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Perses alloieiït sur de hantes montagnes
pour y sacrifier au ciel, qu’ils
appelèrent Jupiter , et à ses parties les
plus brillantes , au soleil et à la lune (i) ;
•qu’ils sacri fi oient anlli à la terre, an
feu , à l’eau et à l’air ou aux vents ; que
■ ce sont là les seuls Dieux qu’ils recon-
noissent de toute antiquité ; qu’ils honorent
d’un culte religieux les fleuves ;
qu’ils chalTent de leurs villes les lépreux,
>arce qu’ils regardent la lèpre comme
a punition d’un crime contre leur Dieu,
le soleil. Ce culte qu’Hérodote attribue
aux anciens Perses , est bien ce culte
-de la Nature que l’auteur du livre de lâ
Sagesse, cité plus haut ,-reproche’ à
presque tous les peuples (2). Le témoignage
d’Hérodote est confirmé par
tousles anciens etpar tous les modernes
qui ont parlé de la religion des Perses.
jStrabon (3) dit qu’ils, adorent le soleil
.sous le nom de Mlthras * qu’ils honorent
aufîi la lime, Vénus, lé feu, là terre,
les vents et l’eau ; qu’ils n’ont point de
statues ni d’autels ; mais qu’ils sacrifient
sur les lieux hauts à Jupiter , ou
plutôt au ciel à qui ils donnent ce nom;
qu’ils purifient l’endroit où ils doivent
.sacrifier où ils offrent leurs prières et
roù ils conduisent la victime couronnée
de fleurs. Mitliras , leur grande divinité
, n’étoitque le soleil, suivant Hesy-
•chius et Suidas (4 ), d’accord en cela
avec Strahon et avec tous les autres
savans , dont nous croyons inutile de
rapporter ici le témoignage , ou plutôt
l’opinion sur le culte Mithriaque.
Xénophon , dans la Cyropédie , nous
représente Cyrus qui , avant d’engager
le combat, va sur les lieux hauts sacri-
,fier au Jupiter des P.é£Sés , ou au .ciel
et au soleil (5). Ilnoùs ditailléurs , que
les Perses offrent en holaucauste des 1 * 3 5 6
(1) Herod. in Clio. jc. 133, j
fa) V. ci.dessus, p. 4.
(3) Strab. 1. 15. p. 732.
.(4) Kesych. & Suidas in voce Mit ht a.
(5) XenopK. Cyrop. p, 2-33. ’
(6) Quint Curt.l. 4..
(y) Lactant. in proeat. p. 7.
N I V E R S E L L E .
chevaux au soleil, comme nousavons vu
quefaisoientlesMassagètes.Quint-Curce
nous dit également que Darius, avant
d’en venir aux mains avec Alexandre,
invoquale soleil, Mithras, Mars et le feu
sacré éternel (6), c’est-à-dire , cet élément
actif qui compose la substance de
l’Ether , ou du c ie l, qu’on adoroit en
Perse.
Plusieurs auteurs reprochent à Hérodote
d’avoir d it, que Xerxès lança
des traits contre le soleil et donna des
chaînes à la mer ; ce qui est contre
toute vraisemblance, observe Lactance,
puisque le soleil et l’élement de l’eau
sont de grandes divinités chez les
Perses (7). Les Mages, au rapport de
Cassiodore, déifioient les élémens (8).
Tliéodoret dit également que les Perses
appeloient Mages ceux qui accordoient
la divinité -aux élemens. Diogène-
Laèrce, dissertant sur les principes théologiques
des Mages assure aussi qu’ils
plaçoient la substance de leurs Dieux
dans l’élément du feu , de l’eau et de la
terre (9). Les actes des martyrs de la
Perse , tous les auteurs du quatrième ,
cinquième , sixième et septième siècle,
attestent, comme un fait connu de tout
le monde , que le,soleil, la lune et les
élémens étoient les grandes divinités
des Perses(io). Plutarque leur attribue
le culte de l’air et de la terre (11). Bar-
bahil, Syrien , dit en général, que tous
les élémens étoient adorés chez eux (12) ;
Jufiin parle des prêtressés du soleil chez
les Perses; Clément d’Alexandrie force
les philosophes de convenir que ce
sont les Perses , les Mages et les Sar-
mates qui leur ont appris à révérer les
’élémens (i3). Tous les écrivains Maho-
métans s’accordent à ïecbnnciître le
Sabisme pour l’ancienne religion des
(8) H'St. Trip. 1.' 10 , c. 30,
(9) Dicgen. in proenv 3
( 1 o) Acacl. Inscrip. t. 29 , p. 148,157.
(11) Plut. p. 1022.
(12) Hyd^p. 90.
(13) Cîemenl-. p. 3,2, . ' -
Perses >
Perses, jusqu’au temps de Gushtdsp ,
fils de Lohrâsp (1). M. Hyde lui-même,
malgré son penchant à croire que les
Perses élevèrent leurs idées plus haut
que le monde visible, et quoiqu’il
cherche à leur attribuer un spiritualisme
qui n’exifta jamais , ou du moins qui
est très-moderne et particulier à quelques
sectes, convient qu'au milieu
même de ce spiritualisme, ils avoient
conservé des pratiques superstitieuses ,
par lesquelles ils honoraient les planètes
et les élémens, leurs anciennes
divinités. En effet, nous voyons dans
Epiphane, que ceux qu’on appeloit
Maguséens chez les Perses (2) , livrés
au culte des idoles et des images ,
adoraient le feu , le soleil et la lune ;
d’autres adoraient les astres d’un culte
immédiat sans statues , tandis que ceux
qui aimoient les images avoient des
statues , des autels et des pyrées. L ’auteur
du livre Pharhàng-Gj ihân ghiri (3),
parle de sept anciens pyrées où on
brûloit l’eiiceris en honneur des sept
planètes ; elles avoient sept petites chapelles
, où chacune d’elles recevoit
les hommages de ses adorateurs. On
alloit dans là chapelle du soleil célébrer
la fête du soleil ;1 dans celle de
Mars, de Jupiter, &c. (4) honorer Mars
*t Jupiter ; ainsi des autres planètes.
Héraclius, poursuivant dans sa fuite
Chosroës , se rend maître de la ville de
Gaza, dans laquelle étoit un superbe
temple consacre ail soleil; sous le dôme
^toit placée la statue de Chosroës, qui
Y. tenoit en quelque sorte lieu de divinité
, et autour étoient rangées les images
nu soleil , de la lune et des astres,
Dieux que ce prince adorait ; nous dit
Cedrenus (5). Héraclius fit tout brûler,
jusqu’à la chapelle où se conservoit le
feu sacré éternel. Tel étoit encore le
culte des Perses dans le sixième siècle de
l’ère-chrétienne (6). Les premiers jeux
établis à Rome furent les jeux ou courses
du cirque , que Romulus institua en
honneur du soleil et des élémens qu’il
modifie par son action ; et le motif qui
les fit établir fut la persuasion où étoit
ce prince , si on en croit l ’auteur de
la chronique d’Alexandrie (7), que les
rois de Perses ne dévoient leurs succès
militaires qu’au culte religieux qu’ils
rendoient au soleil et aux élémens.
Encore aujourd’hui en Perse ,les Fa-
roguis , qui vivent dans les bois, adorent
le soleil et ne mangent qu’après lui
avoir rendu des hommages (8). En lisant
les livres sacrés des anciens Perses ,
contenus dans la collection des livres
Zends , ou le Zend-Avesta , on trouve
à chaque page des invocations adressées
à Mithra , a la lune, aux astres , aux
élémens , aux arbres, aux montagnes
et à toutes les parties de la Nature (9).
On invoque le taureau céleste auquel
s’unit la lune ; on s’adresse à quatre
grandes étoiles, Taschter, Satevis
Haftorang et Venant ; au grand astre
Rapitan et à d’autres constellations ,
qui veillent sur les diverses parties de
la terre.
» J’invoque , disent-ils , et je célèbre
» le taureau élevé, qui fait croître
» l’herbe en abondance ;.... j ’invoque et
» je célèbre le divin Mithra , élevé sur
33 les mondes purs ; les astres , peuple
■ 32 excellent et céleste ; Taschter, astre
33 brillant et lumineux ; la lune, dépo-
33 sitaire du germe du taureau ; le soleil
33 éblouissant.... Je célèbre les eaux ,
■ s» les terres, les arbres ; cette terre qui
» est pure, le vent pur ...Que Taschter,
33 astre éclatant de lumière et de gloire.
_ v-y-—j — Y' *x f nuiur< «un mngjixm
*;,**■ «• p. 214. Et Ibn. Phacreddm Angjou. præf.
lib. Pharh. Gihânghîri.
w  de»p- 9®, 154.
(3) Ibid. p. îot.
(4 ) IhicL p . 12.5.
(5) Cedrenus. p. 411.
Relig. Urtiv. Tome J.
(6)Hyd. p. I J-
(7,) Chroni. Alax, p. 26.
(8) Sonncrat. Voyage de l’Inde > 1.1 ,1 .
p. 107.
. m Amjuetil, Zend-Arest. 1 .1 , part. 2 , p. 8S»
87, fit*.
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