R E L I G l 0 N U N I V E R S E L I , E.
Mithriaques , connus parmi nous sous le
»OKI de Cliristijanisnae- 11 spflit de re-
marqiier ici, que les Mages de l'Armenie
et de la Gappadoce,adorateurs de Mithra,
instruits par Zoroastre, .retracèrent ausèi
la Nature et ses parties dans leurs temples
et dans leurs monumens religieux, comme
l ’ont fait les Egyptiens, et les Juifs, dont
nous venons de parler.
Ce génie imitatif se trouve jusqu’au
Pérou, dans le temple de Cuseo, dont
pous avons déjà parlé. On y voyoit la
ligure du soleil, telle que la représentent
nos peintres ; elle était d’or massif et
environnée de rayons d’une prodigieuse
grandeur. La lune avoit aussi la sienne
en argent (u ) ; son temple était vis-
à-vis -celui du soleil:, dont"elle; étoit
comme Junon, et la femme et la soeur.
Les portes et les murs du temple étaient
revêtus de lames d’argent, comme ceux
du soleil étoient. d’or. Un antre temple,
dédié à la belle planète. Vénus,. que
ces peuples nommoient Chasca, ofîroit
la même richesse. Un quatrième temple
étoit consacré aux phénomènes de l’air,
pu aux météores, au tonnerre et aux
éclairs (s). Enfin , il y en avoit um
consacré à Iris, ou à l’arc-en-ciel. Ainsi;
tout ce qu’il y a d’apparent dans la
Nature eut ses autels, et fut retracé
dans les.temples du Pérou:
Numa qui établit à Rome le culte du
feu éternel, qui circule dans toutes les
parties de l’Univers, culte qui, parune
singulière ressemblance avec le culte des
Péruviens, étoit aussiconliéàdesvestales,
Numa voulut que le temple dépositaire
du feu sacré eût la figure ronde, afin,
dit Plutarque (, 2 ) , qu’il représentât
l’Univers, dont le .centre est occupé
par le feu , suivant le dogme des Pythagoriciens.
Les Chinois ont consacré deux temples,
l’un au c ie l, et l’autre à la terre
(i) Hist. des Voyages, t. Sa ,.p. 172.
(à) Plut. Vit. Numee. p. 67.
(3) Recherches sur les Egyptiens 5t les Chinois
par M. de Paw. t. a , p, 4a.
{4) Philostr. Vit. Apvll. 1. | , ç. 18,
(. 3 );; le premier est rond,, èt le second, j
çarré, .suivant la théorie des Lettrés, I
qui -disent .que .notre terre est cube, I
c ’est-à-dire, qu’ils la représentent,comme I
les Pythagoriciens, parle cube, de même I
qu’on représenta le ciel par la sphère. I
Philostrate suppose qu’Apollonius (4), I
arrivé à Babylone, y vit un fameux
portique, dont la voûte surbaissée représentait
le tableau du ciel. L à , étoient
sculptées en couleur d’or, semé d’azur,
les iinagçs des Divinités de ces peuples,
qui, comme on le sait, adoroient les I
astres 3 on y voyoit aussi des tapisseries I
sur lesquelles on avoit brodé les aven- I
tures des héros de la sphère; tels que I
Persée, les malheurs d’Andromède, I
c ’est-à-dire, les fictions qui avoient pris
naissance chez les peuples amis de
l ’Astrologie, et livrés au Sabisme. La
plûpart des labiés grecques , suivant
Philostrate , les portraits u'Orphée, &c.
s’y trouvoient tracés.
Une lecture réfléchie de Pausanias
prouvera, que tout le ciel Astrologique
avoit été retracé dans les différons
temples de la Grèce, et dans les statues
de leur héros fabuleux. On y voyoit le
temple de Persée, et à côté, comme
dans la sphère, le premier des signes,
Aries , ou lé bélier de Thyeste ( 5 ) ,
qui lui-même y avoit son tombeau. La
belle étoile de la chèvre, placée dans
la constellation du cocher qui suit immédiatement
Persée, avoit sa statue en
bronze doré dans la place publique des
Phfiassiens ( 6 ). Le cocher lui-même
( 7 ) , sous les noms d’Hippolyte, de
Myrtile, de Cillas, de Sphoereus, avoit
ses temples, ses statues, ses tombeaux
et ses mystères en Grèce. On y voyoit
aussi l ’Atlantide, ou Pleïade Steropè,
femme d’OEnomaiis,dont il étoit oocher.
Les autres Pléiades, sous différens noms
(S), s’y retrouvent par-tout adorées (t) 1
(5) Paus. Corinth. p. 60.
(6) Ibid, Corinth..p. ‘j 6.
(7) Paus. Corinth. p. 7 4 , 7J. Arcad. p. *49>
Heiiac. p, 137.
(8) Laconie, p. 94, Messeni. p. 14a & 14JR
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çt y ont leurs statues et leurs tombeaux.
Ainsi Thaedra, la Pléiade (1) qui
kxrxià ifyppolite, ouïe cocher au-dessous
duquel elle est placée, avoit son tombeau
près de celui du cocher à Troezène.
Çe;mlme génie, sons le nom de Phaéton,
avoit aussi son tombeau près des rives
du Pô en Italie (2) ; et là , les Héliadés,
ou lps; filles du soleil l’avoient pleuré,
il. ayoit eu l’avantage de ressusciter (3)
sous le nom de Virbius , qu’il prit à
là place de, celui d'Hyppolite 2 Esculape
avoit fait ce miracle. On remarquera
que la .constellation du Serpentaire , ou
l’Esculape céleste ne se couche jamais
qu’il ne fasse lever le cocher. On voyoit
à Argos, dans la place publique , un
petit tertre, sous lequel avoit été enterrée,
dit-on, là tête de Médtise ( 4 ) , laquelle
est aussi placée dans les deux, au-dessus
du bélier, et sous Persée ; cette tête ( 5 )
étoit un talisman ppur ceux de Tegée
en Arcadie, ou du moine la chevelure
qui en fut détachée. Le taureau céleste,
peint agenouillé dans la sphère , et
consacre à la lune qui y a son exaltation
, avoit son autel ( 6 ) et son image
marquée de l ’effigie de la lune, en
Boeotie , où on l’appeloit le boeuf de
Cadums. On appelle encore en Astronomie
ce taureau ( Porlitor Europae ),
NI V E E S E L LJEb <J3
desijjbdéufs sacrés des . Egyptiens ( 8 ),
confie Ta reconnu St. Jerome. C’est
ce,mêij|e aijïmài céleste dont Io, fille
d’Inacnus ( g j , prit la forme dans sa
métamorpnog^. Ob remarquera , qu’/p
étoit le nom de la lune, ( 10 ) dans la
langiaeirtystique des Argiens, eteeluique
donnent encore à cet astre les Cophtes,
ou les descendans des anciens Egyptiens.
Toute l’aventure d[Io étoit retracée chez
les anciens Grecs (11), dans la Laconie ,
dansl’Attique. Sur les bords de l’Iriachus
père d.’Io, on voyoit les autels du soleil.
Les Gémeaux, ou le signe (12.) qui
renferme les Dioscures, Castor et Pollux ,
suivant d’autres, Apollon et Hercule ,
où même Amphion et Zéthus, avoient
leurs statues, leurs tombeaux, et leur»
temples en Laconie,en Boeotie, à Samo-
thràce, &c. 011 les honoroit d’un culte
particulier à Sparte, et leur statue consistait
le ravisseur d’Europe, soeur de Caclmus.
11 étoit, suivant Lucien ( 7 ) , le type
original du fameux boeuf Apis, lequel
portait, aussi sur son corps, comme le
boeuf de Boeotie, l’effigie de la lune,
ou de la planète qui a son exaltation
au taureau. Il étoit aussi le type du
venu d’or qu’adoroient les Israélites,
puisque ce veau dor, ainsi que les veaux
d’or de Jéroboam, étoient une imitation
(Q Ibid. Corinth. p. 75.
((i) 2 3) Paus, Attic. p. 3 ; & Plut, de iis qui Serb.
P' 517-
S Paus. Corinth. p. 69. Virgil. Æneid. 7.
Paus. Corinth. p. 63.
(si Arcad. p. 176.
(6) Paus. Boiotic. p; 29t.
(7) Eue;an. de Astrolog. p. 986.
(8) Hierony, ad cap. 4, OscæJ Lactan. de Vcxâ
oap. c. 10.
en deux bâtons (i3) unis entre eux
par deux autres attachés à chaque bout.
Lucien prétend que le temple et l ’oracle
qu avoit Apollon à Didyme, tiroit son
nom d’un clés Gémeaux appelé Apollon
et qu’il étoit soumis à son influence (i4)j
c’est en ce même endroit qu’il dit, que
le serpent qui rendoit des réponses à
Delphes sous le t-répied , ainsi que la
Pythie, ou la Prêtresse, représentaient
l ’un le serpent céleste, l’autre la vierge
dé nos constellations, cette Thémis, ancien
oracle des Grecs, ou la fille de
Thespies à qui Apollon donna le dçm
de prophétie , et dont il mit l’image
dans les deux, suivant Théon ( i 5 ).
M. Hyde en fait la Sumbula ( 16 ), ou
la Sybjlle des Persans et des Caldéens.
Les Dioscures, ou les Gémeaux conservèrent
souvent dans leurs statues et
(9) Ovid. Fast. 2 ,1 . j.
(10) Eustath. Comm. in Dionys Perieg. p. 23.
Chrome. Alex. p. 96.
(n') Paus. Attic. p. 13. Lacon. p. 101.
f i 2^ Paus. Corinth. p. 60.
f i 3j Plutarch. t. a . p. 478.
f 14) Lucian. de Astrol. p. 993.
(m Tlieori. Comment, ad Arat. Phæn. p. 129.
(iG) Hyd. de Vet. P ers.. Reiig. ch. 32. p. 3.9.x,