de Baal ; celle de Mars , le nom de
Moloch ; Vénus , celui d’Astaroth et
d’Astarté ; Mercure , le nom de Ne-
bo (1) ; et tous ces noms se trouvent
être aussi ceux des divinités Syriennes,
Assyriennes , Phéniciennes et Cananéennes
(2.) j ce qui donne lieu de croire
que c’étoit ces astres qu’on révérait sous
ce nom , d’autant plus qu’il est ^ reconnu
que le culte des planètes etoit
établi dans ces pays (3) et faisoit partie
de ce que les livres juifs appellent le
culte de la milice célefte.
' Sanchoniaton , le plus ancien écrivain
de Phénicie (4) , qui lui - même
ne fit qu’interprêter les anciens mo-
numens de sa patrie consacrés dans
les colonnes de Thaut, nous dit que
les premiers hommes qui habitèrent
la Phénicie élevèrent leurs mains au
ciel vers le soleil , qu ils le regardèrent
comme le seul maître des cieux,
et l’honorèrent sous le nom de Beel-Sa-
min ; nom qui, dans leur langue, si-
gnilie Roi du ciel. Ils élevèrent auffi des
colonnes aux élémens , l’une au feu ,
et l’autre à l’air ou au vent, et leur
rendirent des hommages. Le Sabisme,
ou le culte des aftres, fleurissoit dans
toute la Babylonie.
Les Arabes , placés sous un ciel toujours
pur et serein , professoient la
même religion et adoraient le soleil ,
la lune et les étoiles. Abulfarage (5) ,
dans son histoire des dynafties Arabes ,
nous dit que non-seulement ces peuples
adoraient les affres d un culte général
, mais encore que chaque tribu
Arabe étoit sous l’invocation d’une
étoile particulière. La tribu 11arrivai
étoit consacrée au soleil ; la tribu Cen-
nah l’étoit à la lune ; la tribu Misa
étoit sou-s la protectioji de la belle etoile
(1) Hyd. p. 67. _
(s) Selden de Diin Syr. & Kirker (Edip. t. 1.
(3) Selden d e D i s Syr. c. 1,
(4) E useb. P tæp. E v . ,1. 1 , c. 9.
(5) Abulfarag. Hist.Ejyaast. p- ICI.
. ,(6) Acrian. 1 . . 7 1 ? 1 f 1 •
(7) Arrian. Apu-i. Piyoî. Cod. 91.
du Taureau , Aldebaran ; la tribu T'ai,
sous celle de Canopus , ou de la belle
étoile de la conftellation du Vaifleau ;
la tribu Kais étoit sous la protection
de Sirius , autrement la canicule 5 les
tribus Lachamus et Idamus honoraient
la planète de Jupiter ; Asad celle de
Mercure : ainsi des autres. Tous ces
astres étoient les enfans d’Uranus (6), ou
du Ciel, qui étoit leur grande divinité ,
avec Bacchus , (7) que nous prouverons
ailleurs n’être que le soleil.
Les Homérites , peuplade de l’Arabie
heureuse , adoraient le soleil et la
lune , sous le régné de Constant, fils
de Conflantin (7).
Les Arabes , connus sous le nom de
Sarazins, qui conquirent la plus grande
partie de l’Asie , de l’Afrique et de
l’Europe , adoroient encore au temps
d’Beraclius la belle planète de Vénus
(9), qu’ils nommoient Cabar , ou
la Grande , la même que cette Aftarté-
la-Grande, dont parle l’écrivain phénicien
, Sanchoniaton. Mahomet leur
chef les fait jurer par le soleil (10) , la
lune et les aftres ; et l’hiflorien de cette
secte conclut qu’il les reconnoissoit
pour Dieux, puisqu’il les invoquoit dans
ses sermens. Dans la formule^ d anathème
que l’on exigeoit qui fût prononcée
par un sarazin converti, il
abjurait ses anciennes opinions sur le
soleil et la lune , et sur tout le culte de
l’étoile du matin , de Vénus Cabar,
ou la Grande , dont ils avoient autrefois
invoqué le nom, dans cette formule
de prière si fameuse chez les Arabes (11) :
Alla , va, Cabar, alla.
Strabon parle d’un autel eleve au
soleil dans l’Arabie heureuse (12) , sur
lequel brîiloit l’encens le plus^ exquis.
Dans l’île de Panchaia , fituée à l’o-
(8) Lebeau. Hîst. du Bas Emp. t. 2, p..66.
(0) Euthypn- Zigaben. Sarracénie, p. 1.
fio) Ibid. p. 26.
(11) Ibid. p. 81. P. 85. Ibid. p. 70. Et Cedren.
t. i.p. 423.
(12) Saab. I. 16. p. 784.
rient de l’Arabie, étoit une fontaine
consacrée au soleil , dont personne ,
excepté les prêtres , ne pouvoit approcher(
1). Près de-là étoit une montagne
sacrée, sur laquelle étoit, disoit-on , le
trôné d’Uranus, ou du Ciel. Shahristan,
{%) auteur arabe, dit que les Arabes et
les Indiens eurent anciennement des
temples consacrés au sept planètes,
qui furent dans la suite convertis pour
la plûpart en Pyrées , ou consacres au
culte du feu sacré et immortel.
Le culte des planètes et des autres
astres faisoit le fond de la religion,
connue sous le nom de Sabisme, dont
l ’étendue fut immense comme la durée.
» Tous ceux qui ont écrit 1 histoire
» universelle , dit Abulfarage (3), etqui
» ont remonté jusqu à 1 origine des
» peuplés, comptent sept grandes na-
» lions primitives, d’où sont sorties
» toutes les autres : les Perses, les Chal-
» déens, les Grecs , les Egyptiens, les
>, Turcs, les Indiens et les Chinois.
» Elles se sont ensuite divisées en plu-
35 sieurs peuples de langues différentes ;
» mais tous originairement professoient
» le Sabisme et rendoient un culte à
» des images et à des idoles consacrées
33 aux astres qu’elles représentoient. ce
Voici ce qu’il dit en particulier des
Chaldéens dans son histoire du Sabisme
(4 ) ' ce Ce que nous savons cer-
33 tainement des Sabéens, c’est que
3» leur religion est tout-à-fait la meme
35 que celle des Chaldéens ; ils se tournent
33 pour prier vers le pole-arctique ; ils
33 prient trois fois le jour ; au lever du
33 soleil, à son midi et à son coucher.
33 Us font trois inclinations devant cet
33 astre 5 ils invoquent les étoiles ou
33 les intelligencës qu’ils y placent, et
33 leur offrent des sacrifices ; ils donnent
33 le titre de Dieux aux étoiles fixes et
33 aux planètes. Les Chaldéens, dit le
r*
(1) Diod. Sic. 1. 5. c. 44. p. 366.
(2) Hyd. de Vet. Pers. Relig. p. i©5*
(3) Abuîf. Elist. Dyn. p. 2.
(4) Hist. Dyn. p. 184. 1
t
3> même auteur, se distinguèrent entre
» les autres peuples par leurs observa-
33 tions astronomiques ; étudièrent la
33 nature des astres, leurs influences
33 secrètes. Ils portèrent ensuite cette
33 science dans l’Occident, apprirent
33 aux hommes à élever des temples
33 aux étoiles, à les construire et à les
3» disposer d’une manière propre à at-
33 tirer leurs influences salutaires, et
33 ils établirent la forme du culte ana-
33 logue à la nature de chacune d’elles 33.
Personne n’ignore que les Chaldéens
se sont rendus célèbres dans toute 1 antiquité,
par la science astrologique dont
on les dit inventeurs , et que cette
branche du charlatanisme fit tant de
■ progrès chez eux , que le nom de
Chaldéen. et à! Astrologue étoient autrefois
synonhnes. Or, cette science , remarque
judicieusement Saumaise, n a
pu s’établir que sur la ferme persuasion
où l’on étoit, que les planètes et les
astres étoient des Dieux, qui regloient
les destinées des mortels. Sans cette
persuasion, point d’astrologie, ni aucun
fondement à la foi en ses oracles (5) 3
c’est sur cette base qu’elle porte ; Otez
cette croyance , elle croule tout entière.
Donc par-tout où nous voyons 1 astrologie
régner avec empire , là nous devons
supposer que l’opinion de la divinité
des astres étoit établie ( 6 ) ; aussi
le juif Philon observe-1-il que les Chaldéens,
versés plus qu’aucun autre peuple
dans l’astronomie , ce faisoient tout dé-
33 pendre du mouvement des astres ,
33 qu’ils regardoient comme les arbitres
33 souverains de l’ordre du monde. Ile
33 born oient leurs hommages a la cause
33 visible , et ne se firent aucune idée
33 de l’être invisible et intellectuel j an
33 contraire, en observant l’ordre^ du
33 monde., ils crurent voir en lui la
33 divinité elle-même toute entière qui
(4) Salmas. Ann, Climat, p. 1. & 1.
(6) Ibid. p. y . O
(7) Philon, Lib. de Abrah. p. vit.