son bannissement, avec la liberté d’emporter
ses biens , qu'ils respectèrent
comme une chose sacrée ( i ). Osiris se
retira donc accompagné des Dieux et
des Génies bienfaisans , pour revenir
ensuite, lorsque le temps marqué pour
son retour, par la fatalité , seroit
arrivé, L ’époque de sa disgrâce fut celle
du deuil et des larmes de- l’Egy.pte (//).
Dès cet instant,- les Egyptiens commencèrent
à célébrer leurs jours tristes
et lugubres. L ’Historien sacré .,se refuse
à nous décrire les persécutions, que ce)
bon prince éprouva. Il se sacrifia-; pour
sa patrie , pour la religion et pour les>
lois, en se livrant lui-même auxmains dés
barbares , qui menaçoîent de tout ravager
, si Osiris n e leur étoit abandonné.
( 2 ) Il fut mis dans un vaisseau, qui
le transporta au de-là du fleuve , pour
y être gardé.
Tant que son ame sacrée et divine,
dit l’Historien, veilla sur le sort de
l’Egypte, les maux ne purent y prévaloir.
Mais à peine en fut-il exilé, que les
Génies, malfaisans (.mm) , devenus les
conseillers de Typhon , qui étoit leur ouvrage
, y versèrent les fléaux les
plus destructeurs.Les impôts s’accrurent,
au point que les peuples furent écrasés ;
et il n’est aucune sorte d’injustice et
de vexation, que les Egyptiens malheureux
Réprouvassent sous la tyrannie du
nouveau roi. Toute l’Fgypte poussa des
gémissemens vers le ciel, qui, sensible
à ses malheurs , songea à la venger ;
niais non pas sur le champ (3 ) , afin
que l’expérience du bien et du mal, de la
vertu, et du vice, apprissent aux hommes
les plus grossiers à en faire la diffé-'
rence, à sentir le prix des uns, et à
concevoir de l’horreur pour les autres.
En conséquence, l’auteur continue le
récit des injustices et des malheurs de
ce règne désastreux. Un seul homme-
de lettres osa élever la voix contre le (i)
( i) Ibid. p. n i .
a) Ibid. p. n i .
3) Ibid. p . 112. j . .i! J
Tyran et contre ses amis , et chante-
les éloges du vertueux Osiris (4).
liberté courageuse déplut à Tyuh0B!
qui. devint son ennneml’ particulier'
et qui lui fit toutie mal qu’il put?. Mais
enfin un Dieu favorable vint ranime,
sa confiance, en l'avertissant dans une
Théophanie,que les malheurs de l’Egypte
ail oient finir , et que la durée, marquée
par le destin , n’étoit pas mesurée par
des années, mais par des mois. Il lu;
désigne j par .une figure énigmatique
l’époque heureuse de cette révolution'.
Sachez,! ajouta le Dieu , qu’au moment
où ceux, qui sont aujourd’hui revêtus
de la toute-puissance, voudront innover
quelque chose dans la Religion, alors
toute cette race de Géans (5) , c’est-à-
dire les Barbares , disparoitront de
cette terre. Il lui donna encore un autre
signe (rui), et il lui dit : au moment où
nous purifierons par l'eau et par le
feu l ’air souillé par le souffle de cette
race impie , sachez qu’aussitôt la ven-1
geance tombera sur eux, et que Typhon
sera chassé ; ' alors attendez-vous à voir
rétablir un meilleur ordre de choses,
C’est par des coups de foudre que nous
chassons de tels maux.
Cette promesse consola le malheureux
étranger , quoiqu’il ne pût concevoir
comment elle pourrûit s’effectuer. Néanmoins,
lorsqu'il apperçut deé innovations
dans la Religion , et qu’il vit des
Temples élevés dans Thèbes à des Divinités
étrangères , il soupçonna'que
le temps marqué par les Destins appro-
choit. Il s’attendit à tous les événe-
raens annoncés pour l’époque du retour
d’OsiriS ; et «ur-totit pour le moment
où- son fils Hôrus -s’asSôcieroit,
non-le Lion, mais‘le Loup phùr compagnon
de guerre (6). Quant au 1 sens
dé cet énigme dit Synésius , et à H11"
terprétation qu’on doit donner au nWt
Loup, c:est un-mystère, qu’il ù’èsf' P28
(4) Ibid. p. ii3.
G) Ibid. p. 114.
(6) Ibid. p. 115.
permis de révéler aux profanés ,
jriême sous le voile de la Fable. Pour
nous , qui sommes moins mystérieux ,
que l’évêque Synésius; nous donnerons
bientôt le mot de cette énigme, à notre
article 1-viSDepuis
ce moment, les Dieux firent
éclater leur puissance proteetrieè ’par
les signes :fes plus sensibles; efr on
voyoit , qu ils alioient (' 1 j bientôt ,
par quelqit’exemple frappant, prouver
leur Providence , dont l ’idée étoit pres-
qu’entièreinent effaoée du coeur des
J.gyptiens : car tant de malheurs ne
leur permettaient plus d y croire.
I n désespémit1 aussirde':t»ut seèiràts
humain, depuis que- Thèhés--étoit1 devenue
comme un Camp rempli d’ennèi
[mis, lorsque tout-à-coup tes Barbàf-es
et leurs chefs sOnt frappée d’une terreur
panique, et courent çà^èt là dans
les rués, semblablesà'dês furieux. Tantôt
J ils Sé précipitent le fer à la main , comme
s'ils avpient des ennemis à combjMta-é;
tantôt ils se lamentent et demandent là
mort; tantôt ils fuient-, tahtôt ils poursuivent
, comme s’ils avoient une faction
intestine' qui lùttât contre éux ,
quoiqu’il n’y eût dans là ville' d’autres
gens armés qu’eux , et que tons lèÿ
Tfïébains leur eussent été livrés ù fâ îï
erétion par Typhon (2). C’ést ici
qu’est le miracle, dont nous épargnerons
au Lecteur tous les détails.
On1 sent Bien, que l’Aùteùrn’a Voùïl
Hons apprendre rien autre chose , sinon
q.ae la délivran'ce de l’Egyjbte était un
coup de la Providence , et que là’ étoit
visiblement marqué le doigt du 1 Sei-
gneür. Aussi les miracles ne lui coûtent
rien dans èette partie merveilleuse de
son histoire , pasplus qu'à l ’auteur Juiifj
qui a clranté là délivrance des Israélites j
et 1 afliancliis.vcHiont (le la fiprvifn.de efi-
Egypte, fablfe 'sàcerdôtàlè’ , qti’on p'éüt
comparer à celle-ci. J ’omettrai le ini-
(0 Synes. I. 2 , p . 116.
CM Ibid, p.. 1 1 7 .
I3),1 Ibid. p,. l ig . . . ; ■ h , .. ! : Î
racle de la bonne femme, qui deman-
dort 1 aumône ( 3 ) à la porte de la
•‘ville , «t qii’tm Scythe vient massacrer-,
lorsque tout-à-coup un Dieu, ou un
homme semblable à un Dieu, attaque
le Scythe barHàrè , le tue, et avec lui
plusieurs autresdSchytes, qui voulurent
le venger. Alors l’effroi et la déroute
devinrent générales parmi les Barbares,
que iê peuple chargea; jfaisaùt
aimes 'de tout c eq u i Se'trouva e sôus-
sa' main ,(4). La ville est délivrée, et
les Egyptiens entonnent lès .chants delà
victoire. . Inutilement Typhon emploie
l’artifice y pour ràppeliç' les Barbares
-dans la ville ’ (?3.) ; où Ihi ô,te à
mi même,le commandement désTphtéSj
et on afyoihiit la'tÿrannib. Dans' îa pre-
iuière - assemblée , convoquée chez le
Grand-Prêtre, on allumé le feu sacré ,
et où rend des afctidnà‘de grâces aux;
Dieux , tant pour la fà’yeùr qu’on ve-
noit d ëii‘ recevoir, qùe.pour les bièns
qu on én attendoit. Totit le. 111 on il e redemande
Osiris , et lie- Grahd-Piêtre
ann once son prompt retour, ain si que
ee(hii ^ touS ®8 honnête^ gens,. qui
s etoient attaches à son sort. Cependant
on croit devoir encore irtéhagpr Typhon,
et tromper.ee Ti'iun, quFabusànt de
là; clémencè --dif . Peuple-,’ ’ M p ^ l î i i l
même sa chute. Une notrelle Cbn.spnd-
tion de sa part. découverte le fait’ ar-
Ç [ et èrhprisprlnef. On décide-
qu il sera jugé, et qu’un tribunal dé’-
tenninera le, genre de supplice, qu il
doit Subir. Déjà lés Dieux annoncent,
qù aussitôt a près sa 'mort Rfl sera jeté
daris le Tartare, avec les mauvais Génies
et avec les Titans, pour y être
tommenté y sans çspi’oir de pouvoir
niais jlomrr iiiêke en sferige, de lâi
luiiiiçië saérëe de l’Elysée, dont là
<vtte lait le bonheur des aines vertuèusek'
et des Dieiix. ' 1 - v ï
Synesius en terminan t le récit dé Su
(4) iLid; p. 119.
(<5), Ibid. p. 121-
Ibid. p. ray.