sous cette dernière division de notre
Planisphère , au point du ciel où se
trouve le Soleil , lorsqu’on célèbre sa
mort ; et au point où se trouve la Lune
pleine , lorsque Typhon la rencontre et
qu’il met en lambeaux le corps d’Osiris ;
ce qui arrive peu de temps avant la résurrection
de ce Dieu. Voilà quels sont les
principaux tableaux, que présente le
ciel sur la route de la Lune, et qui s’unissent
chaque mois à toutes les pleines
Lunes , depuis le moment qu’Isis ou la
Lune a perdu son e'poux , jusqu’au moment
où elle le recouvre. Comparons-les-
avec les tableaux prétendus historiques
de la vie et des courses d’Isis.
Isis , aussi tôt après la mort d’Osiris ]
dont les membres sont jetés dans le
Nil , ou dans le fleuve céleste , qui 5e
trouve au couchant avec le Taureau ,
au moment où le Soleil occupe le Scorpion
, et que nous avons projeté sous
ce Taureau , où la Lune est pleine ;
Isis se trouve , dit l ’Historien , près de
Chemmis , ville consacrée à persée et
à Pan , que nous avons projeté sous
çette même division. Pan et ses Satyres ,
qui habitent les environs de Chemmis,
dit Plutarque (1) , »ont les premiers à
s’appercevoir de cette mort, et sont
aussi les premiers à répandre cette nouvelle
effrayante, qui produisit la terreur
qu’on appelle panique. Isis aussitôt
coupe une partie de sa chevelure,
et prend l’habit noir, dans un lieu dont
le nom nous exprime une privation:
allusion manifeste à son disque échan-
cré , et à la diminution de lumière qui
suit la pleine Lune. Le mois suivant
elle se trouve pleine aux Gémeaux, où
sont les deux enfans qui président à la
divination , comme nous l’avons déjà
dit. La fable suppose qu’Isis passe dans
un lieu où elle lencontre de jeunes en-
fans ; ellé s’adresse à eux* pour savoir
en quel endroit peut être le coffre qui
cache le corps de son époux. Ils lui in1)
Plut, de Isid. p. 356.
2} Lucian. de Astiol. p.903. *
diquent la bouche du Nil, par laquelle
les amis de Typhon avoient envoyé à
la merle coffre, qui contenoit le corps de
son époux. C’est de-là , dit Plutarque
qu’a été donnée aux enfans la faculté
de prédire l’avenir , et de fournir les
augures, que l’on tire souvent des propos
qu’ils laissent échapper en jouant dans
les temples. Il est bon d’observer ici
que Lucien nous a dit, que c’étoit
des signes célestes que les Egyptiens
tiroient la science de la divination; que
les Oracles d’Ammon étoient soumis à
l ’influence du Relier ; ceux d’Apis', à
l’influence du Taureau ; ceux des enfans
seront donc soumis à ,l'influence
des enfans Gémeaux. Aussi Lucien dit,
que c’étoient eux qui présidoient aux
Oracles rendus par Apollon à Didyme(2) 1
car Apollon est un des Gémeaux , appelés
Didymes.
Suivons Isis. La Déesse sut que , par
erreur, Osiris avoit couché avec sa soeur
Nephté, et elle en eut la preuve dans m e
couronne de Mélîlot, qu’Osiris avoit laissé
chez celle- ci (ù). Elle se mit à la recherche
de l’enfant né de ce mariage , que sa
mère avoit exposé par crainte des insultes
de Typhon. Elle le trouva à l’aide de ses
chiens : elle l ’éleva , et elle en fit son
gardien , sous le nom d’Anubis.
Suivons actuellement la Lune. Elle
passe au Cancer , où trois paranatel-
lons l’accompagnent. Le premier Para-
natellon est la Couronne boréale , appelée
Couronne d’Ariadne , la. même
que Proserpine , épouse du Soleil inférieur,
ou de Pluton. Cette Couronne,
suivant un Auteur cité par Photius (3),
étoit composée des feuilles de la plante
appelée Mélilot par les Egyptiens. Les
autres Paranatellons sont le chien Prô-
cyon, et la belle étoile Sinus , que
Plutarque ( 4 ) dit être consacrée à Isis ,
et qui fait partie du grand Chien. , qui
étoit honoré en Egypte sous le nom
d’Anubis. Le Planisphère Egyptien, de
(3') Pilot, cod. 190, p. 483.
(t) De Iside, p. 353— 376.
Jvirker (1) place ces deux chiens sous
\y Capricorne, en qualité de Paranatellons
de ce signe (z) ; par conséquent
ils le sont aussi du Cancer ou du signe
opposé. Aussi Servius dit-il, en parlant
Mu Chien céleste , qu’il est Paranateljon
du Cancer (2), Eratosthène et Eudoxe
nomment aussi les deux Chiens au
nombre des Paranatellons du Cancer (3),
et tous les Auteurs Aratus , Hygjn
Eratosthène et Théon (4 , comptent la
Couronne au nombre des astres qui ,
par leur coucher , fixent les divisions
de ce signe (5). Isis , après avoir rencontré
les. jeunes enfans des Gémeaux,
Itrouve donc sur sa route les mêmes
ornemens et les mêmes Chiens , que la
[Lune rencontre dans sa station du
Cancer, c’est-à-dire une Couronne, de
IMélilot, des Chiens , et entr’autres le
Ifameux Anubis 5 ce qui ne doit point
[nous surprendre, si Isis et la Lune sont
la même Divinité. Les tableaux du ciel
[s'accordent donc encore ici entièrement
|atéc ceux de la légende d’Isis.
Suivons cette Déesse dans son passage
[sons le Lion, signe qui sert de domi-
|oile au Soleil, ou au Dieu de Biblos ,
IA louis , qui même en prend l’épi—
pète de Biblus-Adonis (6). Là elle
prouve le Roi d’Ethiopie , ou Céphée,
Paranatellon de ce signe, et le fleuve du
[Verseau , qui est en opposition avec
le Lion , et qui en fixe , par son ascension
, les divisions : car le Lion se couche
toujours au lever du fleuve du Verseau,
wu’arrive-t-il à Isis après avoir trouvé
jAnubis ? Elle se transporte à Biblos , et
pa se placer près d’une fontaine , où elle
[avoit appris que s’étoit arrêté le coffre
pcré , qui receloit le corps de son
ppoux : là elle s’assied triste et muette ,
p verse un torrent de larmes. Elle y
povtve un Roi et une Reine ; et des
femmes-, attachées à la Princesse, l'invitent
à venir à 1a cour. Ün la charge de
K1) Kirker (Eèip. t. 2, part. 2 , p. 206.
(2) Serv. Comm. ad Georg. i. 1 , y. 218.
(j) Theon, c. 1.
nourrir un jeune enfant à la mamcdle :
c’étoit le fils du Prince. Isis nourrît
l ’enfant ; mais au lieu du bout de son
sein , c’est le bout de son doigt qu’elle
lui met dans la bouche. Elle brûle pendant
la nuit les parties de son corps,
qui étoient mortelles , et elle - même
prend des ailes ; et s’envolant sous la
forme d’iiirondelle , elle va se placer
près d’une colonne, laquelle renflerai- A;
le coffre , qui contenoit le corps de son
époux.
Quels tableaux nous offre le ciel? celui
d'une fontaine , celui d’un Roi et de
son épouse, c’est-à-dire Céphée et Cassiopée
; celui d’une femme, c’est Andromède
, leur fille ; celui d’une autre
femme , qui allaite un enfant, comme
fit Isis; c’est la Vierge, céleste, qu’Era-
tosthène appelle l’image d’Isis, ou Isis ;
celui du poisson hirondelle , ou de l’hirondelle
placée sur le mât du vaisseau ,
qui croît et qui, montant peu-à-peu, devient
cette grande colonne près de laquelle
se trouve le coffre précieux. Isis aussitôt
s’embarque avec le fils aîné du Roi ;
elle dessèche un fleuve d’où s’élevoit le
matin un vént trop dur (A).
Que trouvons-nous dans la sphère à
la suite des tableaux que nous venons
de voir ? Persée , gendre du Roi d’Ethiopie
, et son lils conséquemment
le vaisseau céleste , appelé vaisseau *
d’Isis ; et le fleuve d’Orion , qui se couche
alors le matin , et que l’allégorie dit
avoir été desséché par Isis. On verra
dans la suite lamiême idée exprimée ,
dans l ’Apocalypse , par l’image d'un
fleuve que la terre engloutit, au moment
ou l ’Auteur de cet ouvrage voit dans
le ciel une- femme accouchant d’un
jeune enfant destiné à régner sur le
monde : cette femme a des aîles ,à l ’aide
desquelles elle prend la fuite devant le
Dragon qui la poursuit.
Suivons toujours Isis. Où la conduit
(4) Uranol. Petav. t. 3.
(5) Hygin. I. 4 , c. 13. Aratus. v. 572.
(à) Martian. Capell. Hyinn. in Soient.