios , fils de Persée, avoit établi
le culte de Cérès ; c’était en Laconie
qu’on trouvoit sept colonnes elevees aux
sept planètes. Le Soleil avoit sa statue,
et la lune sa fontaine sacrée à Thalma
dans ce même pays.
Les liabitans de Mégalopolis sacri-
fioient au vent Borée tous les ans , et
lui avoient fait planter un bois sacré ;
il n'étoit pas de Dieu pour qui ils
eussent plus de vénération.
A Olympie, la terre avoit son autel et
son oracle; le soleil et la lune leurs statues
à Elis. Inachus bâtit, dit-on , Iopolis
en honneur delà lune qu’il adoroit, et à
laquelle il donna Ce nom , parce que Io
étoit le nom de cette planète dans la langue
mystique des Argiens ; c’est lemême
nom qu’elle a encore dans la langue
des Cophtes , ou des descendans des
anciens Egyptiens (4) ; il éleva dans cette
(1) Tite-Liv. 1. 40 , c. 22.
(a) Xenoph. de Rep. Lac. c. 13.
(3) Pznsanias. p. 48, 60,203,334, 74, 363 ,
343.— 109. — 30, 97, 93, 161, 277, 20,
2281, 233. — 256. — 356. — Pausan. p. 103.
Edit. Groec.Franco!. 1633. in-fol.
(4) Chronictm. Alex. p. 96.
ville un temple à la lune , et des colonnes
de bronze, sur lesquelles étoit gravée
cette inscription : A la bienheureuse
Io , (fui nous dispense la lumière.
Saint Epiphane donne le nom d’Apis à
cet Inaohus (5) , d’Apis que Lucien dit
représenter en Egypte le Taureau céleste
, dans lequel la lune avoit le lieu
de son exaltation , comme on a vu ci-
dessus (6). On sait parles marbres d’Aron-
del, qui nous ont conservé un traité fort
ancien , • que les. Grecs reeonnoissoient
la divinité du Soleil, puisqu’ils y pren-
nent»cet astre pour témoin de leur engagement
comme nous avons vu que
fait Agamemnon dans Homère. (7) Ale-
xandre-le-Grand, à la veille d’une éclipse
de lune, sacrifie au soleil (8), àla lune,
et à la terre , qui tous trois concourent
à la former. Lés Macédoniens ado-
roient Estia, ou le. feu, et ofïroient des
prières à Bedy ou à l ’élément de l’eau ,
afin qu’il leur fût propice. (9) Parmenides
d’Elée mettoitla terre et le feu au nombre
des Dieux. On’ peut voir dans Cicéron
, de la nature des Dieux ; dans Clément
d’Alexandrie, Lactance , Arnobe,
Tatien , Tcrtulien , Justin , etc. que la
plupart des Philosophes grecs avoient
placé la divinité dans toutes lés parties
de la Nature , dans le soleil, la lune ,
les planètes, les étoiles, le ciel, la terre ,
etc, , et que la philosophie sur ce point
étoit en général d’accord avec l’ancien
culte , et avec la religion populaire ; ce
. qui a fait dire avec raison à Abulfarage,
dans son examen du Sabismè (10), que
cette religion avoit été celle de la plû-
part des Grecs , et que les statues et
les images qu’ils révéroient étoient autant
de monumens de ce culte. Eusèbe
( n ) ‘ reconnoît également que toute
la philosophie des Grecs , à travers le-
(5) Epiph. Adv. Hær. c. 1.
(6) Ci-dessus, p. 9.
(7) Marmor. Oxon. .
(8) Amen. 1.3 , p. 56.
(9) Clément. Alexandr. Protrept. p. 42, 43.
( 1 o) Abulfar. Hist. Dyn. p. 62.
(11) Euseb. Præp. Ev. 1. 3 ,e. <S, p. 3$.
R E L I G I O N , . U N I V E R S E L L E . 15
voile pompeux.dont elle se pare , laisse
apercevoir que l’esprit de leurs sages
s’arrêtait au monde sensible , et que ce
fut Platon qui le premier parla du monde
invisible et intellectuel. Cette chimère
qui dans la suite fit quelque fortune , ne
changea en rien la religion primitive
des Grecs, etles Dieux naturels restèrent
en possession de leurs autels.
S’il est vrai que la religion des Grecs
ait subi quelques changemens, ce fut
bien des siècles avant Platon , lorsque
les Pélasges et les colonies Egyptiennes
vinrent se mêler aux nations sauvages
qui habitaient la Grèce, et qui, de l’aveu
de Platon (1), n’avoient d’autres Dieux
que ceux que de son temps adoroient les
Barbares : savoir, le soleil, la lune et
les astres.
Ces changemens dans le culte n’affectèrent
que sa forme , et non point
sa nature. Les Egyptiens , en civilisant
les Grecs , modifièrent leur religion,
comme ils modifièrent leurs loix , leurs
usages et leurs institutions politiques.
Ils ne leur ôtèrent pas leur religion ;
mais ils lui donnèrent une forme plus
régulière, ils mirent plus de pompe dans
les cérémonies, plus d’élégance dans le
culte, et la religion des Grecs, originairement
simple et grossière comme eux,
se ressentit de l’influence des sciences
et des arts qu’amène à sa suite la civilisation.
On éleva des temples mieux
construits et mieux décorés ; on les orna
d’images et de statues symboliques; on
chanta des hymnes plus ingénieuses et
plus poétiques en d’honneur des Dieux
ou des parties de la Nature que l’on
personnifia; enfin, la religion prit un
vêtement si brillant, que bientôt la Nature
fut méconnue par ses propres adorateurs
; ce ne fut plus le soleil que l’on
peignit et que l ’on chanta, mais un
héros invincible, revêtu de tous les attributs
de la force , parcourant une
I carrière divisée en douze cases, dans
[ (1) Ci-dessus, p. 13.
j (2) Euseb. 1. 1 , c. 9- Præp. Evang.
chacune desquelles se trouvoient des
monstres qu’il lui falloit dompter. L ’astronomie
, pour ses besoins, avoit déjà
peint ces emblèmes monstrueux dans
le ciel ; la poésie et la peinture les
firent entrer dans le tableau des combats
et des victoires du Dieu qui tient
la Nature enchaînée sous ses loix éternelles.
Chaque signe que parcouroit le
soleil dans le cercle des animaux célestes
, qui fixent les douze grandes
divisions de l’année , étoit le sujet d’un
chant dans les poésies sacrées que les
prêtres composoient en l’honneur du
Dieu qui engendre les mois et les saisons.
Voilà ces fictions religieuses que
les Egyptiens et les Phéniciens avoient,
suivant Eusèbe (2), répandues par tout
l’Univers.
Ce savant convient qu’originaire-
ment on ne connoissoit point toutes
ces théogonies, devenues dans la suite
si fameuses chez les Grecs , et même
chez les Barbares , ni cette foule de
Dieux qui compose l'hiérarchie religieuse
des différens peuples du monde.
11 ajoute que ce sont les Phéniciens
et les Egyptiens qui en furent les inventeurs
, et que ces idées passèrent de
leur pays chez les autres peuples, et
particulièrement chez les Grecs.
Les Rabbins ont eu la même opinion
du Sabisme des Egyptiens , et de son influence
sur le culte religieux des autres
peuples du.monde (3). « Ils ont cru, dit
» un des plus savans d’entre eux, que les
y> astres étoient les causes premières de
» toutes les opérations de la Nature ; en
» conséquence, ils ont donné à chacun
» d’eux le nom d’une divinité ; ils les
» ont honoré par différentes cérémo-
» nies ». leur ont élevé des idoles, et
53 ont cherché à les représenter de toutes
33 Jes manières. Ces formes religieuses ,
33 qui d’abord furent propres et paiticu-
» lières aux Egyptiens, qui en étoient
33 les inventeurs, passèrent ensuite chez
(3) :More. Isaae. Maronit. in Philosoph. 1. 2 ,
c. 6. Kirkef, CEdip. t. 1 , p. >72.