dont nous nous dispenserons d’accumuler
ici les témoignages {1). Ce culte ne
fut pas particulier aux Perses. Les Grecs
avoient leur feu sacré conservé à Delphes*
à Athènes, &c. ; on l’allumoitaux ray ons
du soleil. Les Romains avoient leur
temple de Vesta, où des prêtresses étoient
chargées d’entretenir le feu sacré éternel.
Les Juifs eux-mêmes conservoïent le feu
perpétuel dans leur temple, comme les
Perses dans leur pyrées (a). Il en étoit de
même chez les Macédoniens, les Sar-
mates, les Mèdes, et chez toutes les
nations du Nord (3), Eniin, aujourd’hui
encore, les Guèbres , descèndans des
anciens disciples de Zoroastre, adorent
l’élément du feu. Ils ont un temple à Surate
qui,par sa simplicité (4), nous retrace
celle des moeurs du peuple qui l’a construit
; c’est une chaumière, qui renferme
le feu sacré continuellement entretenu
par des prêtres. On voit donc qu’il
n’est point d’époque où l’on ne trouve
le culte de la Nature plus ou moins
répandu dans la Perse; tantôt sans images
ni symboles; tantôt avec le simple symbole
d’un feu éternel, comme celui qui
meut et vivifie l’Univers; quelquèfois
aussi avec toute la pompe des cérémonies
et la richesse des. décorations des
temples, des statues, et des images.
Si nous avançons plus loin, vers l’Orient,
et vers l'es rives dé l’Indus et du
Gange-, nous y verrons encore fleurir
le même culte. Les Banians, ont la plus
grande vénération pour le fleuve du
Gange (5) ;■ ils le regardent comme un
Dieu , et lui font des sacrifices de petites
lampes allumées , qu’ils exposent tous
les soirs au courant de l'eau (e) ; ils y
jôétent' aussi par dévotion de l’o r , des
perles et des pierres précieuses.' Les
peuples qui habitent lelong.de ses bords,
regardent comme une faveur suprême,
(i)Socr..Hist,Eccl; 1. 7 , Ruffin. I. x , c. »6.
Eusthat. Homer. Iliad. 1. 6.
(iV Hyd. p. 152.
(3) Clément, in prottepti p. 43.
(4) Sonnerat. Voy. deslnd. t, i ,c . 4 ,p. 107:
(5) Contant, d’Omlle. t. 2,p. 164.
le bonheur d’expirer dans ses eaux, persuadés
que par-là, tons leurs péchés sont
effacés. Les rives du Gange sont bordées-
d’espèce de chapelles, et de pagodes,
sur-tout près de Benarès, où se trouve
le grand collège des Brames ; les dévots-
vont proeessionnellement au Gange faire-
leurs ablutions. On immoloit autrefois-
des chevaux et des boeufs au fleuve
Indus , comme à un Dieu ; le sacrifice
achevé, on jetoit dans le fleuve un
espèce de petit boisseau en or , semblable
à ceux dont on se sert pour mesurer
le blé. Cette cérémonie- se pratiquoit au
moment où les jours commençoient à
croître. Alexandre-le-Grând immole sur
ses bords des victimes au soleil qui a
éclairé sa victoire sur Porus(6). Le soleil,
suivant Clément d’Alexandrie, étoit là
grande divinité des Indiens (7). La plupart
des peuples, dit cet auteur, frappés
du spectacle des cieux et des mouvemens
réguliers des astres, trompés par le témoignage
de leurs sens, le seul auxquels
ils crussent, en firent autant de Dieux et
adorèrent le soleil, comme font les Indiens.
Lucien ajoute que les Indiens en
rendant leurs nommages au soleil se
tournoient vers l’Orient, et gardant un
profond silence, ils formoïenf une espèce
de danse imitative du mouvement de cet
astre (8).Etienne de Byzance assure qu’ils
se eonsacroient spécialement au soleil
(9) ; leurs gymnosophistes contemploient
d’un oeil fixe le disque lumineux, de ce
Dieu, comme s’ils eussent voulu y. découvrir,
ditSolin(io) ,les secrets delà divinité.
Apollonius de Thyane parcourant
des yeux les différens objets représentés
par ordre de Porus, dans un temple deà
Indes, entre dans quelques détails Sùr l’art
de la peinture, et sur soit objet (1 @| Les
peintres, dit-iL, peignent tous les-objets
qu’offre à leurs yeux la Nature, et. qui
Î61 Quint Curce. 1. 9, ç, 1-.
-) Clement. in protrep. p. 16,
Lucianus, de Sait.,
m .Steplf; Byz. m voce Bram.
fcio) Sofin , p. 129.
(11) Philo»tr. in yitâ Apoll. 1. 2,c. 10 & )i.
»Ont sous le soleil ; quelquefois le soleil
lui-même, comme nous le voyons dans,
ce temple, où on l’a représenté sur un
quadrige, ou sur un char attelé de
quatre chevaux. Il parle expressément
d’un temple consacré- au soleil, qu’on
voyoit eh ces lieux ; et le roi lui dit qu’il
ne boit jamais de vin que lorsqu’il sacrifie
au soleil (1). Les Indiens voulant aller an
devant de Phaotes leur nouveau roi, allument
sur l’autel du soleil les flambeaux
qu’ils doivent porter en lui faisant cortège.
Apollonius arrivé au fleuve Hypha-
sim (2) , qui fut le terme des conquêtes
d’Alexandre, y trouve des autels avec
une inscription en honneur de Jupiter-
Hammon et du soleil Indien, d’Hercule,
d’Apollon , &c.
L ’Arabe Sharistan attribue aux Indiens
la même religion qu’aux Arabes,
c’est-à-dire le Sabisme(3); et Abulfarage
compte les Indiens parmi les sept grandes
nations qui professoient cette religion.
Il n’est pas étonnant qu’on y trouvât
aussi un grand nombre de divinités
que les Grecs avoient empruntées de
la Phénicie et de l’Egypte , tels
qu’Hercule, Bacchus , Apollon , Minerve
, &c. ; qu’Apollonius fut surpris
de retrouver au milieu des Indes,
honorés avec les mêmes formes de culte
et de simulacres que ces Dieux avoient
en Grèce. Nous avons fait voir plus haut,
à l’article de la Grèce, que tout cela
n’étoit qu’un sabisme déguisé sous le
voile mystérieux, qu’étendirent dessus
les Egyptiens et les autres nations savantes.
Ils avoient aussi leur feu sacré
qu’ils tiroient des rayons du soleil, et
qu’ils alloient chercher sur le sommet
a une montagne (4) , qu’ils regardoient
comme le point central de l’Inde ; mais
ils ne le tenoiept point renfermé, afin
que sa flamme pût s’élancer , comme
le rayon qui est repercuté par l’eau.
(1) Ibid. I: 2,c. 13..
(2) Tbid. c. 13.
13) V. ci-dessu» p. 7..
(4) Phüostr. 1. 3, c. 3.
Les Brachmanes, pour rendre un culte
plus agréable au soleil (5) , marehoient
sur une terre jonchée d’herbes et de
fleurs presque à la hauteur de deux coudées
, persuadés que plus ils sont élevés
au-dessus du sol, plus l’offrande
qu’ils font est agréable. Us prient le
soleil pendant le jour de faire ensorte
que les heures qu’il engendre par sa
révolution, coulent heureusement pour
la terre de l’Inde(6). Encore aujourd’hui
les Brames font leur sandinavé ; ils vont
au lever du soleil puiser de l’eau dans
un étang ( 7 ) , et ils en jètent vers le
soleil pour lui témoigner leur respect
et leur reconnoissance, de ce qu’il a
bien voulu reparaître et chasser les ténèbres
de la nuit. Le culte du soleil et
de la lune, divinités des anciens Indiens,
est encore le seul qu’aient ceux des
Indiens, qui toujours éloignés des autres
hommes, vivent dans les bois et sur
les montagnes. Us rendent le plus grand
hommage au Dieu du feu, et ils entretiennent
sur la montagne de Tirouna-
maly un feu pour lequel ils ont la plus,
grande vénération. Le savant père
Kirker regarde le culte du soleil et du>
feu , comme le premier et le plus grand
culte de l’Inde (8). Il dit que la plupart
des fêtes établies par les Indiens durant
tout le cours de l’année , ont pour objet
cet astre , et que leur religion ressemble
presqu’en tout à celle des Perses et des
Egyptiens, de qui ils paraissent l’avoir
empruntée. Il prétend même que le sacrifice
qu’ils font de leur personne en se
précipitant eux, leurs femmes ou leurs
enfans, dans les flammes d’un bûcher,
vient de leur antique vénération pour
le feu, et de la persuasion où ils sont qu’ils
se précipiten t au sein delà divinité même ;
c’est la même opinion qui leur fait
désirer d’expirer au milieu des eaux
du Gange , une de leurs grandes divii
jVIbîd. c. 3&c. 4.
6) Ibid. c. 4.
7) Sonnera:. V. de l’Inde, t. 2 ,1. 3 , p. icÇ
8) Kirker. (Edip. t. i,p. 412 & 413.