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nion des Romains (1) , le seigneur ét
le chef de la substance mobile , dans
laquelle s’opèrent les générations et les
destructions, c’est-à-dire, de la matière
élémentaire qui compose tous les corps
sublunaires. D’où naît l ’homme, disoient
certains philosophes ? Du soleil et de
l'homme (2). Ainsi les peuples du Pérou
se disoient les enfans du soleil. Il est
en effet comme le père de toutes choses.
Le soleil , suivant les docteurs
Egyptiens , échauffant le limon (3)
donna naissance à tous les animaux,
et versa les principes de mouvement et
de chaleur , qui mirent la vie dans la
matière humide qui entre dans leur
organisation..Ce développement du foetus
sous l’enveloppe ou bulle légère, qui
couvrit les premiers germes , que la
chaleur fit éclore , est assez bien décrit
dans Diodore, cité par Eusèbe (4).
C’est également à la chaleur et à l’action
du soleil, que les Phéniciens attri-
buoient la génération primitive des animaux
et celle de l ’honune , qui commença
par lever ses mains vers l’astre
brillant du jour, en le proclamant Roi
des pieux, Beel-Sùmim, dans la langue
Phénicienne.
. Platon , dans sa République , recon-
nùît la suprématie du soleil dans la
Nature (5) , et dit qu’il est le Roi du
monde sensible , comme l’être, qu’il appelle
Dieu ou le Bien par excellence,
l ’est du monde intellectuel. Il l’appelle
le fils de l’être-suprême, qu’il a engendré
semblable à lui-même (6). Cette
belle et sublime idée sur le soleil a été
consacrée dans le magnifique hymne
de Martianus-Capella, et dans le savant
discours que l’Empereur Julien adresse
à cet astre, père de la Nature et image
visible de l’être invisible, qui gouverne
le monde, dans le système des Spiritualistes.
.. Ces deux inonumens de la théologie
1) Plut. Quæst. Rom. p. 268.
2) Julianus, Oral. 4 ,.p. 248.
(3) Euseb. præp.'JEy.. 1. 1, c. 7., &c.
(4) Ibid.
ancienne sur le soleil doivent être consultés
par ceux qui entreprennent d’expliquer
les fictions religieuses laites sur cet
astre. J’en dirai autant de l’ouvrage do
Macrobe sur les Saturnales, et spécialement
de sou livre premier. C’est dans
ces différons ouvrages , que l’on pourra
prendre une idée précise de l’importance
du rôle que le soleil, sous diverses
dénominations et avec des attributs
très-variés, a joué dans les anciennes
religions. Nous y renvoyons le
lecteur.
Pline le Naturaliste parle du soleil,
comme faisoient les Théologiens. Il
l’appelle l ame, ou plutôt l ’intelligence
et la première divinité de l ’Univers,
dont l’administration lui appartient.
Après avoir tracé l’esquisse de la division
de tout l’intervalle, qui sépare le ciel de
la terre , et que remplissent les sept
sphères planétaires, dontle soleiloccupe
le milieu, ce savant Naturaliste semble
se complaire à; chanter la gloire et la
puissance du soleil , et à nous décrire
ses principales fonctions dans la conduite
du monde ( 7 ). « Il est, nous
» dit-il, le plus puissant comme le plus
» grand des astres. Son empire s’étend
» non-seulement sur la terre et sur la
» révolution du temps, mais encore sur
» le ciel lui-même et sur les astres, dont
» il est le modérateur souverain. On doit
» le regarder comme l’ame , ou plutôt
» comme l ’intelligence de l’Univers. Il
» convient de le considérer comme le
» premier administrateur du gouverne-
» ment du monde , et comme la prin-
» cipale divinité, à en juger par ses
» ouvrages. C’est lui qui dispense la
» lumière et chasse les ténèbres. 11 éclipse
aa de ses feux les autres astres. Il règle
» les saisons et le cours de l’année tou-
» jours renaissante , et les tempère pour
»'les besoins dé j,a Nature. Il bannit
» la tristesse du ciel, et même les nuages,
(5) Plut. Quæst. Plat. p. iqo6
(6) Plat, de Rep. J. 7, p. 508..
(7j Plia. Hist, Nat. 1. 2, c. 6,
„ qui troublent la sérénité- de l’ame de
„ l’homme. Il prête sa lumière aux autres
» planètes ; il brille au-dessus tle tout,
»il s’élève au-dessus de tout, il voit
» tout, il entend tout, comme en a jugé
» Homère, le père de la littérature ».
Cet éloge, que Pline fait de la divinité
du soleil, doit nous avertir dé
sa prééminence sur tous les Dieux , que
les anciens Mythologues et que tous les
anciens poètes ont chantés , et rend
vraisemblable l’opinion de ceux qui,
comme Macrobe, ont rapporté au soleil
la plûpart des divinités , qui occu-
poient la première place dans la religion
des anciens peuples. Tels sont Osiris en
Egypte, Adonis en Phénicie , Mithra en
Perse, Atys en Lydie, Ainmon en Ly-
bife , Baccbus chez les Arabes, Apollon
chez les Grecs , Bélus chez les Chal-
déens , Plercule à Thèbes en Egypte ,
Christ chez les Chrétiens, &c. Car c’é-
toit la divinité principale de tous les
peuples, qui l’adoroient , suivant Martianus
Capella, sous une foule de noms
différens. Cette remarque est d’une
extrême importance, et nous servira à
justifier des explications, qui pourraient
paraître des paradoxes aux yeux de
gens, qui n’ont ni érudition , ni philosophie,
ou qui manquent de l’une ou
de l’autre.
L ’universalité du culte d’une divinité
est, comme nous l’avons déjà indiqué ,
la suite nécessaire de l’universalité de
l’opinion, que l’on avoit de son influence
sur les opérations de la Nature et sur
les besoins de l’homme, Comme il n’est
point de peuple, qui n’ait senti celle du
soleil, et qui n’ait admiré sa majesté et
sa puissance, il n’en, est point non plus,
qui njaxt dû lui rendre des honneurs ,
comme à la première cause des effets
Produits ici-bas par l’action du ciel sur
la terre. Aussi Varron , dans son ou-
vrage sur l ’Agriculture , après avoir
commencé par invoquer le ciel et la
(') Georg. 1. 1, v. 6
C1) Firaùc. 1. a , c. 29. Hermetis, Aphorism. 2.
la terre (xx ) , invoque ensuite le Soleil
et la lune , dont la marche règle les
saisons, et fixe les époques du labourage
, des semailles et des récoltes. Virgile
l’a imité dans l’invocation, qu’il a
mise à la tête de ses Georgiques , où
il adresse • ses premières prières aux
flambeaux brillans , qui règlent le
cours de l’année (i). Il appelle l ’un
Liber , ou BaccJius , et l’autre Cérès,
c'est-à-dire lo soleil et la lune , dans
l’opinion de Servius son commentateur,
qui, d’après le principe des Stoïciens,
réduit tous les Dieux mâles au soleil,
et toutes les divinités femelles à la lune ;
ce que je ne crois pas généralement
vrai.
Les Astrologues (2) partageoient la
chronocratorie ou surintendance des
temps entre ces deux planètes, attri-
buantau soleilles naissances, qui avoient
lieu le jour, et à la lune celles qui ar-
rivoient la nuit. « Sachez, disoient-ils à
» ceux qu’ils iuitioiervt aux secrets de
» l’Astrologie Qyy) , que le soleil est de
».flambeau et la lumière du ciel , le
» gouverneur du monde , le maître et
» l’arbitre des temps , qu’il produit (3),
» C’est lui qui fait que les planètes de-
as viennent orientales ou occidentales ,
» qu’elles se cachent ou reparaissent;
» c’est lui qui est le principe du mou-
» vement de tout ce qui se meut , de
» la vie de tout ce que naît, de la croisas
sance de tout ce qui croît, du déve-
aa loppement des feuilles et des fleurs ,
aa et de la maturité des fruits. Il est le ’
» soufle de vie, la grande ame du ciel,
aa en ce qu’il vivifie les douze signes ,
» et qu’il assure à celui, dans lequel il
» se trouve, la prééminence sur les autres,
aa en y répandant la vie, la lumière, la
» force et la chaleur, qui se propage
ai ensuite sur la terre , laquelle reçoit
aa l’influence du signe, comme on peut
aa en juger par la Nature et les effets
» produits ici - bas, dans l’ordre des
(3) Haiy, de Judic. Astr. Præd. 1, c. 4.
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